Les entreprises européennes étonnamment optimistes sur le Brexit
Une enquête de FTI Consulting révèle un manque criant de réalisme des entreprises européennes vis-à-vis d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne dont les conditions sont encore très incertaines.
Est-ce par manque d'information pertinente ou au contraire le résultat d'une analyse particulièrement fine des enjeux du Brexit ? Les grandes entreprises installées dans les quatre plus grands pays membres de l'Union européenne affichent en tout cas un optimisme forcené quant à cette perspective.
L'enquête menée par FTI Consulting auprès de 2.500 firmes basées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne révèle d'abord que ces entreprises ont pris conscience de l'enjeu : plus de 8 sur 10 affirment avoir mis en place une équipe dédiée au Brexit et contrairement à certains politiques, elles sont presque aussi nombreuses à penser qu'il aura bien lieu.
Prêtes pour le Brexit
Le réalisme s'arrête là, cependant. Car le sentiment dominant est celui de la confiance, en dépit des annonces peu rassurantes en provenance de Bruxelles, où les négociations sont entrées péniblement dans leur deuxième phase. 68 % des entreprises estiment qu'elles sont « prêtes » pour le Brexit alors même que l'incertitude est totale sur la forme que prendra la future relation entre le Royaume-Uni et l'Europe. Le paradoxe est souligné par John Maloney responsable de l'enquête chez FTI Consulting ; il l'attribue en partie à « la promesse faite de la mise en place d'une période de transition » qui « a sans doute contribué à calmer les inquiétudes et reporté les plans d'urgence les plus radicaux ».
Divorce indolore
Les groupes misent majoritairement sur un « soft Brexit », qui serait acté par un jugement de divorce indolore pour le Royaume-Uni : 65 % des firmes pensent que ce dernier conservera l'accès au marché européen en franchise de droits de douane pour les marchandises.
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Plus audacieuses encore, elles sont 59 % à croire que le principe de la libre circulation perdurera - ce qui est totalement exclu en l'état actuel des discussions- et 52 % que la Cour de Justice européenne conservera sa compétence. Sur ce dernier point, il est d'ores et déjà établi que la compétence de cette dernière ne sera conservée que pendant 8 ans après le Brexit et uniquement pour les litiges concernant les ressortissants européens vivant outre-Manche. Enfin une majorité, plus courte, est convaincue que le « passeport financier » qui permet aux établissements financiers britanniques de travailler sans entrave dans le reste de l'Union sera maintenu. Les réponses les plus optimistes sur ce point (71 %) proviennent des Britanniques.
Hausse du chiffre d'affaires
Confiantes sur l'issue des négociations commerciales, les entreprises le sont tout autant sur l'impact du Brexit sur leur propre activité. L'enquête montre que 66 % des entreprises anticipent même une hausse de leur chiffre d'affaires dans les douze mois qui suivront la sortie effective du Royaume-Uni de l'Union européenne. Les plus optimistes sont les entreprises de services financiers britanniques, pourtant potentiellement les plus menacées par le Brexit. Une explication suggérée par FTI consulting étant que si leurs concurrentes européennes quittaient l'île, elles pourraient reprendre leurs activités. Dans la même veine, les entreprises songent très majoritairement à accroître leurs effectifs.
Catherine Chatignoux