Et soudain, la Bourse prend conscience qu’« il y a un risque accru de reconfinement régional » en Europe
La décision du Royaume-Uni d’imposer une quatorzaine aux voyageurs venus de France et des Pays-Pays, en plus des restrictions déjà imposées à l’Espagne et la Belgique, fait chuter les valeurs du tourisme et toutes les actions des entreprises qui ont gros à perdre si de nouvelles mesures de confinement devaient être imposées en Europe.
Jusqu’à aujourd’hui, la Bourse ne s’inquiétait pas de la recrudescence des nouveaux cas de coronavirus en France, pas plus qu’elle ne s’alarmait de la hausse globale en Europe. Il a fallu que le Royaume-Uni décide, hier soir, d’imposer une quatorzaine aux voyageurs venus de France, de Monaco, des Pays-Bas et de Malte pour que les investisseurs soient obligés de regarder la situation en face, au lieu de se focaliser, comme en début de semaine, sur le ralentissement de la propagation du virus aux Etats-Unis.
Ce vendredi, le Cac 40 chute de plus de 2%, effaçant d’un coup une bonne partie de ses gains hebdomadaires. L’indice vedette parisien, qui recule davantage que l’Euro Stoxx 50 de la zone euro ou que le Stoxx 600 des grandes valeurs européennes, est entraîné par le fond par les actions des entreprises du tourisme.
Le groupe hôtelier Accor perd plus de 3%, de même qu’Airbus. En dehors du Cac 40, l’opérateur du tunnel sous la Manche Geltlink abandonne 4,5% et Air France-KLM plonge de 6,5%. easyJet décroche de 7% à la Bourse de Londres, suivi de près par la holding IAG, propriétaire de British Airways et d’Iberia, et par le tour opérateur TUI. A Dublin, Ryanair perd 5%. Lufthansa lâche 4% à Berlin. L’indice « voyage et loisir » signe la plus forte baisse sectorielle en Europe.
Laisser-aller estival
Avec 2.669 nouvelles contaminations en l’espace de 24 heures, les chiffres publiés jeudi par l’agence Santé publique France ont montré que la progression du coronavirus en France était au plus haut depuis la fin du confinement. Paris et le département des Bouches-du-Rhône sont, depuis aujourd'hui, classés en zone active de circulation du virus, ce qui autorise les préfets à prendre de nouvelles mesures de restrictions. L’Organisation mondiale de la santé s’inquiète du « lâcher-prise » estival en Europe, qui favorise la recrudescence des nouveaux cas. L’épidémiologiste Richard Peabody de l’OMS appelait hier les pays européens « à rester réactifs et appliquer les leçons tirées des premiers mois de la pandémie. »
« Si la tendance se poursuit, les voyages au sein de l'Union européenne pourraient être à nouveau sévèrement limités d'ici l'automne, craint Milan Cutkovic, analyste de marché pour le courtier AxiCorp. Et il y aussi un risque accru de reconfinement régional sur le continent. »
Outre les valeurs du tourisme, ce sont toutes les actions des entreprises qui ont le plus souffert de la crise sanitaire qui replongent aujourd’hui. Le gérant de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield dévisse de 4% (-68% depuis le début de l’année). Renault et Peugeot perdent 3%, tout comme les banques Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole.
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