Chef-d’oeuvre d’Edgar Degas : focus sur le Ballet

Chef-d’oeuvre d’Edgar Degas : focus sur le Ballet
Edgar Degas, Ballet (détail), dit aussi L’Étoile, 1878, pastel sur papier marouflé sur toile, 72 x 77,5 cm, Paris, musée d’Orsay

Commencez votre journée en découvrant une oeuvre d'art ! Aujourd'hui, glissez-vous dans les coulisses de l'Opéra avec l'un des plus célèbres pastels d'Edgar Degas, Le Ballet, dit aussi l'Étoile, conservé au musée d'Orsay.

À l’opéraDegas trouve non seulement d’innombrables modèles et sujets, mais aussi, du fait de l’agencement même du lieu et des dispositifs qui y sont employés, des points de vue et des éclairages insolites : rien moins, pourrait-on dire, qu’une machine à peindre. On est tenté, bien sûr, d’apprécier les œuvres qu’il y produit pour leur réalisme, voire de partager l’avis du critique Georges Rivière qui estimait, après en avoir vu à la troisième exposition impressionniste : « Vous n’avez plus besoin d’aller à l’opéra après avoir vu les pastels… »
Le tableau Ballet, d’ailleurs, y figurait. Il fait partie d’une série de pastels sur monotype commencée à l’été 1876 et est rapidement devenu l’œuvre la plus célèbre de l’artiste, la grâce de la première danseuse qui s’avance vers le premier plan, seule sur cette grande scène vide et puissamment éclairée, ayant éclipsé l’étrangeté de l’ensemble.

Edgar Degas, Ballet, dit aussi L’Étoile, 1878, pastel sur papier marouflé sur toile, 72 x 77,5 cm, Paris, musée d’Orsay

Edgar Degas, Ballet, dit aussi L’Étoile, 1878, pastel sur papier marouflé sur toile, 72 x 77,5 cm, Paris, musée d’Orsay

Procédés et artifices

Le point de vue en effet est plongeant et de ce fait, le corps de la ballerine disparaît en partie dans la blancheur éclatante et vaporeuse de son tutu, tandis qu’apparaissent les coulisses, habituellement dissimulées au regard du spectateur. Des pans de décors y sont entreposés, d’autres membres du corps de ballet y attendent leur tour d’entrer en scène et, plus étonnant encore, un homme en frac dont on ne peut que supposer la relation à cette troupe féminine. Révéler ce qui entoure le spectacle et mettre le regard en scène : voilà des procédés récurrents dans les œuvres que Degas réalise à l’opéra, montrant ainsi que ce qui l’intéresse avant tout dans ce lieu, c’est ce qui s’y joue d’artifice.

Danseuse au bouquet, 1878, pastel sur papier marouflé sur toile, 72 x 77,5 cm, Paris, musée d’Orsay.

Danseuse au bouquet, 1878, pastel sur papier marouflé sur toile, 72 x 77,5 cm, Paris, musée d’Orsay.

Réinventer le rêve

Le mouvement de L’Étoile est adressé au public, à l’instar du salut représenté dans Danseuse au bouquet où les coulisses dévoilées, les costumes et les décors signalent la machine derrière l’univers fascinant dans lequel le spectateur est immergé le temps de la représentation. La lumière est éblouissante, totalement irréelle aussi, qui transforme la scène en un espace comme éthéré, tandis que le visage de la danseuse se fait masque. Dans La Loge (The Armand Hammer Collection, Los Angeles), le public est intégré, se détachant en contrejour sur un méli-mélo de corps et de costumes de couleurs vives et chaudes, tandis qu’avec Danseuses jaunes (Institute of Art, Chicago), on pénètre dans les coulisses où les corps sont tronqués par les décors, les jambes visibles formant, à l’instar des toiles peintes à l’arrière-fond, comme une forêt. Tout ici est composition, trucs, fards, et l’usage du pastel, par son caractère volatile et son intensité chromatique et lumineuse, s’adapte particulièrement, à rendre, voire à réinventer ce rêve.

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