15 mois après la double explosion du port de Beyrouth, l’ancien Premier ministre, Hassan Diab, est convoqué aujourd’hui devant les juges en charge du dossier. Cette explosion survenue le 4 août 2020 avait plongé le pays, déjà fragilisé économiquement, dans une crise non seulement économique mais également politique et sociale, accentuée par la pandémie.
Avec 170% d’inflation sur un an : la livre libanaise ne vaut quasiment plus rien
Aujourd’hui, 80% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté et subit des pénuries de médicaments, d’électricité et de carburant. Les Libanais ne voient toujours pas la lumière au bout du tunnel. Avec 170% d’inflation sur un an, la livre libanaise ne vaut quasiment plus rien et les Libanais se serrent la ceinture comme en témoigne Sami. Ce trentenaire est pourtant cadre à Beyrouth : « pour l’essence les 20 litres coûtent 300 000 livres, une boîte de Nescafé vaut 120 000 livres. Il y a beaucoup de personnes qui ont un salaire de 1,5 million de livres, une boîte de Nescafé équivaut donc à 10% de ce salaire ». Malgré la formation d’un nouveau gouvernement, le pays tangue toujours entre paralysie et navigation à vue, laissant une population sans perspective.
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« On a déjà explosé socialement mais jusqu’où va-t-on arriver ? C’est traumatisant de se réveiller chaque jour avec ce stress et se demander ce qu’il va se passer » clame Sami. Dans ce contexte, les tensions politiques sont au plus haut. Les partis chiites en tête desquels, le Hezbollah, accusent le juge d’instruction chargé de l’explosion du port de Beyrouth de politiser son enquête, crispant les débats et créant une situation de quasi-guerre civile selon le politologue Amine Bou Ezzedine : « ça pourrait éclater à tout moment, les gens n’ont plus rien à perdre. Ils sont prêts à mener cette guerre pour se débarrasser du responsable actuel ». La solution pourrait venir de l’étranger : l’Iran et l’Arabie saoudite veulent éviter à tout prix que la région ne s’embrase et seraient décidés à faire pression pour pousser les acteurs libanais à enfin trouver une porte de sortie.
Eric Kuoch
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