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Décryptage

Financement : la BEI émet 100 millions d'euros d'obligations sur la blockchain

Cette grande première a notamment mobilisé la Banque européenne d'investissement, la Banque de France et Société Générale. Elle a été effectuée dans le cadre d'un programme d'études sur la future création d'un euro numérique. Les titres émis possèdent les mêmes caractéristiques que des obligations classiques.

L'émission de dette de la BEI, réalisée sur la blockchain Ethereum, constitue une innovation remarquée.
L'émission de dette de la BEI, réalisée sur la blockchain Ethereum, constitue une innovation remarquée. (Eric Vidal/REUTERS)

Par Guillaume Benoit

Publié le 30 avr. 2021 à 13:45Mis à jour le 30 avr. 2021 à 17:44

C'est une émission obligataire très particulière qui s'est tenue jeudi dernier. L'emprunteur, la Banque européenne d'investissement , est un acteur récurrent du marché. Les investisseurs qui ont acheté les titres, des investisseurs traditionnels. Et le livre d'ordres a été tenu par trois banques, Société Générale, Santander et Goldman Sachs, rompues aux syndications obligataires.

Mais, pour la première fois, les 100 millions d'euros de titres levés par la BEI ont été placés sur une blockchain. La transaction a été entièrement effectuée en utilisant le réseau technologique Ethereum, celui de la monnaie virtuelle ether. Et avec une monnaie digitale expérimentale fournie par la Banque de France.

Le montant est symbolique par rapport au programme de financement 2021 de la BEI, de plus de 60 milliards d'euros. L'objectif est autre : il s'agit de montrer la faisabilité d'une opération reposant sur des titres numériques (« securities tokens »), tout en présentant exactement les mêmes caractéristiques qu'un emprunt obligataire classique. Avec à la clé, un gain de temps - et d'argent. « La technologie est révolutionnaire », a déclaré à Bloomberg, Richard Teichmeister, de la BEI. « C'est un peu comme si on assistait au développement d'Internet et que quelqu'un venait d'envoyer le premier e-mail. »

Tout numérique

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Il y a déjà eu par le passé, quelques émissions « test » de titres numériques réalisées par des banques, le plus souvent en interne. Mais il s'agit cette fois d'une opération ouverte de grande envergure. « Ce qui est significatif avec cette transaction, c'est son niveau de standardisation, explique Jean-Marc Stenger chez Société Générale Forge, la filiale de la banque en charge du développement des produits financiers numériques sur la blockchain. Nous avons pu créer et placer ce titre auprès des investisseurs dans des conditions de marché tout à fait comparables à celles des émissions obligataires. »

Surtout, toute l'opération a été réalisée sous format numérique. Le titre émis est un titre numérique - un jeton ou « token » - et les opérations de paiement et de règlement livraison se sont également déroulées par la blockchain. C'est là qu'est intervenue la Banque de France en mettant à disposition des participants une « monnaie numérique de banque centrale (MNBC) » qui a apporté un haut niveau de sécurité au paiement.

Précurseur de l'euro numérique

L'émission de la BEI s'inscrit en effet dans le contexte d'un appel à candidatures lancé l'an dernier par la banque centrale française pour étudier les utilisations possibles et l'intérêt d'une MNBC. Ce programme s'inscrit dans le cadre plus vaste des travaux de l'Eurosystème sur la création d'un euro numérique.

« Concrètement, les banques ont versé les fonds sur un compte en euro de la Banque de France tout à fait classique », décrit Jean-Marc Stenger. Les euros ont été « convertis » en MNBC le temps de la transaction et de la livraison des titres. « La MNBC a ensuite été reconvertie en euro sur le compte de la BEI », poursuit le banquier. Les souscripteurs ont donc acheté en euros un titre libellé en euros.

Rapidité

Grand avantage de l'opération : la rapidité de l'émission et du règlement livraison des titres. Lequel a pris une poignée de minutes, contre 2 ou 3 jours ouvrés via des infrastructures de marché classiques. La prochaine phase, imminente, est d'organiser le marché secondaire de ces titres sur Ethereum, avec l'utilisation d'une MNBC.

Le remboursement, lui, se fera par des voies plus traditionnelles. La MNBC émise par la Banque de France est expérimentale et prévue pour un an. Seule la BCE a le pouvoir d'émettre de façon pérenne une devise électronique. Or , l'euro numérique ne sera pas disponible avant 2025. Les obligations numériques ayant une maturité de deux ans elles seront donc remboursées en cash.

Guillaume Benoit

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