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« Nous confirmons nos objectifs à 2018 et 2019 »

Le numéro un mondial de l’eau et des déchets a annoncé jeudi ses résultats 2017, bien accueillis. Son président les analyse et rappelle ses objectifs.

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Antoine Frérot, PDG de Veolia Environnement (Patrick Lazic)
Publié le 23 févr. 2018 à 17:35
Antoine Frérot , PDG

Comment s’est finie l’année 2017 ?

Elle s’est bien terminée, sur un rythme qui s’est encore accéléré par rapport au troisième trimestre pour tous nos indicateurs. Le chiffre d’affaires a progressé de 4,4 % à périmètre et taux de change constants au quatrième trimestre, après 3,1 % au troisième, et de 3,5 % sur l’ensemble 2017. Nous avons connu un très bon dernier tri­mestre, qui nous lance sur une bonne trajectoire pour 2018. Deux éléments l’expliquent. Fin 2016, tout d’abord, nous avons décidé de renforcer de 40 millions d’euros nos moyens commerciaux et d’avoir une organisation plus resserrée et proactive. La météo favorable nous a aidés, mais, grâce à cette relance commerciale, surtout, nous avons pu renouveler nos contrats et en gagner d’autres, dans nos trois métiers : l’eau, les déchets et les services à l’énergie. Sur le plan géographique, la croissance est essentiellement venue du reste du monde, en progression de 6,7 % sur l’année à périmètre et taux de change constants.

Pour l’Europe hors France, la hausse a été de 3,9 %, mais le chiffre d’affaires s’est aussi amélioré en France, de 1,8 %. Début 2017, par ailleurs, j’avais évoqué un certain nombre de vents contraires, comme des indexations tarifaires négatives pour l’eau, notamment en France. Nous avons réagi très rapidement et avons pu ­compenser ces contraintes par des économies, le deuxième pilier de notre stratégie. Nous avons remonté nos objectifs de réduction de coûts de 200 à 250 millions pour 2017 et à 300 millions pour 2018. Elles ont atteint 255 millions l’année passée. Il a fallu s’investir, mais Veolia est devenu un groupe réactif dans l’ensemble des pays où nous ­opérons.

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Quelle a été l’incidence de l’accélération de la croissance et du plan d’économies sur les résultats? Les objectifs du groupe visaient une «croissance modérée» de l’Ebitda*.

Sa hausse a été plus que modérée ! Il a augmenté de 5,2 % au quatrième trimestre à changes constants et de 2,7 % pour l’année. A devises courantes, sa progression est encore de 2 %. Les autres indicateurs en découlent directement, dont le bénéfice net courant, en hausse de 4,4 %. Cela va nous permettre d’augmenter le dividende pour la troisième année consécutive. Il était de 0,80 € pour 2016 ; nous proposons de le ­porter à 0,84 € pour 2017. Je voudrais souligner aussi que la croissance s’est effectuée à capitaux engagés constants. La dette financière nette est restée stable, à 7,8 milliards d’euros, grâce à un free cash flow de 655 millions. Cette génération de trésorerie était une question il y a encore trois à quatre ans : est-ce qu’elle peut permettre de couvrir le dividende et, avec le ­surplus, de réduire la dette ? Nous apportons aujourd’hui la preuve que Veolia, avec ses métiers et dans sa configuration actuelle, est capable de générer une croissance de son chiffre d’affaires et de ses résultats sans augmenter ses capitaux employés.

Comment se présente 2018? Voyez-vous venir de nouveau des vents contraires ?

Nous confirmons complètement nos objectifs pour 2018 et 2019, soit, pour cette année, 300 millions d’euros de réductions de coûts, et une croissance du chiffre d’affaires et de l’Ebitda plus soutenue qu’en 2017. Pour 2019, nous maintenons l’objectif d’un ­Ebitda compris entre 3,5 et 3,7 milliards. Les vents contraires ne préviennent pas avant de surgir ! Mais ceux que nous voyions en début d’année dernière ont disparu, comme l’absence d’inflation et certains ­risques politiques. Nous constatons également des éléments de contexte favorables : la production industrielle en Europe, dont dépendent nos activités dans les déchets, est en amélioration. L’inflation est aussi mieux orientée, nous allons pouvoir bénéficier en 2018 d’une indexation des tarifs légèrement positive pour l’eau, mais aussi pour les services à l’énergie. Cela va mieux également dans les travaux. En revanche, le prix des matériaux recyclés a fortement baissé depuis quelques mois et l’augmentation des cours des énergies primaires ne pourra être répercutée dans nos prix qu’en 2019.

Pouvez-vous nous expliquer le revers subi le 16 février au Gabon, où la SEEG, votre filiale (détenue à 51 %) de production et de distribution d’eau et d’électricité, a été réquisitionnée, selon les termes du ministère de l’Eau et de l’Energie ?

Des hommes en armes sont entrés dans l’entreprise et en ont expulsé les dirigeants. Le contexte politique est fébrile au Gabon depuis l’élection présidentielle et en prévision des élections législatives, mais c’est une expropriation pour laquelle nous irons devant les tribunaux. Le contrat de concession avait été renouvelé en juillet 2016 pour cinq ans supplémentaires. Cette société, qui dessert l’ensemble du territoire gabonais, est l’une des meilleures en Afrique. En vingt ans, nous avons triplé le nombre de personnes raccordées aux réseaux d’eau et d’électricité. Les conséquences sont assez modestes sur les résultats de Veolia : la SEEG pesait pour 306 millions d’euros sur le chiffre d’affaires et pour 2,6 millions seulement sur le bénéfice net. Mais c’est un très mauvais signal pour les investisseurs et c’est l’ensemble des pays africains qui risque d’en subir les conséquences.

Comptez-vous en rester à une politique d’acquisitions de taille modeste ?

Nous ne prévoyons pas de grosse opération pour l’instant. Notre stratégie repose sur une croissance majoritairement interne, complétée par de petites acquisitions ciblées. La première a représenté 70 % de la croissance du groupe en 2017 et les deuxièmes 30 %. Nous voulons d’abord montrer que Veolia peut générer une croissance régulière et apporter la preuve de la solidité financière de l’entreprise avant d’aller plus haut et plus fort.

* Excédent brut d’exploitation.

LA QUESTION QUI DÉRANGE

Quelles sont les incidences de la réforme fiscale américaine sur les comptes ?La réforme fiscale nous pénalise. Elle nous coûte 37 millions d’euros. Nous avons encore des impôts différés actifs hérités de notre filiale US Filter il y a quinze ans. Ces reports déficitaires en cours étaient valorisés à un taux d’imposition de 35 %, qui a été ramené à 21 %. C’est une perte seulement comptable, mais elle doit passer par le compte d’exploitation.

Propos recueillis par Cécile Le Coz

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