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Elections en Allemagne : les sociaux-démocrates en tête, devant les conservateurs de la CDU-CSU

La gauche a recueilli 25,7 % des voix, selon des résultats provisoires des élections législatives annoncés ce lundi matin. Elle devance d'une courte tête l'Union CDU-CSU, qui garde néanmoins l'espoir de former une coalition autour d'elle. Les tractations pourraient durer plusieurs semaines.

L'incertitude règne toujours sur le visage de la future coalition.
L'incertitude règne toujours sur le visage de la future coalition. (David GANNON/AFP)

Par Ninon Renaud

Publié le 26 sept. 2021 à 18:45Mis à jour le 27 sept. 2021 à 08:42

L'après-Merkel se dessine un peu plus. Selon un décompte officiel provisoire, annoncé ce lundi par la commission électorale fédérale, le parti social-démocrate a remporté les élections législatives en Allemagne avec 25,7 % des suffrages. Le camp conservateur de la CDU-CSU recueille de son côté 24,1 % des voix, tandis que les Verts arrivent en troisième position avec 14,8 % suivis par le parti libéral FDP avec 11,5 %.

En chute de plus de 8 points en quatre ans, la CDU réalise le plus mauvais score de son histoire. Mais la fragmentation du paysage politique est telle qu'elle promet de tenir le pays en haleine un certain temps avant qu'un chancelier ne s'impose.

Un petit effet Angela Merkel

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La mobilisation de la chancelière , qui s'est affichée par trois fois en cinq jours aux côtés du candidat chrétien-démocrate Armin Laschet, a permis à son parti de combler in extremis l'écart creusé par le SPD. La menace d'un virage à gauche a visiblement mobilisé la base de la CDU-CSU. « La structure électorale en Allemagne est conservatrice et caractérisée par une aversion pour les bouleversements, souligne Wolfgang Merkel, professeur de politique comparée et de recherche sur la démocratie à l'Université Humboldt de Berlin. Face à une décennie de changements liés au climat, les Allemands souhaitent globalement une politique de lutte contre la crise climatique, mais les réformes ne doivent pas être trop radicales et ne doivent pas trop interférer avec leur propre mode de vie. »

Le coup de pouce d'Angela Merkel, encore présente aux côtés d' Armin Laschet ce dimanche soir, n'a cependant pas suffi à enrayer la dégringolade de la CDU-CSU. Alors qu'il visait les 30 % pour éviter toute sortie de route, Armin Laschet a reconnu au siège du parti, la Konrad-Adenauer Haus à Berlin, qu'il « ne pouvait se satisfaire d'un tel résultat ». Celui-ci risque de coûter cher au candidat chrétien-démocrate si son rival social-démocrate, le vice-chancelier Olaf Scholz , creuse encore l'écart.

VIDEO - Elections : l'Allemagne entre dans une période d'incertitude

Une dernière bourde d'Armin Laschet

Il faut dire que le candidat de l'Union CDU-CSU a accumulé les bourdes . Elles ont fait douter, jusqu'au sein de son parti, les aficionados d'Angela Merkel. Dimanche, le Premier ministre de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a inséré son bulletin de vote mal replié dans l'urne en mai, laissant voir aux caméras qu'il avait inscrit deux croix pour la CDU alors que le vote doit être tenu secret.

Le président de la commission électorale, Georg Thiel, a relativisé l'événement, considérant sur Twitter que le bulletin d'Armin Laschet pouvait être considéré comme valide. La bévue a néanmoins fait la une des sites internet des médias et valu au premier ministre de Rhénanie-du-Nord-Westphalie des commentaires moqueurs sur les réseaux sociaux.

Le FDP, faiseur de roi

Le résultat du scrutin « exprime le refus d'un gouvernement de gauche », veut encore croire le président de la CSU (alliée de la CDU) Markus Söder. Le président des libéraux Christian Lindner aussi, qui voit dans les résultats électoraux de dimanche soir le souhait des Allemands de faire émerger un « gouvernement au centre ». Il n'a cependant pas exclu de négocier une coalition avec le SPD et les Verts. A moins que le SPD et la CDU-CSU se résignent à refaire alliance, Christian Lindner devrait ainsi être le faiseur de roi du prochain chancelier, au même titre que les Verts.

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Le président du FDP et le coprésident des Verts, Robert Habeck ont d'ailleurs évoqué dimanche soir la possibilité que leurs deux partis discutent ensemble avant d'entamer des négociations avec la CDU-CSU ou le SPD.

« Un grand succès » pour le SPD

S'il conforte son avance, Olaf Scholz sera néanmoins en bonne position pour négocier le premier une coalition. Alors qu'il avoisinait les 15 % d'intentions de vote en juin, le SPD peut se targuer d'avoir fait une remontée fulgurante au point d'améliorer son score de plus de cinq points en quatre ans. Cette progression « est un grand succès », a commenté Olaf Scholz. Elle montre que « beaucoup de citoyens veulent un changement et souhaitent qu'Olaf Scholz soit le prochain chancelier », a-t-il déclaré, sourire aux lèvres, sous les applaudissements de ses partisans réunis au siège berlinois du parti, la Willy Brandt Haus.

Comme le FDP, les Verts n'excluent aucune alliance mais leur candidate, Annalena Baerbock n'a jamais caché sa préférence pour les socio-démocrates. Elle a d'ailleurs souligné l'aspiration au changement des électeurs allemands. Tout en reconnaissant ses erreurs, qui ont coûté au parti écologiste la deuxième et la première place du scrutin, la quadragénaire a souligné qu'il s'agissait du meilleur score de l'histoire des Verts. « Ce pays a besoin d'un gouvernement du climat », a-t-elle conclu.

Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)

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