Les associations d'élus locaux, plus influentes et politisées sous Macron
Le Congrès des maires qui s'ouvre mardi sera particulièrement politisé alors que son président, François Baroin, réfléchit à la présidentielle de 2022. Les associations d'élus locaux dans lesquelles LREM a peu de relais jouent depuis le début du quinquennat l'opposition frontale ou le donnant-donnant avec le gouvernement.
Par Matthieu Quiret
Voilà plusieurs années que les membres du gouvernement redoutent d'affronter le Congrès des maires. A écouter les ministres, le millésime 2019 s'annonce particulièrement compliqué. L'ouverture du Congrès promet d'offrir une forte visibilité au président de l'Association des maires de France (AMF), François Baroin, au moment où celui-ci revient au premier plan sur la scène politique nationale . C'est un potentiel candidat à la présidentielle 2022 qui sort du bois. Et l'arrivée des municipales de mars fait monter la pression.
Attitude constructive
La déconfiture des partis traditionnels qui a suivi l'élection d'Emmanuel Macron a replacé les élus locaux au coeur du jeu politique. Les directions des collectivités sont devenues des refuges pour les ténors politiques éclipsés par En marche, et même des bastions stratégiques. François Baroin s'est replié vers la présidence de l'Association des maires de France (AMF). Le centriste Hervé Morin a occupé la tête de Régions de France (ARF), qu'il vient de céder au LR Renaud Muselier. Les métropoles ont permis aux grands maires d'exister, comme Christian Estrosi à Nice ou Anne Hidalgo à Paris. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse se montrent influents depuis leur présidence de région.
Le gouvernement a dû négocier comme jamais avec ces institutions dans lesquelles il n'avait aucun relais naturel, à coups de donnant-donnant. Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a obtenu de nombreuses avancées pour les grandes villes contre une attitude constructive de l'association France Urbaine qu'il préside. La même stratégie a permis à la maire de Beauvais, Caroline Cayeux, de décrocher le plan de revitalisation des villes moyennes. Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, négocie lui en direct avec Matignon et l'Elysée. Anne Hidalgo a obtenu des soutiens inattendus de l'exécutif sur la pietonnisation des berges de Seine par exemple, contre la signature d'un contrat financier notamment.
Voix d'opposition
L'affaiblissement des grandes formations politiques a donné une tonalité plus partisane aux associations. Les membres du gouvernement ne décolèrent pas contre l'initiative Territoires Unis, l'alliance des trois grandes associations (AMF, RF et Assemblée des départements de France). Leurs présidents de droite, aidés par celui du Sénat, Gérard Larcher, sont devenus des voix d'opposition importantes, accusant sans cesse Emmanuel Macron de recentraliser le pays et d'affaiblir les élus locaux. Ils ont empêché le gouvernement de réaliser la réforme initiale de la taxe d'habitation et l'ont contraint à une suppression totale, bien plus chère. Leur voix, en résonance avec les « gilets jaunes », a aussi poussé Emmanuel Macron à annoncer un nouvel acte de décentralisation.
Les municipales pourraient néanmoins atténuer cette évolution si LREM parvient à s'imposer dans de nombreuses communes. Les associations seraient alors tenues de réserver des postes stratégiques aux proches du mouvement, plus à même de modérer ces instances.
Matthieu Quiret