Pêche accidentelle : Pour lutter contre le phénomène, un chalut « intelligent »

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La pêche accidentelle, c’est-à-dire la prise accessoire d’espèces non ciblées représente 20 millions de tonnes de poissons selon les Nations Unies. C’est pour cela qu’une équipe de l’Ifremer de Lorient travaille depuis plusieurs années sur un chalut intelligent.

« On peut se retrouver avec un taux d’espèces accidentelles de 50% dans certaines pêcheries »

Un chalut qui permettra de trier le poisson avant même de le remonter à bord des bateaux contrairement aux chaluts classiques actuels, qui ne font pas de différence. Selon Julien Simon, ingénieur en technologie halieutique à l’Ifremer de Lorient : « un chalut est comme une grande épuisette que l’on traîne derrière le navire pendant plusieurs heures. C’est à l’aveugle donc on ne sait pas ce qui rentre dans notre chalut. On peut se retrouver avec un taux d’espèces accidentelles de 50% dans certaines pêcheries ».

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Pour la pêche à la sardine, le taux de rejet atteint par exemple 22% et 41% pour la pêche à la langoustine. Le chalut qu’il développe avec ses collègues est lui, bourré de technologie : doté de caméras, de capteurs et de logiciels d’intelligence artificielle qui permettent au filet de reconnaître en temps réel les espèces qui sont capturées. Permettant ainsi de les orienter potentiellement vers une trappe pour les relâcher. « L’idée pour nous est vraiment de travailler sur un chalut autonome ». Les espèces ciblées sont-elles, orientées vers le fond du chalut pour y rester.

 « Les poissons indésirables ne survivent pas et sont rejetés morts dans la mer »

Ce sont les pêcheurs qui déterminent à l’avance les conditions de la pêche. Le filet fait le reste et les premiers essais sur des bateaux professionnels ont eu lieu cet été avec des résultats présentés comme concluants par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer. L’enjeu est notamment de préserver la ressource car les poissons non ciblés qui sont remontés sur les bateaux sont certes rejetés à la mer mais ils sont bien souvent morts. Julien Lamothe est le directeur de l’organisation From Sud-Ouest qui regroupe une centaine d’entreprise de pêche dans le Golfe de Gascogne : « il y a quand même une quantité de poissons qui se retrouvent sur le pont et qui sont de petites tailles ou alors d’espèces pas valorisées. Ils ne survivent pas et sont rejetés morts dans la mer ».

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L’objectif est également d’éviter, pour les équipages, de trier à bord. C’est un gain de temps et c’est pour cela que Julien Lamothe suit avec beaucoup d’intérêt ce projet. Reste le sujet du prix : il y aura évidemment un surcoût estimé à 20 000 euros environ par l’Ifremer pour l’instant : « il faut attendre un peu et que les technologies mûrissent mais ce tournant technologique peut-être extrêmement intéressant pour les années à venir ». L’Ifremer va poursuivre ses recherches dans les prochaines années et élargir peut-être les espèces non ciblées à des espèces plus rares comme les dauphins. On sait que des milliers de dauphins meurent chaque année en France à cause de ces captures accidentelles. Le filet intelligent pourrait être commercialisé en 2025.

Baptiste Gaborit

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