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“Comment je suis passé des tableaux Excel aux crèmes solaires écolos”

TÉMOIGNAGE // Après un cursus en ingénierie, Hadrien Collot a préféré vivre pleinement sa passion : la nature. A seulement  25 ans, il lance sa startup de crèmes solaires écologiques.

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Hadrien, 25 ans, a créé NIU, une crème solaire écolo. (Mustafa Antoine)
Publié le 25 avr. 2019 à 14:04Mis à jour le 25 avr. 2019 à 14:17

“Je m’appelle Hadrien et je suis entrepreneur. Mais avant ça, je suis un grand passionné de nature et d’apnée. Une passion qui m’a amené jusqu’à Rennes pour y étudier l’environnement en école d’ingénieurs, et à faire pas mal de stages très exigeants. Le tout avec un salaire à l’embauche prometteur et un bureau à Paris, le rêve… ou pas.

Pour moi, c’était surtout déprimant. J’avais l’impression de ne servir à rien, hormis faire des tableaux Excel et du greenwashing. La nature me manquait tellement que sur la paroi qui me séparait du bureau d’à côté, j’avais scotché une photo de l’océan à travers une petite fenêtre. J’ai alors réalisé qu’il était temps de vivre pleinement ma plus grande ambition : inventer de vraies solutions durables pour construire le monde de demain.

“Sortir du moule”

Mais se lancer dans l’entrepreneuriat en France, ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Je n’ai jamais été vraiment à l’aise sur les bancs de l’école, et jusqu’en études supérieures j’ai toujours été en marge du système. Si on ne rentre pas dans le moule, on nous prévient vite qu’on arrivera à rien plus tard ! Et pour couronner le tout, j’ai redoublé quelques classes. A mes yeux, l’échec dans notre pays n’est pas vu comme une occasion de rebondir, mais comme une faiblesse. Ce n’est pas le système qui est mal fait, c’est vous qui n’êtes pas compatible…

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J’ai tenu. Sauf qu’au moment de me lancer, à la fin des études, ce sont les amis et la famille qui viennent mettre leur grain de sel. Il faut d’abord trouver un travail, économiser, ne pas prendre de risques. Et puis “ce ne sont pas des gens comme toi qui réussissent”, mais les Elon Musk et autres Zuckerberg.

A cette époque, j’ai eu un reflex qui m’a sauvé : je me suis entouré d’autres entrepreneurs. Et là, le discours que j’ai entendu était complètement différent : on rencontre enfin des personnes qui pensent que les choses sont toujours possibles, si l’on y est beaucoup de soi et d’envie. Des afterworks, des conférences, des salons… Je développais mon réseau pour avoir un maximum de retour d’expérience et mettre toutes les chances de mon côté pour réussir du premier coup.

Des débuts compliqués

D’ailleurs, mon plus grand soutien va vous faire sourire. Ma grand-mère, à 80 ans passés, a pris part à l’aventure dès le début. Elle m’a offert un coin de chez elle comme premier bureau, et a découvert le monde de l’innovation. Mes journées de folie se terminaient parfois avec un article sur une startup locale découpé dans les journaux, posé sur mon bureau à côté de quelques petites choses à grignoter. Une mamie vaut tous les incubateurs du monde.

Finalement, après un premier essai qui n’a pas abouti avec un meilleur ami d’enfance et sa sœur, j’ai continué avec Corentin. Un an de travail plus tard, NIU était née. Une crème solaire écologique, technique et engagée basée sur un business model plus vertueux. Cela ne s’est pas fait sans obstacles : notre première banque nous a claqué la porte au nez (il semblerait que “soutenir l’innovation” voulait dire “seulement avec un bon chiffre d’affaires” !). La marché des cosmétiques quant à lui ne voit pas d’un bon œil le fait que l’on vienne casser les codes et éduquer sur la réalité de ce que contiennent nos produits du quotidien.

Mais nous y sommes arrivés et tout démarre très fort pour nous (et NIU !). Les entrepreneurs sont les nouveaux explorateurs, j’en suis convaincu”.

Hadrien Collot

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