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La fac, la grande école ? Non merci. Pour ces jeunes, ce sera une nouvelle école alternative

« Etudes : ils se détournent du modèle classique », épisode 3/5. À la recherche d'un parcours court, professionnalisant, et économique, certains - qu'ils soient étudiants ou déjà en poste - se tournent vers de nouvelles formations au détriment de l'université ou de la grande école.

97 % de taux d'embauche pour la jeune école Iconoclass.
97 % de taux d'embauche pour la jeune école Iconoclass. (Iconoclass)

Par Laura Makary

Publié le 27 oct. 2020 à 17:59Mis à jour le 27 oct. 2020 à 20:52

Après une licence d'économie, Joris Laîné n'arrivait plus à se projeter. Il abandonne en deuxième année, pour travailler en restauration. Intéressé par l'univers des start-ups, il envisage d'intégrer une école de commerce. « Finalement, je n'étais pas inspiré par ce choix. Je ne me voyais pas repartir pour trois années, avec beaucoup de théorie… ». Il entend alors parler d'Iconoclass, une nouvelle école sur le point de lancer un parcours de business development en quatre mois, tourné vers la pratique, qu'il termine en décembre 2019. Mi-janvier, il signe son CDI dans l'équipe sales de Doctolib. C'est pour ce type de profils que Marie Taquet, la fondatrice, a imaginé l'école. « J'étais moi-même peu scolaire. La pédagogie des business schools ne me semblait pas adaptée aux réels besoins du marché de l'emploi », explique-t-elle.

Insertion record

De plus en plus de formations de ce type fleurissent, au service d'un écosystème tech à la recherche de profils commerciaux et marketing spécialisés et opérationnels. C'est le cas de l'école Humind, qui s'apprête à diplômer sa 10e promotion en deux ans. « Notre objectif est de former de bons commerciaux, en dix semaines. Le programme est composé à 25 % de théorie, 25 % d'exercices et 50 % de projets et de cas d'application », détaille François Fillette, son fondateur. Des start-up partenaires proposent des projets. Et par la suite des emplois.

Car ces nouvelles formations revendiquent de belles insertions : 95 % de CDI à trois mois et 100 % à six mois pour Humind, 97 % de taux d'embauche pour Iconoclass. A comparer à une moyenne de 88 % d'insertion (en CDI mais aussi en CDD) après un master universitaire, chiffre mesuré par ailleurs à 18 mois de l'obtention du diplôme.

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Cyril Bouissou, lui, a choisi Rocket School, après une expérience avortée en école de commerce et une aventure entrepreneuriale. Douze semaines de cours et douze mois d'alternance plus tard, l'entreprise où il effectue son apprentissage le recrute en CDI : « L'école a été une passerelle. Si j'avais postulé pour un poste de commercial junior sans elle, j'aurais eu bien plus de difficultés. » Précisons que pour arriver à ces scores, ces établissements peuvent être très sélectifs, moins sur le dossier scolaire cependant que sur la motivation et la personnalité.

Code et programmes courts

Ce modèle existait déjà dans le code, avec des écoles promettant de devenir développeur en quelques mois. Thomas Streichenberger a opté pour le Wagon, après une école de commerce et une expérience en société de conseil qui ne l'a pas convaincu. « Je suis reparti de zéro, mais j'avais envie de travailler et je ne voulais me relancer dans une école d'ingénieurs », souligne-t-il. Sa formation de deux mois s'achève la veille du confinement. Il est chassé sur LinkedIn trois jours plus tard et signe un CDI en tant que product owner dans une start-up. Là aussi, mission (vite) accomplie.

Masterclass, cours, il existe aujourd'hui de nombreux programmes courts, souvent en ligne, dans tous les domaines. Parmi le large panel disponible, Ticket for Change propose par exemple d'accompagner des entrepreneurs et salariés souhaitant devenir « acteurs de changement ». « L'objectif est de mettre le pied à l'étrier, avec des programmes courts et opérationnels », précise Adèle Galey, la cofondatrice. Des salariés à la recherche d'une reconversion viennent ainsi établir un bilan et un plan d'action, avec suivi et échanges, pendant un week-end en présentiel, puis trois mois en ligne.

Quel financement ?

Et pour financer tout cela ? Ces formations intensives coûtent en général entre 4.000 et 7.000 euros, alors que le coût moyen d'une école de commerce s'établit à 11.000 euros. Surtout, la majorité de ces nouvelles formations peut être financée par Pôle emploi ou les Opco. En revanche, pour utiliser un CPF, le cursus doit être inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), ce qui n'est pas (encore ?) le cas de toutes. Un plus pour les finances des apprenants, mais aussi pour la reconnaissance de ces programmes émergents.

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