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Au vaccinodrome de Toulouse, des centaines d'étudiants à la manoeuvre

REPORTAGE// A Toulouse, un vaccinodrome fonctionne grâce à la mobilisation de centaines d'étudiants. Certains suivent un cursus en santé, d'autres pas. Une expérience qui fait naître des vocations...

Cet emploi permet aux étudiants mobilisés de générer des revenus et de rencontrer de nouvelles personnes.
Cet emploi permet aux étudiants mobilisés de générer des revenus et de rencontrer de nouvelles personnes. (Georges Gobet/AFP)
Publié le 6 mai 2021 à 11:56Mis à jour le 6 mai 2021 à 12:20

A la sortie du hall 8, l'ancien parc des expositions de Toulouse, les patients souvent âgés repartent avec le sourire. Dans cet immense vaccinodrome, ce sont des étudiants qui font le boulot. Le patron du centre de vaccination est très fier de ses « pioupious », comme ils s'appellent entre eux, des étudiants pas forcément tous en santé. Ils accueillent, guident, remplissent les dossiers, préparent les doses et piquent les patients. « Une organisation unique en France », souligne le professeur Vincent Bounes, le boss du Samu 31.

« Le vaccinodrome, c'est un peu mon bébé », confie celui qui a pu ouvrir fin mars ce centre « avec 90 % d'étudiants et un seul médecin ». Début mai, le site toulousain réalise 2.300 injections par jour et devrait monter à 3.000 doses d'ici peu.

Dès le début de la crise sanitaire, le patron du Samu avait décidé de s'appuyer sur des étudiants pour faire face à la masse d'appels téléphoniques. Devant la réactivité et la motivation de cette jeune troupe, le professeur Bounes choisit d'en recruter plus d'un millier pour monter le premier vaccinodrome de la ville rose.

Révélateur de vocation

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« Ca fait déjà un mois que je suis là et c'est une révélation. Le contact avec les patients me plait énormément. Le Covid m'a fait cogiter », explique Loïc Miegemolle, en deuxième année de mathématiques. Le jeune homme de 19 ans a décidé de se réorienter en médecine.

Il porte une tenue blanche du Samu et par dessus, une chasuble jaune, qui distingue 'les référents'. En à peine un mois, il a gravi les échelons pour être 'cadre'. Sa mission : aider « les pioupious en chasuble bleue » à remplir les dossiers d'admission ou de Sécurité sociale.

Théa Labret, petite brune frisée au visage rieur qui « vient de réussir son passage en 2e année de médecine », fait partie des 'bleus'. Ce mercredi, elle met à jour les dossiers des patients qui ont reçu leur dose. En mars, elle a répondu à un mail de la faculté qui proposait « une formation socle » pour rejoindre le vaccinodrome. Un moyen de rompre la solitude, confie-t-elle. « Personnellement j'étais très isolée, je venais de terminer mes examens et je cherchais un job », rapporte la jeune femme de 18 ans, ravie d'avoir décroché un travail payé au dessus du Smic. « On a tous été confinés pendant huit mois, la plupart nouveaux en ville, et on ne s'était pas fait d'amis. Et là, en une semaine, on a fait plus de rencontres qu'en huit mois », poursuit-elle.

A quelques tables d'elle, Sophie Ladurée, 22 ans, exécute la même tâche. La jeune femme n'est pas étudiante en santé mais en master 2 de Génie Civil. « J'avais envie d'aider pendant cette crise et j'avais besoin de gagner un peu d'argent », détaille-t-elle. Elle aussi apprécie le fait de retrouver une vie sociale, en plus de se confronter à un univers professionnel inconnu.

L'envers du décor

Ahlam, 22 ans, en quatrième année de pharmacie est l'un des deux 'référents de sites'. Cette énergique jeune femme se dirige vers une table où une jeune fille à l'enregistrement des dossiers a levé un carré bleu. « Le patient a une assurance américaine et n'est pas à la sécu », dit-elle. Le problème est rapidement résolu.

L'organisation est cloisonnée, encadrée par quelques pompiers et personnels du Samu, digne d'un hôpital de campagne. « On s'améliore de jour en jour et c'est probablement plus facile d'évoluer avec des étudiants », remarquent des 'cadres'.

En partant, François et Elisabeth Guezou, 73 et 80 ans, donnent le ton. « L'accueil est très sympa, les jeunes sont très présents, on sent que l'on est accompagné », assure le septuagénaire. « Une petite jeune femme nous a même installé anticovid (TousAntiCovid) sur le téléphone », ajoute Elisabeth en brandissant son portable.

AFP

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