Migrants : l'Europe s'inquiète de la montée en puissance de la « route espagnole »
Selon Frontex, les arrivées par la mer en Espagne ont plus que doublé en 2017, en passant de 10.231 en 2016 à 22.900 migrants.
Par Les Echos
Si en 2017 le nombre d'entrées clandestines de migrants aux frontières de l'Union européenne a globalement fortement baissé pour la deuxième année consécutive, l'Agence européenne Frontex s'inquiète du rôle croissant de la nouvelle route « espagnole » joué dans cette migration. Les migrants d'Afrique occidentale vers l'Europe prennent ainsi le relais de ceux du Proche et Moyen-Orient
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L'année passée, les arrivées par la mer en Espagne ont plus que doublé en un an, en passant de 10.231 en 2016 à 22.900 migrants en 2017. Soit le plus haut niveau depuis que Frontex a commencé à collecter systématquement des données en 2009. Une tendance qui inquiète les Européens. Cette année, il est « très probable que les flux (migratoires) augmentent sur la route de Méditerranée occidentale (...) et nous devons nous y préparer », a expliqué vendredi Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex, en évoquant le recours de plus en plus fréquent à des vedettes rapides et à des embarcations de plus grande capacité.
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Les troubles dans le Rif, dans le nord du Maroc, et l'amélioration économique en Espagne ont joué un rôle dans la hausse de l'arrivée des migrants dans la péninsule ibérique mais on constate aussi la présence de personnes d'origine subsaharienne, note le patron de l'agence. Près de 40% des migrants interceptés en mer alors qu'ils se dirigeaient vers l'Espagne étaient des Algériens et des Marocains, selon les chiffres de Frontex.
Frontex déjà à l'oeuvre
Avec une centaine d'agents, deux bateaux et deux avions, Frontex coordonne actuellement l'opération Indalo de surveillance et de secours au large des côtes méditerranéennes du sud de l'Espagne, en collaboration avec la police nationale et la Garde civile. L'agence s'est engagée vendredi à « augmenter et étendre l'appui de Frontex à l'Espagne » pour que l'opération puisse couvrir le côté atlantique du Détroit de Gibraltar, et pourrait « si nécessaire » augmenter le budget de Frontex pour cette opération, qui est actuellement de sept millions d'euros. Mais face au phénomène, elle craint même aujourd'hui de manquer de moyens humains et matériels pour gérer la situation.
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Au total, le nombre d'entrées illégales en Europe a baissé en 2017 sous l'effet de la baisse continue depuis deux ans du nombre de migrants passant par la Grèce (41.700 en 2017) et l'Italie (119.000) : le nombre des arrivées a atteint 204.000 passages illégaux en 2017, soit une baisse de 60% par rapport à l'année précédente. On y voit là particulièrement l'effet de l'accord de contrôle des migrants passé en mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie.
Depuis début janvier, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a dénombré 1.916 arrivées en Europe par la mer et 194 morts ou disparitions pendant les traversées.