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Portrait

Disparition : François Tajan, président délégué d'Artcurial

Le commissaire-priseur, fils de Jacques Tajan et président délégué d'Artcurial, s'est éteint quelques jours après avoir dégusté des morilles achetées sur un marché. Il avait 57 ans.

François Tajan.
François Tajan. (Photo Lionel Bonaventure/AFP)

Par Laurance N'Kaoua

Publié le 1 mars 2020 à 11:38Mis à jour le 1 mars 2020 à 21:34

La nouvelle a bouleversé le monde de l'art : François Tajan est mort, terrassé par une intoxication alimentaire. Le commissaire-priseur, fils de Jacques Tajan et président délégué d'Artcurial, s'est éteint quelques jours après avoir dégusté des morilles achetées sur un marché. Il avait 57 ans. « La maison de ventes a perdu trop tôt l'un de ses piliers, a déploré Guy Boyer, directeur de la rédaction de « Connaissances des arts ». C'était un homme brillant, avenant et éminemment sympathique. »

Ce fan de cinéma, fou de rock, batteur à ses heures, collectionneur, éclectique et courtois, avait su rester simple. François Tajan, fils d'un commissaire-priseur emblématique et d'une mère galeriste, s'était pourtant fait un prénom. Crinière d'argent, regard clair, il était connu et reconnu comme un spécialiste de l'Art déco, des montres et des bijoux. Et, dans ce milieu plutôt conservateur, ne semblait jamais à court de créativité.

« Des idées tout le temps »

« François était innovant, il avait des idées tout le temps, tout en étant attaché au métier traditionnel de commissaire-priseur », a confié Nicolas Orlowski, PDG d'Artcurial, au journal « Le Monde ».

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Chez Artcurial, qu'il avait rejoint en 2005, il a fondé les départements BD, joaillerie, Art déco, orientalisme, et contribué à hisser la jeune « maison du rond-point » dans la cour des grands aux côtés de Christie's et de Sotheby's. Il a oeuvré à son essor à l'étranger, notamment au Maroc ou encore à Monaco, rocher de ses ancêtres, où Artcurial orchestre, chaque année, des ventes de joaillerie, haute horlogerie et Hermès Vintage, rappelle Céline Lefranc, dans « Connaissance des arts ».

L'homme des palaces

A Paris, il était surnommé « l'homme des palaces », car il avait, à son actif, les dispersions du Crillon, du Plaza Athénée, du Ritz ou encore du George V, en 1997, avec son père. Au Crillon, en 2013, il avait ainsi adjugé pour 311.594 euros le bar réalisé par le sculpteur César. Mais il avait aussi dirigé la vente Hergé, le père de Tintin, qui a engrangé 5,3 millions d'euros en 2015. Les experts citent également la vente d'Art déco de la collection du marchand Félix Marcilhac et celle de la collection de l'avocat Paul Lombard en 2017 (pour 6 millions d'euros)… 

Né à Evreux, le jeune homme se destinait pourtant à un tout autre destin. François Tajan avait 8 ans, lorsque ses parents ont troqué la banlieue chic du Vésinet pour Saint-Germain-des-Près, haut lieu d'effervescence culturelle et politique des années 1970. Il opta d'abord pour le droit. Avant de jeter l'éponge, en quatrième année.

Sur le plateau de « L'Ours » 

Après un court passage dans une étude notariale, il se lance dans le monde du cinéma. Grâce à son père, il rencontre le producteur Claude Berri. Le temps de quelques années, il sera stagiaire régie pour le film « Hôtel de France » de Patrice Chéreau, officiera sur le plateau de « L'Ours » de Jean Jacques Annaud… Mais l'homme est anxieux, trop, comprend-il, pour le monde aléatoire du spectacle.

A 28 ans, alors qu'il s'apprête à devenir père, il rejoint le sien. « Deux ans plus tard, François Tajan qui 'ne se voyait pas à la tribune' à cause de sa timidité change d'avis », rapporte « Le Figaro ». Les deux hommes travailleront main dans la main durant 15 ans.

Dans l'étude paternelle, François Tajan fait ses armes à la tête des départements Art nouveau, Art déco puis arts moderne et contemporain. Détenteur d'une licence de droit et d'un deug en histoire de l'art, il décroche son diplôme de commissaire-priseur en 1997, passe associé en 1998, devient ensuite président.

Entre temps, l'étude Tajan est revendue à Bernard Arnault (propriétaire des « Echos ») puis, en 2004, à la femme d'affaires américaine d'origine roumaine Rodica Seward. C'est le moment, pour François Tajan de rejoindre une jeune maison, créée deux ans plus tôt, et baptisée, « Artcurial ». Trois enfants et deux mariages plus tard, il en était devenu, fin 2015, le président délégué.

« Les qualités humaines de François, reconnues de tous, nous manqueront ainsi qu'à l'ensemble du marché de l'art », a déclaré, à l'annonce de sa disparition, Nicolas Orlowski, dans un communiqué.

Laurance N'Kaoua 

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