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Analyse et Stratégie

Ce que nous dit le fiasco de WeWork sur les risques d’une nouvelle crise systémique

La prochaine crise systémique pourrait être déclenchée par des faillites en chaîne d’entreprises fortement endettées, incapables de rembourser. 

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Ce que nous dit le fiasco de WeWork sur les risques d’une nouvelle crise systémique | Crédits photo : Open Grid Scheduler / CC0 1.0 (Open Grid Scheduler / CC0 1.0)
Publié le 22 oct. 2019 à 16:47

C’était avant que l’on sache que le géant de la location d’espaces de coworking WeWork n’était plus valorisé que 8 milliards de dollars. Vendredi, lors d’un point stratégique mensuel, le cabinet d’analyses Aurel BGC s’inquiétait de la « mésaventure » de Goldman Sachs avec WeWork, qui montrait ô combien « on mesure assez mal ce qu’il y a dans le bilan des entreprises non bancaires ».

Le fiasco de ce qui devait être l’une des plus grosses introductions en Bourse de l’année a laissé des traces dans les comptes de la banque américaine ! Il y a tout juste une semaine, Goldman Sachs annonçait des dépréciations d’actifs dans son portefeuille de « private equity ».  Des « réévaluations négatives », selon les mots de la direction, « incluant environ 80 millions de dollars liés à la position dans la We Company. »

Pour les économistes Christian Parisot et Jean-Louis Mourier, « le risque d’une crise systémique est toujours là. » Simplement, cette fois, la crise « ne viendrait pas des banques », mais serait provoquée par des problèmes de remboursement de dette à grande échelle, eux-mêmes précipités par une baisse d’activité générale.

Plus de faillites que lors de la dernière crise

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La semaine dernière, dans son dernier rapport semestriel sur la stabilité financière, le Fonds monétaire international s’inquiétait de l’impact du ralentissement économique sur les entreprises qui, profitant des taux d’intérêt, se sont fortement endettées. Qui dit moins d’activité, dit moins de rentrées d’argent et, pour les plus fragiles, des difficultés à rembourser. Au bout de la démonstration ? La faillite, celle du voyagiste Thomas Cook ou des compagnies XL Airways et Aigle Azur ; pour des problèmes plus structurels (forte concurrence, inadaptation aux nouveaux modes de consommation, à l’évolution des goûts des clients) que conjoncturels, il est vrai. Hier, le plus gros détaillant américain de vêtements de grossesse, Destination Maternity, avec 450 magasins aux Etats-Unis, annonçait son placement sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites. La faute à la concurrence du online et à la baisse des grossesses.

« La mauvaise gestion d'une entreprise n'a pas forcément de conséquence en période de croissance, mais dès que l'économie ralentit elles se retrouvent en faillite », avertissait fin septembre le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, dans une interview à l’AFP, à l’occasion de la sortie de son livre « Peuple, pouvoir & profits ». Le FMI calcule qu’« en cas de ralentissement marqué de l’activité, dans le plus sombre des scénarios, 40% de la dette des entreprises dans les huit plus grandes économies, soit 19.000 milliards de dollars (un peu plus de 17.000 milliards d’euros), seraient exposés à un risque de défaut, soit plus que le niveau observé durant la dernière crise financière… » Evidemment, les banques n’en sortiraient pas indemne. Mais, cette fois, elles tiendraient le rôle de victimes collatérales, après avoir été les têtes d’affiche de la crise des subprimes.

« Les taux très bas, voire négatifs parfois en Europe ou au Japon, poussent les investisseurs à prendre de plus en plus de risques », rappelle Christian Parisot. C’est l’« effet Tina. » Pas Tina, la drogue. Tina, l’acronyme. « There Is No Alternative ». Voilà pourquoi la Bourse continue de monter, que Wall Street est au plus haut, malgré la baisse des bénéfices. Voilà aussi pourquoi, sur le marché obligataire, des investisseurs vont jusqu’à payer pour prêter de l’argent à des entreprises qui ont un gros risque de faillite. Du « haut rendement » négatif, la finance tient son chef d’œuvre de l’oxymore. Mais même sans aller aussi loin, Christian Parisot constate que les investisseurs obligataires « accumulent les risques dans leur bilan. » Par exemple, « les assureurs vont plus loin dans la courbe, ils augmentent le risque de duration, ce qui accroît les risques sur les fonds propres. » Et l’économiste de raconter : « Les taux négatifs commencent fortement à travailler les investisseurs. Un client nous a demandé si on avait des documents qui expliquaient comment les japonais avaient survécu toutes ces années. »

ME

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