Nucléaire : EDF confrontée à une série d’incidents sur ses réacteurs français

Raimond Spekking / Wikimedia Commons

5 réacteurs nucléaires sont désormais arrêtés à cause d’un problème de corrosion. L’ensemble du parc nucléaire français est va être désormais passé en revue, ce qui accroît encore un peu plus la tension sur l’approvisionnement électrique en France et sur une filière au centre des débats.

« C’est inquiétant et il va falloir attendre le résultat des inspections pour voir quel est le problème »

Ce problème de corrosion a été détecté en fin d’année dernière. D’abord sur les deux réacteurs de la centrale de Civaux, sur un des deux réacteurs de la centrale de Chooz et depuis la fin de semaine dernière, sur celui de Penly. Yves Marignac est le chef du pôle expertise nucléaire de l’association Négawatt explique que si « on parle de corrosion sous contrainte et en fait il s’agit de microfissures sur l’acier d’un coude d’un circuit très important qui permet de refroidir le réacteur ». Les 5 réacteurs concernés par ce problème ou soupçonnés de l’être sont à l’arrêt. Et ce ne seront peut-être pas les seuls. Selon Nicolas Goldberg, expert énergie du cabinet Colombus Consulting,« le réacteur de Penly qui est potentiellement le 5ème réacteur touché, est un réacteur qui a été construit à un autre moment et avec d’autres plans. Cela veut dire que Penly pourrait ne pas être le seul réacteur à être touché. C’est inquiétant et il va falloir attendre le résultat des inspections pour voir quel est le problème ».

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Le réacteur de la centrale de Chooz est arrêté jusqu’au 31 décembre prochain. Les deux réacteurs de Civaux  jusqu’au 31 août pour le premier et au 31 décembre pour le second tandis que cela va jusqu’au 30 mai pour Penly, le temps de remplacer les pièces. Des arrêts qui tombent au mauvais moment : « on est actuellement dans un réseau électrique dit sans marge, c’est lié à la fermeture des centrales ces dernières années. Alors c’est une bonne nouvelle pour le climat mais une mauvaise pour le réseau électrique. Cela veut dire que l’on a un risque d’approvisionnement compliqué même si cela ne signifie pas non plus un black-out » affirme Nicolas Goldberg. Il n’y a donc pas de risque de black-out pour l’instant, à condition que d’autres réacteurs ne soient pas arrêtés et surtout s’il ne fait pas trop froid et qu’il n’y a pas trop de vent : « c’est quand il fait froid que l’on consomme beaucoup. On a beaucoup d’éolien en France donc le vent devient un facteur structurant de sécurité d’approvisionnement ».

Yannick Jadot a proposé de renationaliser EDF

A plus long terme, Yves Marignac de l’association Négawatt estime que cette situation fragilise la filière alors même qu’Emmanuel Macron a annoncé en novembre dernier un nouveau programme de construction de réacteurs : « la maîtrise de la demande d’électricité et la réduction des pointes devraient être les priorités du gouvernement. Le développement des renouvelables devrait également être accéléré pour réduire cette dépendance technique nucléaire. A mon sens mes convictions vont à l’inverse de la politique qu’a annoncé Emmanuel Macron ces derniers mois ». Tiraillé entre la demande d’énergie peu chère et les investissements nécessaires à la maintenance du parc nucléaire, le devenir d’EDF doit devenir un sujet politique selon lui. Le candidat à la présidentielle Yannick Jadot a d’ailleurs proposé hier de renationaliser EDF. Le nucléaire en France sera bien un sujet de la campagne ces prochaines semaines.

Baptiste Gaborit 

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