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Série

« J'ai surmonté le grand écart entre ma carrière et ma vie de mère »

« Elles explosent un double plafond de verre », épisode 3/4 - Des femmes brillantes issues de la diversité ont pu libérer tout leur potentiel grâce au mentorat*. Rencontre avec Imène Khiat, contrôleuse de gestion chez Engie, et sa mentor Ning-Ly Seng, Avocat à la Cour, Peltier Juvigny Marpeau & Associés.

Imène Khiat, contrôleur de gestion chez Engie, avec son mentor Ning-Ly Seng, avocate
Imène Khiat, contrôleur de gestion chez Engie, avec son mentor Ning-Ly Seng, avocate (Renaud Khanh)

Par Coralie Custos-Quatreville, journaliste bénévole au Club 21e siècle

Publié le 15 avr. 2021 à 18:00Mis à jour le 13 févr. 2023 à 16:18

Cela fait à peu près 10 ans qu'Imène Khiat évolue dans le trading et la finance. Les courbes, les chiffres et les algorithmes sont son quotidien. En 2017, Imène attend un heureux évènement. Le questionnement (trop souvent) classique de savoir si elle pourra allier carrière et vie de famille fait son chemin. « J'ai pensé qu'il me fallait de l'aide car après la naissance de mon enfant, j'ai dû changer de poste et je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour continuer à progresser au sein du groupe », se souvient la jeune femme. Il se trouve qu'Engie participe au programme de mentorat féminin Revel@HER, conçu par le Club 21e siècle. Elle suit quelques formations et surtout les conseils de celle qui allait la suivre pendant près d'un an, Ning-Ly Seng.

« C'est ce qu'on appelle un excellent matching ! »

Ning-Ly vient d'avoir 40 ans et est avocat à la Cour, spécialisée en droit de la concurrence. Imène, 34 ans, évolue dans le secteur des énergies. La première travaille place de l'Opéra, la seconde à La Défense. Rien n'appelait au croisement de leurs deux trajectoires. Sauf que ces deux-là se sont construites pas-à-pas dans un monde professionnel qui ne leur était pas prédestiné. Toutes les deux ont eu également envie d'une vie de famille épanouie. « C'est ce qu'on appelle un excellent matching ! », répètent-elle en coeur.

Ning-Ly Seng, Avocat à la Cour

Ning-Ly Seng, Avocat à la CourRenaud Khanh

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« Je me souviendrai toute ma vie de notre première rencontre, raconte Ning-Ly Seng, la mentor. Tu étais timide sans l'être. On avait tellement de points communs, il y avait tant de similitudes dans nos parcours qu'il était impossible de ne pas s'entendre. » Mais confinement oblige, aux rendez-vous studieux et conviviaux, se substituent les appels téléphoniques. Le mentorat à distance commence en mars 2020. « Dès le début, Ning-Ly et moi, on s'est mises d'accord sur le fait que l'éloignement ne changerait rien au programme. Tout ce qu'on se dirait par téléphone resterait entre nous. C'était plus qu'un protocole, c'était un pacte. »

« Des petits messages encourageants »

Ning-Ly a elle-même bénéficié d'un programme international de mentorat féminin alors qu'elle devenait mère pour la première fois. « J'ai pris conscience des bénéfices qu'il y avait à tout simplement partager ses expériences, entre femmes notamment, et j'ai peu à peu appris à croire en mes capacités à assumer pleinement mes responsabilités familiales tout en menant de front ma carrière. La comparaison avec les moeurs d'autres pays était d'ailleurs très intéressante. J'en garde un excellent souvenir, en particulier de l'énergie collective qui s'en dégageait » souligne l'avocate.

Ning-Ly participe à divers programmes de mentorat mais coacher une femme issue de la diversité représente un plus grand défi. En réalité, ce sont ces doutes souvent partagés qui vont rapprocher encore plus les deux jeunes femmes. Pendant plusieurs mois, elles vont grandir, construire, s'écouter et échanger des conseils concrets sur des situations professionnelles « bloquantes » mais aussi des « tips » bien à elles pour mener sereinement une vie de famille. « Ning-Ly m'envoyait des petits messages encourageants, je lui répondais spontanément entre les rendez-vous, les courses au supermarché ou encore les balades au parc. Puis, on faisait nos points mensuels. »

Imène Khiat, contrôleuse de gestion

Imène Khiat, contrôleuse de gestionRenaud Khanh

Le bilan, positif pour les deux professionnelles, ne fait pas de doute. « J'ai fait un grand travail introspectif pour identifier quelles étaient mes forces, afin de capitaliser là-dessus et les valoriser. J'ai appris que tout était possible, à condition de prioriser ses combats », lâche Imène. Quant à Ning-Ly Seng, elle se dit « impressionnée par la force tranquille qui se dégage d'Imène et sa capacité à avancer quoi qu'il arrive. Elle analyse les situations avec une très grande précision et se soucie systématiquement des personnes qui l'entourent. Elle fera une incroyable leader, c'est certain ».

Pour l'avocate, être mentor ne consiste pas à trouver des solutions clés en main aux problèmes rencontrés par les mentees. « C'est surtout beaucoup d'écoute et l'envie permanente de les orienter pour qu'elles trouvent elles-mêmes leurs réponses ».

*le programme Revel@HER créé par Ingrid Bianchi et Florence Bourjij au sein du Club 21e siècle, souhaite lutter contre le double plafond de verre qui freine la promotion des femmes issues de la diversité en entreprise. En sélectionnant un mentor qualifié, le programme est construit autour de l'évolution professionnelle, la déconstruction des préjugés et l'apprentissage du leadership. Le Club 21e siècle est un partenaire (non commercial) choisi par la rédaction des Echos START.

SERIE « Elles explosent un double plafond de verre »

Episode 1 : « L'incompréhension des codes de l'entreprise m'empêchait d'avancer »

Episode 2 : « Comment j'ai anticipé le fameux plafond de verre »

Episode 3 : « J'ai surmonté le grand écart entre ma carrière et ma vie de mère »

Episode 4 : « L'uniformité des exemples de réussite avait réduit mon champ des possibles »

Coralie Custos-Quatreville, Journaliste bénévole au Club 21e siècle

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