Vaccin anti-Covid : « Sanofi est prêt à fabriquer pour un concurrent » affirme Agnès Pannier-Runacher

Agnès Pannier-Runacher était l’invitée politique de Bernard Poirette ce vendredi 15 janvier. La ministre déléguée chargée de l’Industrie a justifié la mise en place par le gouvernement du couvre-feu à 18h et a abordé la question de la production du vaccin anti-Covid par d’autres laboratoires sous licence par Sanofi, tout en relativisant ce que beaucoup qualifient être un échec de l’industriel français.

Agnès Pannier-Runacher : « La circulation du Covid-19 tend à ralentir dans les départements où le couvre-feu à 18h est en vigueur »

Selon Agnès Pannier-Runacher, « ce qui conduit à élargir le couvre-feu à 18h » sont les chiffres évoqués la veille par le Premier Ministre Jean Castex. D’après ces chiffres, « la circulation du virus tend à ralentir dans les départements où le couvre-feu est en vigueur et s’accélère dans les départements où il n’y a pas de couvre-feu », la ministre en conclue donc « une efficacité de la mesure ». Au sujet des critiques concernant la généralisation du dispositif à l’ensemble du territoire national, Agnès Pannier-Runacher rappelle « qu’il n’y a pas de frontières entre les départements, le virus circule », en prenant en exemple « la Bretagne qui a un taux d’incidence plus faible que la Région Grand Est a une croissance bien plus élevée de ce taux ».

A lire aussi

La ministre déléguée chargée de l’Industrie a également rapidement évoqué un autre sujet brûlant concernant l’économie, le potentiel rachat de Carrefour par les Canadiens de Couche-Tard. Tenant à rappeler que Carrefour étant un distributeur et non un industriel, Bruno Le Maire est le ministre en première ligne sur ce sujet, Agnès Pannier-Runacher a néanmoins rappelé la ligne gouvernementale concernant les rachats étrangers : « le renforcement de notre arsenal juridique permet de demander des contreparties quand l’opération n’est pas en bénéfice des Français ». Une « position constante » permettant de s’armer « contre la prédation étrangère ».

 

Agnès Pannier-Runacher : « Sanofi n’a que trois mois de retard, c’est une performance extraordinaire »

Agnès Pannier-Runacher se réjouit de ce que Bernard Poirette qualifie d’un « basculement de l’opinion des Français pour le vaccin » et analyse cela par « la prise de conscience de toutes les sécurités mises dans le processus de vaccination ». A ce sujet, la ministre détaille le travail de l’autorité de validation européenne basée à Amsterdam qui garantit « le meilleur niveau de sécurité pour les Européens », et explique que « cette unique institution valide les vaccins pour 450 millions de citoyens », ce qui permet de « moins faire perdre de temps aux laboratoires ». Ainsi, ce sont deux nouveaux vaccins (AstraZeneca et Janssen) qui « seraient susceptibles d’avoir des autorisations de mise sur le marché dans les semaines qui viennent ».

A lire aussi

 

Concernant le retard de Sanofi dans la production du vaccin, la ministre déléguée à l’Industrie souhaite « remettre les choses en perspective » en rappelant que « 3 mois de retard » restent tout de même « une performance extraordinaire ». Questionnée sur l’éventualité de fabriquer le vaccin d’autres laboratoires sous licence, Agnès Pannier-Runacher précise les nombreuses spécificités techniques que la mise en place d’un tel processus impliquerait : « ont-ils les capacités de fabrication ? En combien de temps peuvent-ils développer cette fabrication ? ». Cependant, en rapportant les propos de Paul Hudson, PDG de Sanofi qui déclarait que cette course au vaccin était leur « Seconde Guerre Mondiale », la ministre démontre l’implication des laboratoires et la nature « d’un moment très inédit ». Les industriels seraient « prêts à fabriquer pour un concurrent » dans des temps records : « ces transferts technologiques prennent 12 à 18 mois en temps normal, durée qui peut être rapportée à 3 à 5 mois dans ce contexte ».

Rémi Monti

 

 

Retrouvez les interviews politiques