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La cryptomonnaie de Facebook en 7 questions

Le géant américain doit présenter mardi son projet de cryptomonnaie. En attendant son lancement prévu pour 2020, le futur « libra », conçu en partenariat avec 27 groupes, pose de nombreuses questions : comment pourra-t-on en acheter ? Comment fonctionnera-t-il ? Qui pour le réguler ?

Le futur « libra » sera notamment utilisé dans l'environnement applicatif de Facebook.
Le futur « libra » sera notamment utilisé dans l'environnement applicatif de Facebook. (Justin Sullivan/Getty Images)

Par Raphaël Bloch

Publié le 17 juin 2019 à 07:15Mis à jour le 19 juin 2019 à 18:08

La fin du suspense approche. Après plus d'un an de travail, Facebook doit présenter ce mardi le « white paper » (prospectus) de sa cryptomonnaie développée en partenariat avec 27 groupes, parmi lesquels le français Iliad (maison mère de Free). En attendant son lancement en 2020, le futur « libra » pose de nombreuses questions.

Où et comment pourra-t-on en acheter ?

Le libra est une cryptomonnaie. Logiquement, il devrait être disponible à l'achat sur les plateformes « crypto ». Parmi les 27 premiers partenaires de Facebook, il y a notamment l'américain Coinbase, la deuxième plus grosse Bourse de bitcoin de la planète. Le libra devrait aussi être disponible dans tous les portefeuilles cryptos qui voudront bien le distribuer.

Facebook et ses partenaires ne devraient pas compter que sur les spécialistes du secteur pour distribuer le libra. D'autres partenaires du projet pourraient permettre d'en acheter sur leurs sites. Des groupes comme Visa et PayPal pourraient également négocier des points d'achat physiques (cash), notamment pour toucher les populations « débancarisées ».

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VIDEO. Libra : la « petite » monnaie de Facebook qui va tout changer

Où et comment pourra-t-on en utiliser ?

Le futur libra pourra être utilisé dans l'environnement applicatif de Facebook. D'abord dans Messenger et WhatsApp, puis dans Instagram. Grâce à une application dédiée, les 2,1 milliards d'utilisateurs du réseau social pourront s'échanger des libras et acheter des produits des partenaires (Lyft, Iliad, etc.) ainsi que ceux des sociétés hors du projet qui l'accepteront.

Pour les 27 partenaires de Facebook, les situations sont variables. En acceptant le libra, eBay, Uber et Spotify devraient profiter d'un accès privilégié au gigantesque parc d'utilisateurs du réseau social. De leur côté, des sociétés comme MasterCard ou Stripe devraient se tourner vers la fourniture aux entreprises de services financiers basés sur l'écosystème du libra.

Combien vaudra le libra ?

Impossible pour le moment de le savoir. Ce qui est sûr c'est que le libra sera indexé sur un panier de devises, selon le principe du « 1 pour 1 ». L'objectif ? Eviter les fluctuations comme celles constatées avec les autres cryptomonnaies (bitcoin, ether, etc). Pour assurer cette stabilité, Facebook et ses partenaires ont décidé de prendre les monnaies jugées les plus solides.

A ce stade, les 28 partenaires auraient au moins choisi quatre monnaies : le dollar, l'euro, la livre sterling et le yen. A terme, le yuan pourrait être ajouté. Au fur et à mesure que les utilisateurs achèteront des libras, les 28 partenaires accumuleront des devises dans une « réserve » gérée par la fondation suisse « Libra ».

C'est en effet la fondation basée à Genève et dirigée par tous les membres du réseau, qui devrait calculer la valeur moyenne du libra (par rapport aux paniers de devises). On ne sait toutefois pas encore selon quelles modalités le géant américain et ses partenaires vont gérer cette « parité » et les monnaies hors devises de référence, comme le bolivar vénézuélien ou le peso argentin.

Qui pourrait réguler le libra ?

C'est sans doute l'une des plus grosses inconnues du projet, car le libra est un ovni financier. Facebook et ses partenaires ont beaucoup consulté les régulateurs, et discuté avec les banquiers centraux, notamment ceux dont la devise devrait alimenter le panier de réserve (Réserve fédérale américaine, Banque centrale européenne, Banque d'Angleterre et Banque du Japon). Rien n'a filtré pour l'instant.

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Ce que l'on sait c'est que le libra ne sera pas contrôlé directement par Facebook et ses 27 partenaires. C'est la fondation suisse « Libra », qui en aura la charge. Pour monétiser le libra, Facebook, Uber et autres géants vont vraisemblablement lancer des applications et des produits financiers basés sur l'écosystème du libra. Si Facebook et ses partenaires veulent lancer de telles offres, une licence auprès des régulateurs devrait être nécessaire. Le voudront-ils ?

A l'heure actuelle, le réseau social dispose d'un agrément d'établissement de monnaie électronique délivré en juillet 2018 par la Banque d'Irlande. Cet agrément a été accordé à l'entité Facebook Payments International et lui permet de proposer le service dans l'ensemble de l'espace économique européen.

Comment Facebook et ses partenaires vont-ils gagner de l'argent ?

Presque aucune information n'a fuité sur le sujet. Mais le projet n'est évidemment pas philanthropique. Si l'utilisation du libra devrait être gratuite comme pour les monnaies traditionnelles - ne serait-ce que pour faciliter son adoption - Facebook et ses partenaires devraient en revanche tirer de juteux bénéfices d'un tel écosystème.

Facebook devrait avoir différentes sources de revenus : d'abord l'augmentation de ses recettes publicitaires grâce à un marché (2,1 milliards d'utilisateurs) particulièrement séduisant pour les entreprises. Le groupe est en relation avec 90 millions de sociétés qui seront ravies de mettre en avant leurs produits que les utilisateurs pourront acheter en direct sur les applications du réseau social.

Le groupe de Mark Zuckerberg et ses partenaires devraient aussi développer des « services financiers » (portefeuilles, paiement, etc) et des applications axés autour du libra. A terme, selon nos informations, certains groupes comme Facebook pourraient même proposer des produits payants proches de ceux des banques (crédit par exemple).

Quelle protection pour les données personnelles ?

C'est une question fondamentale, tant la gestion des données personnelles est devenue un enjeu majeur ces dernières années. Depuis mars 2018 et l'explosion de l'affaire Cambridge Analytica, Facebook est secoué par des scandales à répétition. Pour que d'autres géants aient décidé de s'associer à Mark Zuckerberg, c'est qu'ils ont eu des garanties.

La fondation en Suisse ne doit d'ailleurs pas y être étrangère : c'est cette structure qui devrait gérer le libra, et donc les données des utilisateurs (identité notamment) qui lui sont liées. Théoriquement aucun des groupes partenaires ne devrait pouvoir accéder aux données financières des utilisateurs du libra.

Quelle différence avec le bitcoin ?

Si le bitcoin et le libra sont des « cryptomonnaies » (la nature du libra ne fait pas l'unanimité), tout les oppose en réalité. D'abord le type de blockchain : alors que Bitcoin est une blockchain publique, c'est-à-dire ouverte et décentralisée, la blockchain Libra est, elle, « privée ». C'est une blockchain « permissionnée » où seuls les acteurs autorisés - les 28 partenaires - peuvent se connecter.

La vitesse de circulation des deux cryptomonnaies est également très différente. Même si de nombreuses technologies - à l'instar du Lightning Ntework - se développent, le bitcoin est encore un peu « lent ». Les transactions prennent plus de 10 minutes, notamment parce que l'architecture, plus robuste, est aussi moins agile. De leur côté, Facebook et ses partenaires veulent réussir à opérer des transactions instantanées, ce qu'une blockchain privée permet plus facilement.

Enfin, la taille du marché les oppose également. Actuellement, un peu plus de 30 millions de personnes possèdent du bitcoin, pour un montant équivalent à 175 milliards de dollars. Même si l'arrivée de Facebook devrait booster le marché du bitcoin, celui du libra paraît déjà beaucoup plus mature : dès son lancement, en 2020, le libra pourrait être acheté et utilisé par les plus de 2,1 milliards d'utilisateurs du réseau social américain et de ses partenaires. De quoi largement dépasser les 175 milliards de dollars du bitcoin.

Pour aller plus loin, rejoignez « Les Echos Cryptoclub »

Raphaël Bloch (avec E.Le)

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