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Le déclin du dollar retardé par le ralentissement mondial

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Le déclin du dollar retardé par le ralentissement mondial | Crédits photo : Shutterstock (Shutterstock)

Par Reuters

Publié le 22 févr. 2019 à 15:22

par Tommy Wilkes et Ritvik Carvalho

LONDRES, 22 février (Reuters) - Alors que 2019 s'annonçait comme l'année du début du déclin du dollar, les investisseurs sont en train de revoir leurs prévisions pour intégrer le fait que l'attitude plus accommodante de la Réserve fédérale gagne peu à peu les banques centrales du monde entier, préservant ainsi la prime du billet vert par rapport aux autres devises.

La monnaie américaine s'est appréciée de 4,4% en 2018 par rapport à un panier de devises de référence, sa meilleure performance annuelle depuis 2015, profitant de la vigueur de la croissance aux Etats-Unis et de la remontée des taux de la Fed alors que la plupart des autres économies développées subissaient déjà le ralentissement économique.

Fin 2018, alors qu'elle évoluait au plus haut depuis 18 mois, de nombreux traders ont commencé à anticiper une baisse pour intégrer la fin attendue du cycle de resserrement monétaire américain alors que la Banque centrale européenne (BCE) et la RBA australienne, entre autres, semblaient se préparer à lancer le leur.

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Mais après avoir baissé en décembre et en janvier, le dollar s'est repris: il affiche une hausse de près de 1% depuis le début du mois de février et de plus de 2% face à certaines devises, comme le dollar australien.

L'explication de ce retournement de tendance se trouve dans la dégradation de la conjoncture en dehors des Etats-Unis, qui force les banques centrales à atténuer, retarder ou annuler le resserrement de leur politique.

Ainsi, alors que la Fed a confirmé cette semaine sa volonté de temporiser avant toute nouvelle hausse de taux, le dollar semble assuré de conserver son avantage sur les autres grandes devises.

"La capacité de résistance du dollar cette année surprend certains", reconnaît Richard Turnill, stratège de BlackRock. "Pourtant, ce sont les mêmes facteurs - le ralentissement de la croissance mondiale et le resserrement des conditions financières - qui poussent la Fed à l'inaction et les autres banques centrales à adopter une position plus accommodante."

Roger Hallam, responsable de la stratégie devises de JPMorgan Asset Management, rappelle que la majorité des prévisions donnait l'euro en hausse en 2019 vers 1,20 dollar , contre un peu plus de 1,13 aujourd'hui, mais que le ralentissement du commerce mondial et les signes suggérant une croissance supérieure à son potentiel aux Etats-Unis pourraient bien pénaliser la monnaie unique.

Le marché pourrait en outre devoir prendre en compte l'assouplissement de la politique de la BCE, ajoute-t-il, expliquant que "les différentiels de taux d'intérêt sont aujourd'hui plus favorables au dollar pour les mois à venir".

Même si les taux d'intérêt américains arrêtent de monter, ils restent en effet bien supérieurs aux taux directeurs nuls ou négatifs en vigueur en zone euro, au Japon, en Suisse ou encore en Scandinavie, et même à celui de 1,5% de la RBA australienne.

L'évolution est à peu près la même pour les marchés émergents: le dollar a cédé du terrain face aux devises émergentes depuis le début de l'année mais les cycles de hausse des taux enclenchés par plusieurs pays en développement, semblent eux aussi à l'arrêt. En Inde, la banque centrale a même annoncé une baisse de taux au début du mois et elle pourrait récidiver en avril.

Parallèlement, le mouvement de réduction des liquidités des grandes banques centrales est amené à ralentir.

La somme des bilans de la Fed, de la BCE et de la Banque du Japon a diminué au cours des derniers mois de 2018 pour la première fois depuis 2015. Une tendance qui devrait se poursuivre même si la Fed a confirmé cette semaine qu'elle allait prochainement préciser comment elle entendait interrompre la réduction de son bilan.

Steve Donze, stratège macro senior de Pictet Asset Management, prévoit que le bilan de la Fed cessera de diminuer fin 2019, qu'il avoisinera alors 3.750 milliards de dollars et qu'il évoluera ensuite en ligne avec le produit intérieur brut (PIB).

Le compte rendu de la dernière réunion de la Fed suggère cependant que celle-ci pourrait ne pas être aussi accommodante que certains le pensent. Et au vu des divergences d'opinions entre les dirigeants de la banque centrale américaine, la remontée des taux pourrait être interrompue mais pas pour autant terminée.

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"Le marché est allé trop loin en matière d'anticipation d'un assouplissement de la position de la Fed. Le marché va devoir se corriger et cela pourrait soutenir le dollar", estime Andreas Koenig, responsable de la recherche devises d'Amundi Asset Management.

Les investisseurs ne s'attendent pas pour autant à des gains énormes: en données pondérées des échanges, le taux de change effectif du dollar est déjà supérieur à sa moyenne sur 20 ans, ce qui limite son potentiel de hausse.

Les spéculateurs ont réduit leurs positions mais leur positionnement globalement "long" sur le dollar, reste très marqué.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

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