Art Basel : retour en force pour la plus grande foire d’art contemporain au monde

Comme toujours, le rez-de-chaussée du hall d’Art Basel ressemble à un musée d’art moderne tant les exposants ont choisi des œuvres historiques du XXe siècle. Landau, par exemple, réussit le pari de réunir une incroyable nature morte de Marc Chagall (1914), deux têtes abstraites d’Alexej von Jawlensky (1933), un grand marbre représentant la lune d’Henri Laurens (1946) et une grande composition de cavaliers de Marino Marini (1960) près de cette vue fauve de Londres d’André Derain (1907).

Peut-être encore plus présent que d’habitude, le goût expressionniste allemand règne un peu partout. Dans ce portrait d’un pêcheur et sa fille d’Emil Nolde (1946) à la galerie Thomas, dans le grand Traudel de A.R. Penck (1976) et l’autoportrait de Jörg Immendorff (1991) chez Michael Werner ou le très rouge Übertage de Neo Rauch (2010) chez David Zwirner. La violence du trait et la stridence des couleurs.

Parmi les arrivées remarquées ces dernières années et particulièrement fortes pour cette édition, celles de la céramique et de la tapisserie. Pour la première, notons d’abord les personnages torturés et vernissés de Lucio Fontana (galerie Karsten Greve) et les vaisselles rugueuses de Masaomi Yasunaga (Lisson Gallery). Pour la seconde, parmi d’innombrables exemples, les créations textiles de Sheila Hicks (galerie Nächst Sankt Stephan) et le coucher de soleil en laine de Nouvelle-Zélande de Isabel Nolan (Kerlin Gallery).

Sur le stand de la galerie berlinoise Kewenig, trois photographies flanquées de LED apparaissent comme un dernier hommage à Christian Boltanski, disparu en juillet dernier. Ces trois monuments de papier baryté et de lumière rendent eux-mêmes hommage à des disparus, thème cher à cet artiste obsédé par l’enfance et la mort, par l’absence et la présence, par la mémoire et les histoires personnelles. Un hommage que l’on peut poursuivre par la lecture de Récits, un livre d’entretiens avec Laure Adler qui vient tout juste de sortir chez Flammarion.

Même si la sélection d’Unlimited est moins décoiffante que certaines années, ce secteur dédié aux œuvres de grandes dimensions recèle quelques bonnes surprises. D’abord une maison en pain d’Urs Fischer (Jeffrey Deitch Gallery), puis une incroyable installation lumineuse de Olafur Eliasson (Tanya Bonakdar Gallery) et cette rangée infranchissable de néons roses de Dan Flavin (Galerie David Zwirner).

Parmi les soixante œuvres d’Unlimited figure cet alphabet très coloré de Robert Cottingham. Cet artiste américain (né en 1935), pionnier du photoréalisme, a traqué vingt-six lettres en néon constituant d’ordinaire les noms de marques publicitaires. Se fichant de leurs polices de caractères, il les assemble en un vaste alphabet, chaque lettre peinte ayant la même taille et le même cadrage.