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Au Royaume-Uni, le gouvernement reprend la gestion d'une prison privée

La prison de Birmingham gérée par la société privée G4S, a été reprise en main par le ministère de la Justice, qui qualifie sa gestion d'« épouvantable ».

La prison de Birmingham, où une émeute avait éclaté en 2016, a été reprise en main par les services pénitentiaires gouvernementaux.
La prison de Birmingham, où une émeute avait éclaté en 2016, a été reprise en main par les services pénitentiaires gouvernementaux. (OLI SCARFF/AFP)

Par Paul Boulben

Publié le 20 août 2018 à 17:36

La nouvelle fait la une des sites d'actualités anglais et relance le débat sur la gestion des prisons au Royaume-Uni. Le ministère de la Justice a repris lundi la gestion de la prison de Birmingham à l'opérateur privé G4S, après qu'une inspection des services pénitentiaires a révélé un état « épouvantable » de l'établissement qui accueille plus de 1.200 détenus.

Le ministère de la Justice accuse G4S d'une « violation de contrat » et assurera pendant au minimum six mois la gestion de l'établissement, qui incombait depuis 2011 à la société privée, délégataire de quatre prisons au Royaume-Uni.

Emeute en 2016

L'inspection des services pénitentiaires britanniques a déploré la « quasi-impunité » de certains détenus, précisant que la prison de Birmingham avait le plus haut niveau de violence des 123 établissements pénitentiaires du Royaume-Uni.

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« Un tiers des prisonniers consommaient des drogues », a révélé Peter Clarke, le chef de l'organisme public chargé des inspections. Il a également condamné le « manque de contrôle » du personnel employé par G4S.

En décembre 2016, deux ailes entières de la prison, réservées aux hommes, avaient été évacuées. Une émeute qui a duré douze heures avait éclaté et nécessité l'intervention des forces spéciales.

La privatisation des prisons en question

Le délégataire privé a accepté volontiers l'aide du gouvernement, face aux « défis exceptionnels » que rencontre G4S avec la prison de Birmingham. L'enquête menée après les émeutes de 2016 a montré que la prison souffrait d'une « pénurie chronique de personnel ».

L'opposition a dénoncé « les conséquences dangereuses de la privatisation toujours plus grande du système judiciaire » par l'intermédiaire du député travailliste Richard Burgon. « La situation actuelle devrait sonner le glas de l'idée de privatiser les prisons. »

Un reportage réalisé par la BBC début 2017 dans la prison d'Acklington, dans le nord de l'Angleterre, avait mis en image le chaos qui régnait dans cet établissement géré par la société française Sodexo.

Depuis une loi de 1991, le gouvernement britannique peut confier à des délégateurs privés l'organisation d'un établissement pénitentiaire. Aujourd'hui, les sociétés privées contrôlent une quinzaine de prisons.

Les prisons publiques également critiquées

Avec la reprise sous contrôle de la prison de Birmingham, ce n'est pas tant le délégataire que le système carcéral britannique tout entier qui est à blâmer.

C'est la troisième fois en quelques mois que le gouvernement britannique met en place un « plan d'urgence ». Les deux derniers établissements pénitentiaires à avoir reçu l'aide de l'Etat étaient deux prisons publiques, celles d'Exeter et de Nottingham, gangrenées par la drogue et la violence.

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Le gouvernement britannique a écarté les critiques sur la privatisation des prisons, en soutenant que la prison d'Oakwood, gérée par le même délégataire, G4S, avait récemment fait l'objet d'un rapport très positif par les services d'inspection.

Privées ou publiques, la crise des prisons en Grande-Bretagne pourrait davantage trouver ses causes dans le sous-investissement chronique. Selon le think tank Institute for Government, les dépenses consacrées aux prisons ont diminué de 22 % depuis 2010. Et les effectifs des surveillants ont fondu d'un quart, en seulement quatre ans.

Paul Boulben

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