Publicité
Ça peut servir

La solidarité envers les étudiants s'organise : paniers bio, parrainage, aide psychologique…

Certains étudiants parviennent difficilement à acheter à manger, payer leur loyer, se procurer du matériel pour étudier et rester toute la journée dans un logement étriqué. Associations, entreprises, collectifs et particuliers sont sur le pont pour les aider lors de cette crise sanitaire.

L'association Linkee se mobilise pour lutter contre la précarité des étudiants.
L'association Linkee se mobilise pour lutter contre la précarité des étudiants. (Jeanne Accorsini/Sipa)

Par Chloé Marriault

Publié le 1 mars 2021 à 07:01Mis à jour le 1 mars 2021 à 08:36

Des files d'attente interminables pour des distributions alimentaires. Avec la crise sanitaire, certains ont vu leur situation, déjà tendue, s'aggraver. D'autres ont basculé dans la grande précarité. Un tiers des étudiants dit avoir connu des difficultés financières pendant le premier confinement, selon la récente enquête de l'Observatoire national de la vie étudiante. Près de six étudiants sur dix ont arrêté, réduit ou changé leur activité rémunérée lors du confinement de mi-mars à mi-mai. Pour celles et ceux qui ont cessé de travailler, la perte de revenu est estimée en moyenne à 274 euros par mois.

Pour les soutenir, associations, entreprises, collectifs et particuliers s'activent. Voici une liste non exhaustive d'initiatives solidaires.

Se nourrir

Plus de la moitié des étudiants (55,8 %) qui ont rencontré des difficultés financières pendant le premier confinement ont eu du mal à s'acheter à manger. Depuis le 21 janvier, tous les étudiants, boursiers ou non, peuvent déjeuner et dîner pour le prix d'un euro le repas dans les restaurants universitaires.

Publicité

Pour faire leurs courses, les étudiants dans le besoin peuvent se rendre dans les épiceries solidaires de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Lancées en 2011, il existe aujourd'hui 26 de ces épiceries, appelées Agoraé, disséminées sur le territoire . Les produits y sont vendus à 10 % du prix du marché. Certains sont gratuits, comme les protections menstruelles. Pour bénéficier de ce dispositif, l'étudiant doit soumettre un dossier en indiquant ses revenus et dépenses. Avant la crise sanitaire, les Agoraé dénombraient 6.000 bénéficiaires sur une année. Ils sont désormais 11.000.

La Fage et son réseau distribuent également des paniers de denrées alimentaires, généralement gratuits. Ces derniers sont destinés à l'intégralité des étudiants. Depuis mars 2020, quelque 150.000 paniers ont été distribués.

D'autres associations et collectifs s'activent pour distribuer paniers et repas. A Paris, les bénévoles de l'association Linkee fournissent 450 paniers-repas par soir . Les start-up aussi se mobilisent. Parmi elles, Student Pop, une entreprise qui propose des missions courtes à des étudiants . Elle a cofondé en avril dernier l'association Du beurre dans leurs épinards , avec JobTeaser, L'Etudiant et Article 1. Depuis, 2.500 colis et 4.700 repas ont été distribués gratuitement dans la capitale à des jeunes, sans condition de ressources.

A Lyon, Anne Wuattier et Marion Dolisy-Galzy, deux mamans, se désespéraient de voir des étudiants faire leurs courses en comptant leurs dépenses au centime près, ou carrément sauter des repas faute de moyens. Elles ont lancé début février la plateforme 1 cabas pour 1 étudiant . L'idée : mettre en relation des étudiants avec des particuliers en mesure de leur offrir un panier de courses chaque semaine, ou tous les quinze jours. Le tandem habite à côté et se rencontre pour la remise en main propre du panier. « Le parrain/la marraine offre des denrées alimentaires, des produits d'hygiène, peut aussi y ajouter un livre… Certains ont même glissé un billet de train, pour que leur filleul puisse aller rendre visite à sa famille ou à des amis. Le but est d'apporter de la joie, de la chaleur humaine », explique Marion Dolisy-Galzy. Pour l'heure, l'opération se déroule uniquement dans la métropole lyonnaise mais la plateforme sera disponible d'ici quelques semaines sur tout le territoire.

Mi-février, le hashtag #partageunrepas a fleuri sur les réseaux sociaux. Chacun proposait de payer un panier de courses ou de partager un repas avec un étudiant du quartier.

Les étudiants peuvent également recevoir de l'aide alimentaire à domicile. Pour cela, l'épicerie bio en ligne Aurore Market est sur le pont. Depuis le 22 février, la start-up propose aux étudiants en situation de précarité de se faire livrer gratuitement un panier bio d'une valeur de 30 euros. Et ce, partout en France. Pour l'heure, plus de 400 ont été livrés. 300 ont été payés par la jeune-pousse, les autres sont financés par des dons de particuliers ou d'entreprises. Tous les étudiants peuvent en faire la demande, il leur suffit d'envoyer une copie de leur carte étudiante sur la plateforme dédiée . Depuis lundi, des milliers de demandes ont été enregistrées. Le nombre de paniers livrés dépendra des fonds que la start-up recevra.

Etudier

Difficile de bûcher toute la journée quand son logement fait parfois moins de 10 mètres carrés. Alors, une centaine d'espaces de coworking et de tiers lieux ont décidé d'ouvrir leurs portes aux étudiants pendant la crise sanitaire. Et ce, pour quelques euros par jour, voire gratuitement. Pour y accéder, il suffit généralement de s'inscrire en ligne et de présenter un justificatif. La start-up Deskapad vient de lancer une carte pour recenser ces lieux .

Les cours en distanciel requièrent d'avoir un matériel informatique performant. Certaines universités proposent aux étudiants de leur prêter un ordinateur. D'autres vont plus loin et ont mis en place des aides pour participer à l'achat. Sur son site, l'université Paris-Saclay indiquait par exemple cet été que les étudiants pouvaient recevoir 350 euros pour l'achat d'un ordinateur, 150 pour une tablette et 50 pour un forfait de connexion internet. Certaines régions donnent également un coup de pouce pour financer l'achat.

Budget

Publicité

Les boursiers peuvent demander au Crous à ce que leur dossier soit réexaminé si leurs revenus familiaux subissent une baisse « durable et notable », notamment en raison de la crise sanitaire. En cas de graves difficultés financières, les étudiants - boursiers et non boursiers - peuvent demander une aide d'urgence ponctuelle. Une aide qui peut servir à financer le loyer, des frais de santé, d'hygiène, des achats ponctuels, comme des fournitures.

Santé mentale

La santé mentale des étudiants est préoccupante. En 2016, l'Observatoire national de la vie étudiante estimait que 20 % d'entre eux étaient en détresse psychologique. Un chiffre qui monte à 30 % en 2020.

Depuis le 1er février, tous les étudiants - boursiers ou non - peuvent bénéficier d'un « chèque accompagnement psychologique ». Il ouvre droit à trois consultations auprès d'un psychologue, d'un psychothérapeute ou d'un psychiatre, sans avance de frais. Pour en bénéficier, il faut consulter un médecin généraliste au sein du service de santé universitaire ou un médecin figurant sur une liste de professionnels avec lesquels les services de santé ont passé des conventions, en vue d'avoir une prescription.

Celles et ceux qui souhaitent recevoir un accompagnement psychologique peuvent également se faire aider dans l'un des bureaux d'aide psychologique universitaire (Bapu). Les consultations sont prises en charge par les organismes de Sécurité sociale à 100 %. De nombreux services gratuits d'aide psychologique sont également disponibles par téléphone. Ils sont recensés sur le site etudiant.gouv.fr .

Au-delà des initiatives précitées, les étudiants peuvent consulter les sites de leur établissement, Crous, ville, département ou région. Des aides locales (alimentaire, transport, matériel informatique…) sont parfois proposées. De nombreux particuliers apportent également leur soutien aux jeunes : certains proposent d'accueillir gratuitement des étudiants le temps d'un week-end pour changer d'air, à Colmar, des chefs étoilés concoctent des repas gratuits, partout en France, des coiffeurs coupent les cheveux à titre gracieux… Des opérations solidaires relayées par les médias locaux.

Chloé Marriault

Publicité