Climat : les émissions de CO2 affichent leur plus forte hausse depuis sept ans
C'est ce que constate le rapport sur l'énergie dans le monde publié par BP. Le géant pétrolier s'inquiète du fait que plus les émissions augmentent, plus les mesures nécessaires pour les enrayer sont coûteuses. La Chine, l'Inde et les Etats-Unis ont compté pour les deux tiers de la croissance de la demande d'énergie.
Par Claude Fouquet
Mauvaise nouvelle pour la planète. En dépit d'une nouvelle accélération dans les énergies renouvelables comme l'éolien et le photovoltaïque, les émissions de CO2 ont augmenté de 2,0 % dans le monde en 2018, selon BP. Plus inquiétant encore, selon le géant pétrolier : cette hausse est la plus forte enregistrée depuis 2010-2011. Et elle intervient alors que, ces dernières années, les émissions avaient progressé plus lentement, voire stagné. Un constat alarmant, qui confirme celui fait en mars par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
« Il est évident que le rythme actuel n'est pas compatible avec les objectifs climatiques » définis notamment par l'accord de Paris sur le climat de 2015, qui vise à limiter le réchauffement à +2ºC (voire à 1,5ºC) par rapport au niveau de la Révolution industrielle, s'alarme Bob Dudley, le PDG de BP. Et il ne cache pas son inquiétude, soulignant que plus les émissions de CO2 augmentent, plus les mesures nécessaires pour les enrayer seront coûteuses.
La demande d'énergie au plus haut depuis 2010
De fait, « il existe un décalage de plus en plus grand entre l'exigence d'actions contre le changement climatique dans nos sociétés et les progrès réalisés en la matière, avec une demande d'énergie et une hausse des émissions carbone au plus haut depuis des années », souligne de son côté Spencer Dale, économiste en chef de BP.
Car avec une hausse de 2,9 %, la demande d'énergie mondiale affiche le taux de croissance le plus élevé depuis 2010. Une tendance largement menée par la consommation toujours forte d'énergies fossiles. Si la consommation et la production d'énergie renouvelable ont augmenté de 14,5 %, elles ne représentent que le tiers de la hausse totale de la demande énergétique. Une part quasi inchangée au fil des ans.
Dans le même temps, la consommation de gaz naturel a progressé de 5 % en 2018 (un des taux les plus élevés depuis 30 ans), tandis que l'offre mondiale de pétrole a augmenté de 2,2 millions de barils par jour (bpj), soit plus du double de sa moyenne historique. Quant au charbon, sa consommation a progressé de 1,4 % et sa production de 4,3 %, après deux années de baisse.
La Chine, les Etats-Unis et l'Inde montrés du doigt
De ce fait, l'équilibre entre les différentes formes d'énergies utilisées au niveau mondial reste « désespérément » inchangé, souligne encore Spencer Dale. Et ce, malgré une croissance économique moindre qui aurait logiquement dû peser sur la consommation.
Mais dans les faits, une forte augmentation du nombre des journées exceptionnellement chaudes et froides dans le monde, notamment en Chine, aux Etats-Unis et en Inde, a entraîné une hausse de la consommation des radiateurs et des climatiseurs. Ces trois pays ont ainsi compté pour les deux tiers environ de la croissance de la demande d'énergie, souligne BP, qui rappelle notamment qu'aux Etats-Unis, le nombre global de journées de chauffage et de climatisation a été le plus élevé depuis les années 1950.
Claude Fouquet