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Décryptage

Vers une Garantie jeunes universelle et pérenne ? On vous explique de quoi il s'agit

Pour aider les jeunes en situation précaire qui ont des difficultés à trouver un emploi avec la crise du Covid, le gouvernement veut généraliser le principe de l'accompagnement rémunéré de la Garantie jeunes. Un dispositif préférable selon lui à une extension du RSA aux moins de 25 ans.

La Garantie jeunes pourrait à l'avenir bénéficier à davantage de jeunes en situation de précarité.
La Garantie jeunes pourrait à l'avenir bénéficier à davantage de jeunes en situation de précarité. (Getty Images)

Par Rédaction Start

Publié le 14 janv. 2021 à 12:12Mis à jour le 15 janv. 2021 à 11:07

En novembre dernier, le Premier ministre Jean Castex annonçait qu' au moins 200.000 jeunes, contre 100.000 prévus initialement, bénéficieraient de la Garantie jeunes en 2021 . Ce dispositif permet de toucher une allocation d'un montant maximal de 497 euros et de bénéficier d'un accompagnement intensif en vue de trouver un emploi.

Le « lourd tribut » payé par les jeunes à la crise sanitaire était au centre du premier débat de l'année à l'Assemblée nationale mercredi 13 janvier. Il faut « adapter nos dispositifs d'accompagnement » pour les jeunes, reconnaissait un peu plus tôt dans la journée Jean Castex devant les députés LREM, selon des propos rapportés à l'AFP. « Il faut faire vite, […] c'est la priorité du gouvernement, dès cette semaine », a ajouté le Premier ministre, en promettant « des annonces » rapides. En attendant, l'arbitrage en faveur d'une Garantie jeunes universelle pérenne au détriment d'un RSA étendu aux moins de 25 ans semble acté.

Pourquoi élargir la Garantie jeunes plutôt qu'ouvrir le RSA aux moins de 25 ans ?

Pour l'heure, le RSA, d'un montant de 564 euros, est réservé aux personnes d'au moins 25 ans sans ressource. Ce dispositif est seulement ouvert aux 18-24 ans lorsqu'ils sont parents isolés ou lorsqu'ils ont travaillé au moins deux ans. Depuis mai dernier, plusieurs associations et syndicats étudiants demandent régulièrement l'élargissement du RSA aux 18-25 ans. Mais Elisabeth Borne, la ministre du Travail, penche plutôt pour la Garantie jeunes universelle : « C'est mieux que le RSA jeune car il y a en plus un accompagnement vers l'emploi », assure-t-elle dans un communiqué. « C'est un investissement essentiel pour s'assurer qu'aucun jeune ne renonce à un parcours vers l'emploi à cause de difficultés financières », ajoute-t-elle.

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C'est quoi la Garantie jeunes ?

Ce dispositif est destiné aux jeunes de 16 à 25 ans, en situation de précarité, qui n'ont pas d'emploi et qui ne font pas d'études, ni de formation au moment où ils s'y inscrivent. Il a été testé dans certains départements à partir de 2013, avant d'être généralisé à toute la France le 1er janvier 2017.

A quoi ça sert ?

Les jeunes qui en bénéficient sont accompagnés par un référent de la mission locale . Ils participent à des ateliers collectifs (aide à la recherche d'emploi, rédaction de CV et de lettre de motivation…), ont un suivi personnalisé, peuvent effectuer des mises en situation en milieu professionnel (stage, immersion…) ou des formations.

Outre cet accompagnement, la Garantie jeunes permet aux bénéficiaires de toucher une allocation d'un montant maximum de 497 euros par mois (une somme dégressive en fonction des revenus d'activité).

Quelles sont les conditions pour en bénéficier ?

Pour l'heure, la Garantie jeunes est réservée à celles et ceux dont les ressources n'excèdent pas 497 euros mensuels et qui n'ont pas de soutien financier de leurs parents. Certains jeunes, qui perçoivent jusqu'à 646 € par mois, « peuvent accéder à la Garantie jeunes si leur situation le justifie. La décision en revient à une commission de suivi des parcours », précise le site du ministère du Travail.

Cependant, les conditions pour en bénéficier pourraient évoluer. La commission insertion jeunes du Conseil d'orientation des politiques de jeunesse, une instance auprès du Premier ministre, a planché sur le sujet. Dans un rapport remis début janvier au gouvernement, elle propose d'en assouplir les conditions de ressources. Elle suggère également de supprimer le critère « sans emploi, ni études, ni formation » au moment de l'inscription au dispositif car cela exclut celles et ceux qui ne travaillent que quelques heures par semaine. En assouplissant les critères pour prétendre à ce dispositif, l'idée est également de s'adresser aux jeunes diplômés qui rencontrent, pour certains, d'importantes difficultés pour s'insérer sur le marché de l'emploi.

Que faut-il faire pour en bénéficier ?

Il faut s'adresser à la mission locale la plus proche et signer un contrat d'engagement réciproque avec celle-ci. En le signant, le bénéficiaire s'engage « à s'investir pleinement, à suivre un accompagnement personnalisé, à rechercher des opportunités d'emploi et à accepter les mises en situation professionnelles, ainsi qu'à déclarer chaque mois ses ressources d'activité », indique le ministère du Travail. Ce contrat dure un an, avec possibilité de prolongation de six mois.

Toutefois, le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse plaide pour une Garantie jeune sans limite de durée, « jusqu'à l'atteinte de la réalisation du projet du jeune ou a minima son éligibilité au Revenu de Solidarité Active (RSA) », à 25 ans. Selon lui, dans le contexte actuel, limiter la Garantie jeunes à 18 mois ne peut qu'aboutir « à des sorties massives sans solution, ramenant les jeunes vers le chômage et obligeant à tout reprendre à zéro, dans un gâchis de temps, d'énergie et de ressources publiques ».

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Quel bilan ?

Entre octobre 2013 et juillet 2018, 229.000 jeunes ont bénéficié de la Garantie jeunes, selon une étude de la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail, publiée en 2019. 29 % d'entre eux étaient en emploi huit mois après l'entrée en dispositif, 41 % au bout de 19 mois. Onze mois après leur entrée dans le dispositif, le ministère du Travail estime que le taux d'emploi des bénéficiaires était 10 points supérieurs à ce qu'il aurait été sans. Enfin, les jeunes en emploi avaient majoritairement trouvé des emplois durables.

La rédaction START avec AFP

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