Coronavirus : le danger grandissant des arnaques financières
Les régulateurs (ACPR et AMF) craignent une multiplication des escroqueries financières en cette période de crise. Ces dernières surfent sur les peurs suscitées par l'épidémie et son impact sur les marchés financiers.
Par Gabriel Nédélec
Les périodes de crises sont souvent propices à la multiplication des arnaques. Celle du coronavirus ne déroge pas à la règle. L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) ont appelé jeudi le public à « la plus grande vigilance face au risque d'escroqueries dans le contexte de l'épidémie de covid-19 et de repli des marchés financiers » , dans un communiqué.
Ces offres peuvent prendre des formes diverses allant d'un « placement présenté comme une valeur refuge », à de « faux produits bancaires ou d'assurance » attractifs cumulant rendements élevés, absence de risque et rapidité de souscription. Il peut également s'agir d'investissements dans des entreprises « supposées tirer profit de l'épidémie et voir leur valorisation augmenter ».
« En matière d'arnaques financières, il y a beaucoup d'inertie avant que l'épargnant ne se rende compte qu'il a été victime. Nous sommes donc dans la prévention », explique Claire Castanet de l'AMF. Pour le moment, il n'y a pas encore de données chiffrées sur les fraudes liées à la crise du coronavirus, mais les régulateurs ont, par expérience, renforcé leur vigilance. L'ACPR précise qu'une « petite équipe dédiée à la surveillance du Net en coopération avec l'AMF » a été mise sur pied.
Valeurs refuges
« Depuis le début de l'année dernière, nous avons observé une professionnalisation des escrocs avec une grande capacité à surfer sur l'actualité, reprend Claire Castanet. Nous voyons émerger des offres frauduleuses jouant sur la notion de valeur refuge, comme l'or, avec des mots-clés qui leur permettent de bien remonter dans les moteurs de recherche ».
La semaine passée, l'AMF a interpellé le public contre la multiplication des offres frauduleuses d'investissements dans le whisky. Tout comme l'or, les spiritueux et le vin sont présentés comme des valeurs refuge et plaisir. Les escroqueries s'étaient également multipliées lors de l'entrée en Bourse de la Française des jeux, à l'automne dernier.
Un milliard d'euros
En réalité, ces arnaques visent le plus souvent à collecter des données personnelles - cartes bancaires ou identifiants bancaires, informations sur les placements actuels et le patrimoine - qui permettront par la suite aux fraudeurs d'effectuer des achats à distance, voire des usurpations d'identité.
Au total, ces escroqueries financières ont coûté environ un milliard d'euros aux particuliers français sur deux ans, selon les régulateurs. En 2019, 1.300 personnes ont approché l'AMF pour ce type d'arnaque, pour un montant total déclaré de 70 millions d'euros. La médiane, elle, est de 15.000 euros. Et il s'agit bien souvent d'une tragédie. « Ce sont parfois toutes les économies d'un foyer qui disparaissent, voire tout un héritage », déplore Claire Castanet.
Gabriel Nedelec