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« Stef ne sera pénalisé qu’à la marge par la grève »

Stanislas Lemor, PDG de Stef, revient sur l’épineux dossier de La Méridionale, les grèves et les projets du groupe de transport et de logistique.

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« Stef ne sera pénalisé qu’à la marge par la grève » (Stef)
Publié le 17 janv. 2020 à 17:35
Stanislas Lemor, PDG de Stef

Quel bilan tirez-vous de l’année 2019 pour votre activité de transport et logistique sous température dirigée ?

En 2019, nous avons franchi une étape majeure : rompre avec notre positionnement historique de généralistes pour aller vers un positionnement de spécialistes, avec une organisation par marché. Aujourd’hui, nous avons sept business units, dont quatre en lien avec l’industrie de l’agroalimentaire (flux frais, frais supply chain, surgelé, tempéré sec alimentaire), la grande et moyenne surface, le Seafood et la restauration hors domicile. Je peux vous dire que les premiers résultats sont au rendez-vous. Globalement, 2019 a été une année riche. Nous avons poursuivi le développement de nos activités de transport et de logistique et de notre réseau dans tous nos pays en Europe. Nous avons aussi ouvert de nouvelles perspectives avec l'acquisition de Dyad, qui marque notre entrée dans le conditionnement industriel.

Quel est l’impact des grèves de décembre sur l’activité de Stef, sachant que le quatrième trimestre est traditionnellement important pour les activités de transport et logistique en France ?

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Stef ne sera pénalisé qu’à la marge, car nous avons peu de sites dans Paris et sa petite couronne, sans compter que notre activité de transport se fait principalement de nuit. Les activités de distribution en Ile-de-France ne représentent que 6% du chiffre d’affaires du groupe. Il est vrai que certaines zones industrielles franciliennes ont été bloquées, ce qui a entravé l’activité de certains sites, durant seulement un ou deux jours en décembre. C’est plutôt les embouteillages qui pourraient avoir un impact sur la qualité de service et la ponctualité, mais, en termes financiers, il sera moins important que celui des gilets jaunes, car ce mouvement concernait l’ensemble de la France.

Autre dossier sensible, celui de La Méridionale. Les rebondissements sont nombreux et les marins, inquiets pour leur avenir, bloquent depuis le 10 janvier sur le port de Marseille les navires de leur compagnie et ceux de Corsica Linea. Quelle est la situation à date de votre filiale, qui pèse 3 % du chiffre d’affaires mais devrait générer des pertes ?

Notre filiale La Méridionale dessert depuis plus de 40 ans sans discontinuer la Corse. Sa flotte de trois navires mixtes a été taillée sur mesure pour les besoins de l'Ile. Elle y a consacré de lourds investissements : 140 millions pour le bateau le Piana en 2011 et l'année dernière, l'achat d'un quatrième navire pour répondre au mieux à la nouvelle DSP [délégation de service public]. Elle est donc en mesure de jouer un rôle de premier plan dans la desserte de l’Ile, d’autant que sa fiabilité et sa qualité de service sont reconnues de tous.

Si elle n’a pas été retenue lors de l’appel d’offres de la DSP transitoire pour la desserte des ports principaux de Bastia et Ajaccio, ainsi que de l’Ile-Rousse, elle a répondu à deux reprises aux appels d’offres des ports secondaires de Propriano et Porto-Vecchio, qui ont été déclarés infructueux et sont toujours en cours. En attendant, elle continue à assurer la desserte de ces ports qui vont faire l’objet d’une nouvelle mise à concurrence pour une période de trois mois puis de huit mois.

Cette situation est déstabilisante pour la compagnie mais son objectif reste clair : participer et s’inscrire durablement dans le projet de Semop [société d’économie mixte à opération unique] souhaité par l’Exécutif corse, qui débutera le 1er janvier 2021 pour une durée de sept ans. Pour cela, La Méridionale et ses personnels ont tout le soutien du groupe Stef.

Malgré les protestations, le texte actant la baisse de 2 centimes de la ristourne sur la TIPCE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) a été voté. Quelle est votre réaction ?

Malgré la levée de bouclier des entreprises de transport, le projet de loi de finances a été voté. Pour Stef, cette baisse de la ristourne sur la TIPCE aura un impact limité, de l’ordre de 1,5 million d’euros en année pleine. Il faut mettre ce montant en regard des mesures prises en faveur de la baisse des charges patronales suite à la transformation du CICE. Celles-ci compensent quasiment la surtaxation du gazole. Globalement, je dirais qu’il faut continuer à alléger la fiscalité des entreprises car le niveau de taxation en France demeure exceptionnel mais les choses avancent, comme avec la baisse du taux d’impôt sur les sociétés.

Pouvez-vous faire un point sur l’évolution de l’activité en Suisse et aux Pays-Bas ? A quand un retour à la rentabilité ?

La Suisse alémanique et les Pays-Bas sont les deux dernières implantations du groupe. Nous avons fait le pari de nous développer en Suisse alémanique dans une nouvelle activité, qui est celle des produits alimentaires frais, alors que notre métier historique dans ce pays était celui du surgelé. Cela a nécessité un investissement très lourd dans un entrepôt à Kölliken, qui n’est aujourd’hui rempli qu’à 50% alors qu’il faudrait qu’il le soit à 80% afin d’atteindre l’équilibre économique. Les équipes sont mobilisées et ont engagé des actions commerciales fortes pour conquérir de nouveaux clients dans la logistique de produits alimentaires frais.

Concernant les Pays-Bas, notre objectif principal est la construction d’un réseau de transport. Pour cela, nous avons racheté trois entreprises de transport en cinq ans et deux ensembles immobiliers, dont un qui a fait l’objet d’une lourde transformation. Nous avons également déployé le même système d’informations (TMS) pour l’ensemble des sites. Pour ces deux pays, 2020 sera l’année de l’amélioration de la performance avec une recherche d’équilibre pour 2022.

Quelle est la logique de l’acquisition de Dyad et de la prise de participation dans LIA ?

Nous avons acquis Dyad à la fin du mois de septembre 2019. Cette société, basée à dans le Nord de la France, est spécialisée dans le conditionnement industriel et intervient en fin de supply chain. Elle est capable de proposer des services de différenciation retardée par des actions de promotion, par exemple. Elle dispose de 35 lignes de production, ce qui multiplie par six les capacités du groupe. Grâce à cette opération, Steef est un des seuls acteurs à avoir une offre complète dans le transport, la logistique et le conditionnement industriel. Nous remontons ainsi dans la chaîne de valeur de nos clients. Notre objectif désormais est la structuration de cette nouvelle offre et son développement dans tous les pays du groupe pour toucher l’ensemble de nos clients.

Concernant LIA [Logistique Internationale Alimentaire], qui est une société détenue par Nagel Group en France, nous avons annoncé notre intention d’acquérir une participation de 49%. LIA, qui est très présent en Allemagne, en Europe de l’Est et du Nord et au Royaume-Uni, va permettre à Stef, qui est davantage présent en Europe du sud (Italie, Espagne, Portugal) de compléter son réseau. En 2018, la société a réalisé environ 38 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elle sera mise en équivalence dans nos comptes.

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Quels sont vos enjeux prioritaires pour 2020 ?

Nous allons continuer de consolider notre dynamique de croissance en maintenant un haut niveau d'investissements, de l'ordre de 150 millions d’euros, dans nos immobiliers mais également dans l'innovation et la transformation digitale. Nous allons lancer en France de nouvelles offres commerciales pour mieux coller aux besoins de nos clients. Elles représentent des leviers de différenciation forts pour demain. 2020 sera une année charnière pour le Groupe. Je crois que nous avons tous les atouts pour réussir.

Propos recueillis par Céline Panteix

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