Epilepsie : Pourquoi les chercheurs étudient les effets des sonates pour piano de Mozart ?

Écouter une sonate de Mozart pour combattre l’épilepsie: cette piste n’est pas nouvelle, mais une équipe de chercheurs américains pense avoir identifié les mécanismes que ce type de morceau de musique semble déclencher dans le cerveau des patients atteint de  cette affections neurologiques dont près de 50 millions de personnes sont atteintes dans le monde.

« L’effet Mozart » sur les épileptiques est étudié depuis 20 ans

Depuis 20 ans, plusieurs travaux ont mis en avant les vertus supposées de la sonate pour 2 pianos en ré majeur (K.448) de Wolfgang Amadeus Mozart pour les épileptiques, en mesurant l’activité électrique de leur cerveau. C’est ce qu’on a appelé « l’effet Mozart ». Mais des chercheurs américains disent être allés plus loin. « L’aboutissement rêvé serait d’arriver à concevoir un type de musique anti-épileptique et de l’utiliser pour améliorer la vie de ces patients », explique Robert Quon, du département de neurologie de l’université américaine Dartmouth College à Hanover, (New Hampshire) qui cosigne avec 10 autres chercheurs une étude (Musical components important for the Mozart K.448 effect in epilepsy), publiée ce jeudi dans la revue Scientific Reports (Groupe Nature).

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En faisant écouter cette sonate à 16 patients, équipés d’implants à l’intérieur du crâne, ils pensent avoir identifié les régions du cerveau sur lesquelles cette musique agit. Selon eux, ces régions sont celles qui sont liées aux réponses émotionnelles. Selon leurs conclusions, le morceau est construit sur une succession de « thèmes mélodiques qui contrastent entre eux, et dont chacun est basé sur une harmonie qui lui est propre » et c’est cette structure qui pourrait expliquer son effet sur le cerveau.

Les sonates K.448 et K.545 de Mozart ont des effets bénéfiques sur l’épilepsie

« La structure classique de la sonate pourrait solliciter des circuits émotionnels en installant d’abord des attentes musicales, puis en prenant le contre-pied de ces attentes, ce qui créerait une réponse émotionnelle positive », selon Robert Quon. « Nous aimerions creuser cette théorie, car la seule autre composition dont les propriétés anti-épileptiques sont notoires est également construite selon cette forme, puisqu’il s’agit de la sonate pour piano en do majeur de Mozart (K.545) », poursuit le chercheur.

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Les 16 patients sur lesquels l’étude a été menée étaient tous hospitalisés pour une épilepsie qui résistait aux médicaments. On leur a implanté des sondes dans le crâne, directement au contact du cerveau, afin de réaliser des électroencéphalogrammes pour surveiller les crises. Ce sont ces décharges épileptiformes intercritiques qui ont été réduites par l’écoute d’au moins 30 secondes de la sonate. En revanche, l’activité cérébrale des patients n’a montré aucun changement à l’écoute d’autres morceaux, même lorsqu’il s’agissait de leur musique préférée. Le chercheur espère désormais pouvoir identifier précisément quels composants musicaux de la sonate s’avèrent bénéfiques, dans l’espoir de « reproduire l’effet Mozart » avec d’autres morceaux.

Philippe Gault (avec AFP)

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