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L'Algérie s'ouvre aux investisseurs étrangers

Le régime a abrogé la loi dite 49-51 qui dissuadait fortement l'investissement étranger, et ouvre le secteur des hydrocarbures aux multinationales. Dans la campagne électorale qui débute ce dimanche, cinq candidats visent la présidentielle du 12 décembre. Mais ils craignent le Hirak, ce mouvement qui a fait chuter Abdelaziz Bouteflika en avril et veut « dégager » le système avant toute élection. 

La police encadre de manière moins en moins pacifique les manifestations contre le régime.
La police encadre de manière moins en moins pacifique les manifestations contre le régime. (Anadolu Agency/AFP)

Par Yves Bourdillon

Publié le 17 nov. 2019 à 09:00Mis à jour le 18 nov. 2019 à 10:52

Une campagne présidentielle quasi clandestine. C'est dans une expérience politique inédite que se lance l'Algérie ce dimanche, avec des candidats à la présidentielle du 12 décembre incités à se faire les plus discrets possible pour ne pas susciter l'ire du Hirak. Ce mouvement, qui a obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika en avril, refuse toujours la tenue de ce scrutin censé résoudre la crise, car il veut d'abord que dégage le « système », la classe politique actuelle soupçonnée de corruption et d'incompétence.

Les manifestations hebdomadaires en ce sens ne faiblissent pas et nombre de manifestants menacent de troubler les réunions publiques des candidats qui oseraient cautionner la « mascarade » de ce scrutin. Mais le chef d'Etat-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, de facto numéro un du régime, a averti qu'il était prêt à passer en force pour qu'un scrutin confère enfin un semblant de légitimité à un chef de l'Etat. Les contestataires avaient obtenu in extremis l'annulation de la dernière tentative, en juillet, après que seulement deux illustres inconnus, ont osé faire acte de candidature.

Des réunions en catimini

Ils sont cinq, cette fois-ci, donc deux anciens Premiers ministres, Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis, à défier le Hirak. Mais ces candidats officialisés il y a deux semaines sont sous pression. Ali Benflis a été hué dans la rue récemment, tout comme un autre candidat, Abdelkader Bengrina, lors d'un meeting de précampagne mardi dernier. Les autres candidats se limitent à des passages sur les plateaux des télés privées et des conférences de presse. Ils se contenteront « vraisemblablement de passages sur les médias ou, au mieux, de rencontres à huis clos et en catimini », pronostique le journal TSA, qui note aussi que le scrutin pourrait se dérouler sans observateurs étrangers, sans parler des problèmes de visas pour la presse française.

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La fin du 49-51

La campagne se déroulera dans un climat d'autant plus tendu que le Hirak a trouvé un motif supplémentaire de colère : les lois censées libéraliser, enfin, l'économie mais que beaucoup de manifestants soupçonnent de brader le pays au profit des multinationales. Le Parlement a abrogé jeudi la fameuse loi dite 49-51, p lafonnant à 49 % la participation qu'une entreprise étrangère peut détenir dans une firme algérienne. Un chauvinisme économique qui s'est payé par des décennies de sous-investissements. Il a aussi autorisé le recours « sélectif » à l'emprunt extérieur. Depuis un douloureux plan d'ajustement structurel dans les années 1990 et grâce à la rente pétrolière, l'Algérie, dont les recettes liées aux hydrocarbures financent 60 % du budget, s'est refusée à emprunter sur les marchés internationaux. Mais la chute des cours depuis 2014 ne lui laisse plus guère le choix pour financer le généreux système des « transferts sociaux » : subventions de nombreux produits de base, de l'énergie, des transports, aides aux logements, éducation et soins gratuits.

L'ouverture des hydrocarbures

En outre, les députés ont adopté une loi ouvrant le secteur des hydrocarbures aux multinationales, car l'opérateur public Sonatrach (dont le PDG depuis à peine 7 mois, Rachid Hachichi a été remplacé vendredi par Kamel-Eddine Chikhi) n'avait plus seul les moyens de prospecter et de développer de nouveaux champs. Un enjeu crucial, alors que pétrole et gaz fournissent les deux tiers des recettes budgétaires et 95 % des entrées de devises. Bien des appels d'offres ne trouvaient pas preneurs tant le cadre juridique et fiscal était dissuasif pour les étrangers. Ce texte, préparé dans une totale opacité, élargit notamment la palette des types de contrats, en fonction des risques industriels, et remet à plat la fiscalité, avec notamment un taux fixe (30 %) de l'impôt sur les bénéfices et la suppression de la taxe sur les profits exceptionnels.

En Algérie, une contestation qui s'éternise

Yves Bourdillon

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