Bruno Retailleau, un candidat crédible à la primaire LR ?

Jacques Witt/SIPA

Dans la course à la présidence des Républicains, le troisième candidat à se lancer pourrait bien être Bruno Retailleau. Après avoir longtemps joué les seconds rôles, le patron des sénateurs LR veut incarner un juste milieu entre la ligne sécuritaire d’Eric Ciotti et celle sociale d’Aurélien Pradié.

Depuis quelques années, Bruno Retailleau aspire à jouer les premiers rôles sans oser se jeter à l’eau

Selon Le Figaro, une candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains serait imminente. Actuellement président du groupe LR au Sénat, c’est une personnalité qui compte à droite. Il avait été le premier lieutenant de François Fillon lors de la présidentielle de 2017 et c’est un des rares à lui être resté fidèle jusqu’au bout. Depuis quelques années maintenant, le Vendéen aspire à jouer les premiers rôles sans oser se jeter à l’eau. A la dernière primaire pour la présidentielle, par exemple, il avait jugé trop risqué de se mesurer à Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, contrairement à Eric Ciotti. Pour la présidence du parti, il a pensé que Laurent Wauquiez l’emporterait et il souhaitait sa candidature. La décision du président d’Auvergne-Rhône-Alpes de ne pas y aller a changé la donne et a convaincu Bruno Retailleau d’être sur les rangs. Il devrait annoncer officiellement sa candidature à la fin de la semaine, à la veille de l’université d’été des jeunes LR.

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Eric Ciotti et Aurélien Pradié sont déjà dans la course. Puisqu’il y aura une élection en décembre pour élire le successeur de Christian Jacob, il est normal et même sain qu’il y ait plusieurs candidatures. Mais le spectre d’une nouvelle guerre fratricide reste une hantise à droite. Si Retailleau y va, d’autres figures de droite qui hésitaient à se lancer iront soutenir le patron des sénateurs LR. Je pense au maire de Cannes David Lisnard, président des maires de France, ou au député européen François-Xavier Bellamy. Il est probable en revanche qu’Eric Ciotti, fort de son succès inattendu à la primaire de la présidentielle, continue jusqu’au bout, de même que le secrétaire général du parti Aurélien Pradié, qui veut incarner la relève à droite.

Bruno Retailleau pourrait rassembler et incarner l’unité d’un parti déjà considérablement affaibli

Puisque d’aucuns à droite redoutent un fort antagonisme entre la ligne sécuritaire de Ciotti et la ligne sociale de Pradié, Bruno Retailleau pourrait rassembler et incarner l’unité d’un parti déjà considérablement affaibli. Un duel Retailleau-Ciotti, s’il représenterait un duel entre deux lignes de droite, n’aurait rien de surprenant dans un parti qui se dit de droite et pourrait satisfaire les adhérents. Dans les deux cas, la ligne serait celle d’une opposition claire et assumée à Emmanuel Macron. D’ailleurs, les membres de LR qui souhaitaient un rapprochement avec la majorité l’ont déjà rejointe. Au-delà d’un simple curseur gauche-droite, Ciotti s’identifie principalement aux questions de sécurité et d’immigration, là où Retailleau défend un libéralisme et un réformisme assumé. Mais quel que soit l’élu, l’enjeu pour LR est de redonner un sens à la droite. Celle-ci ne survivra pas en se définissant en creux comme ni Macron, ni Le Pen.

Guillaume Tabard

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