Raymonda annulé : le Ballet de l’Opéra de Paris « très mobilisé » contre la réforme des retraites

La mobilisation contre la future réforme des retraites se poursuit, y compris dans les institutions culturelles concernées par la fin des régimes spéciaux : l’Opéra et la Comédie-Française. Une dizaine de spectacles ont été annulés, un phénomène qui va se poursuivre cette semaine, avec la suppression de Raymonda ce mardi 10 décembre.
Sophie Paolini a recueilli pour Radio Classique le témoignage d’un danseur étoile, Germain Louvet.

« Sans ce régime spécial de retraite, on perdrait l’excellence du Ballet de l’Opéra de Paris »

« Le Ballet, les techniciens et les éclairagistes sont très mobilisés », explique le danseur étoile Germain Louvet, qui a intégré le corps de Ballet de l’Opéra de Paris en 2001. Il se mobilise pour le maintien du régime spécial de l’Opéra, qui date de 1698, l’un des plus anciens de France. Il a manifesté jeudi 5 décembre à Paris, aux côtés de centaines de milliers de personnes mobilisées en France, pour protester contre la fin des régimes spéciaux de retraites. « Si cette caisse de retraites qui date de Louis XIV a été créée, ça a un sens » estime Germain Louvet, expliquant « qu’un corps qui danse et qui travaille au quotidien de manière athlétique, c’est un corps qui est marqué, qui subit des opérations, des contusions, des entorses des fractures ». Pour lui, « sans ce régime spécial de retraite, on perdrait l’excellence du Ballet de l’Opéra de Paris ».

Ecoutez le témoignage de Germain Louvet, au micro de Sophie Paolini

 

 

Le ballet Raymonda de nouveau annulé

Après l’annulation de Raymonda hier soir à Bastille, la représentation de ce soir est aussi supprimée, pour la sixième fois depuis le début du mouvement.

Un autre spectacle de l’Opéra de Paris, prévu hier, lundi 9 décembre,  au musée d’Orsay a aussi fait les frais de la mobilisation des personnels, et le spectacle d’Angelin Preljocaj, Le Parc, donné au Palais Garnier, a lui aussi été annulé.

 

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Pas de régimes spéciaux pour les opéras régionaux, comme Nice, Bordeaux ou Toulouse

120 danseurs étaient en grève le 5 décembre sur les 154 que compte le Ballet, selon les chiffres donnés à l’Agence France Presse par Alexandre Carniato, danseur et élu à la Caisse des retraites de l’Opéra de Paris. Formés dès l’âge de 8 ans, ce qui est une exception en France, ils partiront à la retraite à 42 ans, après une carrière marquée par des horaires hors norme (de 9h à 23h dès 16 ans). Le régime spécial des danseurs de l’Opéra de Paris tient compte de la pénibilité du métier, des risques de blessures et de fin de carrière prématurée, mais il ne s’applique pas aux opéras régionaux.
Certains dénoncent la précarité qui règne dans les autres corps de ballet, comme à Nice, Bordeaux ou Toulouse.

 

Béatrice Mouedine

 

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