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Le PS divisé malgré l'unité de façade

Miné par les divisions, le parti à la rose a évité la catastrophe lors de son congrès à Marseille. Mais la nouvelle direction devra prouver son efficacité.

Nicolas Mayer-Rossignol (à gauche) et Olivier Faure (à droite) ont finalement trouvé un accord lors du 80e congrès du PS, à Marseille. Mais il devra vivre dans la durée.
Nicolas Mayer-Rossignol (à gauche) et Olivier Faure (à droite) ont finalement trouvé un accord lors du 80e congrès du PS, à Marseille. Mais il devra vivre dans la durée. (CLEMENT MAHOUDEAU/A)

Par Grégoire Poussielgue

Publié le 29 janv. 2023 à 14:15Mis à jour le 29 janv. 2023 à 17:02

C'est sans doute Paul Magnette, le président des socialistes belges, qui a le mieux résumé la situation chez ses collègues et amis du Parti socialiste (PS) français. Invité à s'exprimer lors de la dernière journée du 80e congrès du parti à la rose, qui s'est tenu le week-end dernier à Marseille, celui qui est aussi bourgmestre de Charleroi a avoué avoir eu « un peu peur » et salué le « miracle de Marseille ».

Le PS est passé au bord de la catastrophe. Après une semaine de disputes et d'invectives à la suite du vote des militants pour élire leur premier secrétaire - le sortant, Olivier Faure, a gagné d'une courte tête face au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, au terme d'un scrutin entaché de fraudes et d'irrégularités - les deux candidats ont fini par arracher un accord. Après une ultime nuit de négociations dans le palais du Pharo, à Marseille, il a été dévoilé samedi.

Olivier Faure reste premier secrétaire tandis que Nicolas Mayer-Rossignol devient premier secrétaire délégué. Johanna Rolland, maire de Nantes et soutien d'Olivier Faure, est également nommée première secrétaire déléguée. Il aura fallu l'implication de plusieurs figures du parti et de la gauche, comme la maire de Lille, Martine Aubry, ou l'hôte du congrès, le maire de Marseille, Benoît Payan, et de nécessaires gestes des deux protagonistes l'un envers l'autre pour que le protocole soit signé. « Nous avons fait un choix, faire ensemble plutôt que les uns contre les autres », s'est félicité Olivier Faure lors de son discours de clôture en s'adressant à son rival.

Deux gagnants ou deux perdants ?

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Deux gagnants ou deux perdants ? L'histoire le dira. Olivier Faure a réussi l'essentiel : conserver les rênes du parti, même si sa ligne n'a pas recueilli la majorité des voix des militants. Nicolas Mayer-Rossignol peut se féliciter d'avoir réalisé une percée spectaculaire et de se retrouver étroitement associé à la direction, même s'il n'a pas obtenu la direction collégiale qu'il appelait de ses voeux. Avec Johanna Rolland, les deux hommes devront composer pour que cette nouvelle direction ne vire pas à la cacophonie.

Après la signature du protocole d'accord, l'un comme l'autre ont joué l'apaisement, évoquant, dans leurs prises de parole, la nécessaire « unité » ou l'impératif « rassemblement » pour que le PS sorte de cette crise. Mais la bataille entre celui qui dirige le parti depuis 2018 et le maire de Rouen, qui a lancé son courant baptisé « Refondations » en octobre 2022, laissera des traces.

Pendant plusieurs jours, dans une ambiance franchement hostile, les soutiens des deux camps sont allés loin dans les accusations réciproques. « Il y a eu des mots blessants, des désaccords surjoués, et une dernière semaine où de nombreux militants se sont sentis insultés, pas respectés », a concédé Olivier Faure.

La lutte a aussi révélé au grand jour les profondes divergences stratégiques au sein du parti, qui peine à se remettre de la déroute d'Anne Hidalgo (1,7 % des suffrages) à l'élection présidentielle du printemps 2022. Le PS se retrouve marginalisé à gauche face à la toute-puissante France insoumise et son leader, Jean-Luc Mélenchon, qui avait claqué la porte du parti en 2008.

Unanimité contre la réforme des retraites

Olivier Faure est un fervent partisan de la Nupes, l'alliance mise en place à gauche pour les élections législatives dont il a négocié les termes, même s'il a pris soin de rappeler dans son discours de clôture que le PS n'était pas « soumis ». Nicolas Mayer-Rossignol, qui a le soutien de plusieurs poids lourds comme le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, sans oublier l'ancien président François Hollande, la voit avec plus de distance voire d'hostilité.

L'accord trouvé à Marseille pour réconcilier les deux camps n'a pas manqué de faire grincer quelques dents en interne. « Le PS était dans la souffrance. Il est dans le brouillard. La clarification est différée, pas réglée », a réagi sur France Info l'ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

Pour le PS, heureusement que la réforme des retraites est là. Elle permet aux différentes lignes du parti d'oublier les rancoeurs et de se retrouver sur une bataille commune et unanime contre le projet porté par Emmanuel Macron et son gouvernement. Mais après la bataille des retraites, le PS reviendra dans le dur.

Grégoire Poussielgue (Envoyé spécial à Marseille (Bouches-du-Rhône))

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