Les « millennials » très optimistes sur les rendements financiers
Alors que les taux négatifs deviennent monnaie courante sur les marchés obligataires, les investisseurs particuliers s'attendent en moyenne à des rendements annuels supérieurs à 10 %, selon une étude réalisée par Schroders auprès de 25.000 investisseurs dans le monde.
Par Bastien Bouchaud
Les particuliers ont des attentes élevées pour leurs investissements financiers. Ils espèrent obtenir un rendement annuel de 10,7 % en moyenne, montre une enquête exclusive réalisée par le gérant britannique Schroders auprès de plus de 25.000 particuliers dans le monde. Et leurs attentes sont d'autant plus élevées qu'ils sont jeunes. Les « millennials » (âgés de 18 à 37 ans) pensent ainsi obtenir des rendements supérieurs de 11,7 % en moyenne, contre 7,5 % pour les « baby-boomers » (51 à 70 ans). Un niveau inférieur à la performance de l'indice MSCI World depuis le début de l'année (+13 %), mais cette bonne performance intervient après une année 2018 particulièrement difficile (- 10,4 %).
Deux raisons peuvent expliquer ces attentes différentes. D'une part, les investisseurs plus âgés ont tendance à prendre moins de risques, or le rendement espéré est toujours une fonction du risque sur les marchés financiers. Les millennials s'inquiètent davantage que leurs aînés de ne pas prendre suffisamment de risques dans leurs investissements. D'autre part, les particuliers arrivés sur les marchés financiers depuis la crise de 2008 ont profité de la bonne performance des indices boursiers ces dernières années. Entre 2008 et 2018, l'indice MSCI World a grimpé de 11,3 % par an. Mais sur la période 2007 à 2017, la performance de l'indice revient à seulement 6,3 % par an.
Ralentissement de long terme
« Le krach boursier a donné lieu par la suite à dix ans de rendements élevés », souligne Schroders. « Ce pourrait être l'une des raisons des anticipations de rendement excessives, les investisseurs s'attendant à ce que cette tendance se poursuive. » Une hypothèse forte alors que les craintes de récessions se font plus présentes. D'autant que « des tendances comme le vieillissement de la population, la faiblesse de l'inflation et les faibles taux de productivités » présagent d'un ralentissement de la croissance économique sur le long terme, estime Schroders.
Bonne nouvelle pour les gestionnaires d'actifs : la plupart des particuliers ne blâment pas les gérants face à des rendements inférieurs à leurs attentes. Interrogés sur les raisons pour lesquelles leurs investissements n'ont pas produit les résultats escomptés au cours des dernières années, les particuliers s'estiment eux-mêmes fautifs, pour divers motifs (attentes excessives, mauvais timing, prise de risque insuffisante…). De quoi mettre un peu de baume au coeur des gérants alors que les investisseurs continuent de privilégier la gestion passive .
Bastien Bouchaud