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Paris clôture

Paris se demande à quelle sauce la Fed va manger les marchés

La Bourse de Paris a vu rouge, le Cac 40 glisse même sous les 6.700 points à la dernière minute. Le marché s’interroge sur l’action de la Fed alors que le marché du travail américain reste tendu.

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Par Céline Panteix

Publié le 5 déc. 2022 à 17:42Mis à jour le 5 déc. 2022 à 17:45

« Des chiffres de l’emploi difficiles à lire... » Voilà la conclusion du cabinet Aurel BGC après la publication, vendredi, du rapport officiel sur l’emploi américain. En novembre, la première économie mondiale a créé 263.000 emplois, contre 200.000 attendu, le taux de chômage est resté à un niveau historiquement bas de 3,7%, stable sur un mois, et le salaire horaire moyen a augmenté de 0,6% sur le mois, soit le double de l'estimation du marché. « Les chiffres restent solides, mais leur lecture dans le détail montre quelques signes de faiblesse », estime Aurel BGC.

Parmi eux : la construction et l’industrie montrent une certaine décélération, qui est probablement à l’origine de la destruction de 17.200 postes dans les emplois intérimaires en novembre (après -6.100 en octobre). « Il n’est pas impossible que l’emploi se dégrade plus sensiblement dans ces deux secteurs dans les prochains mois », selon le cabinet. Dans la distribution et les transports, des destructions ont aussi été enregistrées alors que les ventes dans l’e-commerce sont moins dynamiques que l’an dernier. L’indice ISM des services, paru lundi après-midi, a confirmé les tensions persistantes sur le marché du travail américain. L’indice s’est maintenu très largement en zone d’expansion à 56,5 points en novembre après 54,4 en octobre.

Trois banques centrales à la manœuvre cette semaine

On n’aimerait pas être à la place des banquiers centraux américains, tant la période à traverser est détestable, entre inflation, récession et transition énergétique à financer. Le comité de politique monétaire de la Fed se réunit deux jours, les 13 et 14 décembre. S’il ne fait aucun doute que le loyer de l’argent va continuer de monter, reste à savoir dans quelle mesure : 50 points de base ? 75 points de base ? Le marché évalue à 74,7% la probabilité d’une hausse des taux de 50 points de base du taux des Fed funds, selon les calculs de CME Group. Et après ? « La Fed va continuer à relever ses taux directeurs l'an prochain afin de forcer un ralentissement du marché du travail, estiment les équipes de Commerzbank. C'est uniquement quand elle sera parvenue à cet objectif qu'elle interrompra ses hausses de taux », conclut la banque, qui prévoit un taux terminal d'au moins 5%. Les membres du FOMC, qui ont pris l’habitude de livrer leur analyse, vont devoir se taire, puisque débute la période de blackout.

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Dans la zone euro, il est trop tôt pour évoquer un taux terminal, a déclaré ce lundi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. « Nous déciderons, réunion après réunion, ce qui est nécessaire ; et nous ne pilotons pas les taux de marché, parfois excessivement volatils. » Cette semaine, le marché aura rendez-vous avec trois autres grandes banques centrales, celle de l’Australie (mardi), du Canada et de l’Inde (mercredi). Elles devraient relever leurs taux directeurs, tout en adoptant un discours plus équilibré, alors que les taux sont proches, ou supérieurs, au taux neutre.

Dans un tel contexte, le marché parisien a joué la prudence, d’autant que l’activité dans le secteur privé de la zone euro a reculé pour le cinquième mois consécutif en novembre. Signe que la récession approche à grands pas. « Des conditions météorologiques défavorables dans les prochains mois risqueraient d’entraîner une flambée des prix de l’énergie, qui affecterait non seulement le pouvoir d’achat mais pourrait également compromettre les capacités de production dans les industries les plus énergivores. Un tel scénario engendrerait une dégradation de la conjoncture économique nettement plus prononcée », décrypte Chris Williamson, chef économiste chez S&P Global.

L’Asie en meilleure forme

A la clôture, le Cac 40 revient à 6.696,96 points, en retrait de 0,67%, dans un faible volume de transactions de 2,8 milliards d’euros. Outre-Atlantique, le Dow Jones perd 0,7% et le Nasdaq Composite 1,1%. Les indices n’ont pas suivi le chemin tracé par les marchés asiatiques. A Hongkong, le Hang Seng a pris 4,5% et le CSI 300 des principales capitalisations à Shanghai et Shenzhen près de 2%. La tendance a profité de l’allègement des restrictions sanitaires en Chine. Désormais, les usagers des transports en commun de Shenzhen et Shanghai n’auront plus à fournir de test PCR, les habitants de certains immeubles pourront effectuer leur quarantaine à domicile en cas de test positif.

Ces annonces ont soutenu, en revanche, le pétrole, lui, a gagné du terrain, à plus de 88 dollars le baril de Brent de la mer du Nord en cours de séance. A noter que c’est à partir d’aujourd’hui que le prix du pétrole en provenance de Russie est plafonné à 60 dollars le baril. L’objectif est clair : tarir l’une des principales sources de revenus de Moscou.

Au chapitre des recommandations, BofA Securities a dégradé son opinion sur le titre du groupe de BTP et de communication Bouygues (-2,91%) de « neutre » à « sous-performance », pendant que JPMorgan a abaissé sa recommandation sur l’équipementier automobile Plastic Omnium (-4,19%)de « neutre » à « sous-performance ».

De son côté, la biotech Valneva s’est adjugé 3,47%. La société a annoncé des données positives sur la persistance des anticorps douze mois après la vaccination avec une seule dose de son candidat vaccin contre le chikungunya.

Enfin, Bénéteau s’est envolé de 16,39%. Le fabricant de bateaux de plaisance a indiqué qu’il pourrait « dépasser » ses prévisions de résultats cette année et ajoute disposer d’une « avance significative » sur son plan stratégique 2020-2025.

C.P.

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