Présidentielle 2022 : Comment Emmanuel Macron mise sur l’Europe pour se faire réélire

C’est un des temps fort de la semaine : le discours d’Emmanuel Macron aura lieu mercredi 19 janvier en fin de matinée à Strasbourg pour présenter la Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne devant le Parlement européen. Le chef de l’Etat travaille dessus depuis des semaines et il a l’intention d’en faire un marqueur politique.

« Les valeurs de l’Europe nécessitent d’être défendues parce qu’elles sont assiégées »

J’ai pu échanger avec l’un de ceux, à l’Elysée, qui travaillent à la rédaction de ce discours. Voilà ce qu’il m’a dit : « outre les aspects contraints, c’est-à-dire rappeler les priorités de la PFUE, son discours portera sur l’identité européenne. Il essaiera de répondre à la question : qu’est-ce qu’être Européen ? ». L’identité, voilà un sujet qui inspire le président de la République. Surtout que ses adversaires d’extrême-droite, Marine Le Pen et Eric Zemmour, et lui n’auront pas la même définition de cette identité. C’est précisément pour cela que le chef de l’Etat a l’intention d’en faire un marqueur. Ce clivage, Emmanuel Macron est persuadé qu’il sera au cœur de la campagne présidentielle qui débute. Il a l’intention de l’entretenir parce qu’il pense que sa vision à lui – d’une identité française détendue et optimiste parce qu’ouverte sur l’Europe et le monde – reste majoritaire dans le pays et qu’elle lui permettra donc d’être réélu. Son conseiller reprend, je cite à nouveau : « La PFUE intervient à un moment où les valeurs de l’Europe (liberté, humanisme, lumières, raison) dont on pensait qu’elles s’imposaient comme une évidence, ne sont en fait plus des évidences. Elles nécessitent d’être défendues parce qu’elles sont assiégées ».

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Prenons le week-end qui vient de s’écouler : une équipe de reporters de l’AFP a échappé de justesse au lynchage dans une manifestation anti-passe organisée par Florian Philippot. Leurs agents de sécurité ont été blessés à coups de matraque. Quand est-il devenu normal que les journalistes aient besoin d’être accompagnés par des agents de sécurité pour faire des reportages en plein Paris ? Quelques rues plus loin, des témoins ont observé des dizaines de jeunes hommes brandissant le bras. Un geste aux allures de salut hitlérien dans les rues de la capitale et ce, sans problème. Toujours ce week-end, Eric Zemmour a proposé que l’on exclue les enfants handicapés des salles de classes provoquant le tollé de la quasi-totalité de ses adversaires. Parce que la façon dont une société se comporte vis-à-vis des personnes handicapées est un sujet civilisationnel. D’ailleurs Emmanuel Macron qui refuse d’habitude de réagir, a fait savoir dans le Parisien ce qu’il en pensait. Devant des proches, le président a jugé qu’on « ne peut se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes. Une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise. Une nation qui, par-delà les sensibilités politiques, a toujours su faire des différences une richesse et une force ». Voilà posés les termes de la bataille qui vient. Il ne reste plus qu’à Emmanuel Macron de se déclarer candidat pour passer des propos rapportés à ceux de tribune.

David Doukhan 

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