Sous-marins australiens : La France et les Etats-Unis brouillés après la rupture du contrat

Il n’y aura pas de soirée de gala ce soir à l’ambassade de France à Washington. Elle était destinée à commémorer une bataille navale décisive de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, mais elle finalement été annulée. Il faut dire que Paris ne décolère pas après la rupture par l’Australie d’un contrat de livraison de 12 sous-marins qui devaient être produits par le français Navalgroup.

« Le ton est infiniment plus policé, mais ça ressemble beaucoup à l’unilatéralisme brutal qu’on a subi pendant 4 ans, de la part de Donald Trump »

Ce contrat s’élevait à 35 milliards d’euros dont 8 pour la France, qui voit dans cette rupture la main des Etats-Unis. Ce sont eux qui livreront des sous-marins à propulsion nucléaire aux Australiens, à la faveur d’une nouvelle alliance avec conclue également avec la Grande-Bretagne. Un coup que la France n’avait pas vu venir, et qui vient brouiller les relations avec les Etats-Unis. La Maison-Blanche l’affirme, Paris avait été prévenu en amont de cette nouvelle alliance entre Washington, Londres et Canberra. Faux, rétorque la France dont le gouvernement dénonce les mauvaises manières de ses alliés. Pour le politologue Jean-Éric Branaa, spécialiste des Etats-Unis, cette initiative traduit pourtant l’évolution des priorités américaines, c’est-à-dire « stopper l’hégémonie chinoise » pour l’intérêt des citoyens américains, au détriment de ses partenaires.

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« Ils sont malmenés, car ils n’ont pas bien analysé qu’il y avait un revirement dans la politique internationale américaine » poursuit-il. Quoiqu’il en soit, la méthode est brutale et elle prend de cours les Français, explique Annick Cizel, spécialiste de politiques étrangères des Etats-Unis à l’université de Sorbonne-Nouvelle : « le ton est infiniment plus policé, mais ça ressemble beaucoup à l’unilatéralisme brutal qu’on a subi pendant 4 ans, de la part de Donald Trump ». « Nous n’apprenons plus les décisions des Etats-Unis par tweet », insiste-t-elle, « mais nous sommes mis devant le fait accompli. La gifle est cinglante ». Pour certains, la méthode américaine n’est pas étrangère à la volonté européenne, portée par la France de promouvoir une plus grande autonomie stratégique de l’Union Européenne.

Marc Teddé

Ecoutez le reportage de Marc Teddé, à 3′ :

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