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Dette : les taux italiens restent sous pression

La spéculation a repris sur la dette italienne. L'écart de taux avec la dette allemande, jugée beaucoup plus sûre, s'est creusé. Les marchés craignent toujours une dérive budgétaire.

Dette : les taux italiens restent sous pression

Par Pierrick Fay

Publié le 14 août 2018 à 16:25Mis à jour le 29 août 2018 à 18:17

Y'aura-t-il, en août, une attaque des spéculateurs contre la dette italienne ? Non, jugeait lundi le vice-président du Conseil Luigi di Maio qui ne voyait « aucun risque concret que ce gouvernement soit attaqué. C'est davantage un espoir de l'opposition ».

Oui sans doute, estimait, la veille, Giancarlo Giorgetti, sous-secrétaire à la présidence du Conseil, qui au regard de la situation en Turquie, n'excluait pas « des initiatives agressives » de la part de « fonds spéculatifs affamés qui choisissent leur proie et fondent sur elle ». Les deux membres de la coalition s'accordaient pour dire que le pays aurait les moyens de se défendre.

En fait, la spéculation contre la dette italienne semble déjà de retour. Lundi, les taux italiens à dix ans sont repassés nettement, pour la première fois depuis le 8 juin, au-dessus de 3 %, à 3,10 %. Même s'ils se sont détendus depuis, ils restent proches des niveaux atteints fin mai, lorsque les marchés s'inquiétaient de la mise en place du gouvernement eurosceptique mené par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles.

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« La spéculation est déjà repartie sur les actifs italiens » remarque Stéphane Déo à La Banque Postale AM qui rappelle qu'en quelques semaines le spread (l'écart de taux) entre le rendement des emprunts d'Etat à 10 ans allemand et italien est passé de 210 points de base à 280 points. « Il a gagné 70 points de base depuis fin juin, ce qui est conséquent ». Depuis le 17 juillet, les taux italiens ont aussi bondi de 57 points de base quand le Bund a profité de son statut de valeur refuge.

Peu de liquidité sur le marché

Que s'est-il passé ? Stéphane Déo voit deux explications : D'abord, « il y a très peu d'intervenants sur le marché et donc très peu de liquidité, à l'image de ce qu'il s'était produit en mai dernier. D'un côté, cela signifie qu'il est difficile de déduire ce que pense le marché de la dette italienne, mais dans le même temps, la faible liquidité fait que le marché peut rapidement s'ajuster ».

Ensuite, les marchés sont « de plus en plus prudents », alors que les tensions en Turquie ont provoqué un mouvement de nervosité en Bourse. En témoignent « les tensions sur les CDS (crédit default swap, une sorte d'assurance contre les défauts) des banques, alors que les banques italiennes sont assez peu exposées à la Turquie. C'est symptomatique d'un mouvement général d'aversion au risque qui est en train de monter ».

Aurel BGC rappelait d'ailleurs que « d'un point de vue économique, l'Italie reste un dossier bien plus préoccupant que la Turquie, qui pèse peu dans les échanges de la zone euro ».

Un budget qui inquiète

Si les taux se sont détendus depuis lundi, la nervosité ne devrait pas disparaître autour de la dette italienne. « Son montant est trop élevé par rapport au PIB », rappelle Stéphane Déo. « Mais il restait gérable avec une politique budgétaire raisonnée. Le problème, c'est que l'on ne sait pas ce que le nouveau gouvernement italien veut faire. Durant la campagne, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles ont promis un peu tout et n'importe quoi et cela peut vite dégénérer dans une situation où le niveau de dette sur PIB ne serait plus tenable ».

Si le gouvernement devait lâcher la corde budgétaire lors de la présentation de son budget 2019 en septembre, il pourrait y avoir « un mouvement de panique sur la dette italienne comme en 2011-2012. Une panique auto entretenue, car la hausse des taux augmenterait la charge de la dette, ce qui rendrait les marchés plus nerveux. Ils demanderaient alors une prime de risque plus importante, ce qui pèserait sur les taux italiens, etc. »

L'ombre tutélaire de la BCE, qui continue d'acheter chaque mois 30 milliards d'emprunts des Etats de la zone euro, agit encore comme un frein à la spéculation. Mais en cas de tensions entre l'Italie et l'Union européenne sur les questions budgétaires, certains spéculateurs pourraient être tentés de tester la détermination de la banque centrale.

Pierrick Fay

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