Bruno Megarbane : « Avec l’arrivée possible de nouveaux variants du Covid, il faudra une nouvelle vaccination »

Bruno Megarbane était l’invité politique de la matinale de Guillaume Durand ce lundi 19 avril. Le chef du service réanimation de l’hôpital Lariboisière à Paris a évoqué la situation épidémique à l’heure où une troisième vague de Covid-19 touche la France et met l’entièreté du système hospitalier sous tension.

Covid-19 : « La population en réanimation est plus jeune et plus gravement infectée » confirme Bruno Megarbane

Bruno Megarbane souligne des points communs et des différences dans les vagues épidémiques de covid-19 : « il y a toujours beaucoup de gens qui décèdent, le taux de mortalité de cette troisième vague sera identique à celle des deux premières (…) un tiers des patients en réanimation décèdent (…) sauf que cette fois cela sera une population un peu plus jeune et plus gravement infectée ». Le chef du service réanimation de l’hôpital Lariboisière met en garde sur la dangerosité du Covid-19, qui n’est plus seulement une maladie touchant les personnes âgées ou atteintes de comorbidités : « la population en réanimation rajeunit de manière très significative (…) toute la population est touchée et avec des nouveaux variants comme au Brésil ou en Inde, ce sont des populations extrêmement jeunes qui sont atteintes et qui meurent de la covid-19 ».

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Un des effets collatéraux de l’épidémie de Covid-19 et de la mise en tension constante du système hospitalier français est la déprogrammation d’interventions chirurgicales non vitales ou de diagnostics, un mal nécessaire selon Bruno Megarbane : « malheureusement la crise a entraîné une réduction de l’offre de soin afin de centrer les moyens autour de ceux chez qui le covid-19 est une menace vitale et immédiate (…) des interventions chirurgicales, des programmes médicaux et des diagnostics ont été retardés ou reportés, ce qui a priori ne compromet pas la vie des patients en question mais entraîne des désagréments, des problèmes psychologiques ou des douleurs qui vont durer dans le temps ». Axel Kahn, Président le la Ligue Nationale contre le Cancer, apportait le 19 mars dernier sur Radio Classique un avis contraire concernant la réelle gravité de ces déprogrammations et estimait une surmortalité supérieure à 10 000 personnes seulement pour les cancers non-diagnostiqués.

 

Bruno Megarbane : « Il faut maintenir le cap de vaccination de tous les adultes avant la fin de l’été »

Alors qu’Israël atteint progressivement un immunité collective, que les Etats-Unis ont ouvert leur campagne à toute la population et vaccinent à tour de bras, ou que plus de 60% de la population britannique a reçu une première injection, la courbe de progression en France semble décoller avec énormément de difficultés : « l’Europe a reçu un nombre limité de doses donc il a fallu prioriser la population à vacciner (…) la vaccination de masse, nécessaire pour lutter contre la pandémie, n’est pas encore au rendez-vous » affirme Bruno Megarbane. Concernant l’ouverture de la vaccination à toute la population en France, le chef du service réanimation à l’hôpital Lariboisière déclare que compte tenu des faibles doses acquises par l’Union Européenne un échelonnement est toujours nécessaire : « il faut encore prioriser en fonction des risques individuels, par rapport à l’âge qui est le facteur principal de risques, mais aussi en fonction de l’exposition à l’infection (…) enseignants, policiers, chauffeurs de bus ou de taxis doivent être vaccinés (…) mais l’ouverture de la vaccination finira par arriver, il faut maintenir le cap de vaccination de tous les adultes avant la fin de l’été, car de là dépend ce que l’on connaîtra en septembre / octobre ».

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Interrogé par Guillaume Durand sur une éventuelle fin de crise, Bruno Megarbane dit y croire mais estime qu’une vaccination massive ne suffira pas à éradiquer la maladie : « je crois à la fin de la crise telle que nous la vivons aujourd’hui, mais le problème du coronavirus va persister, avec l’arrivée possible de nouveaux variants (…) il y aura la nécessité d’une nouvelle vaccination et la persistance d’une maladie chronique ». Il souligne également l’importance de la technologie ARN messager pour tenir la situation épidémique sous contrôle : « c’est la technologie du futur, il est possible d’adapter immédiatement le vaccin (…) mais il y a tout de même une course de vitesse, celle de vacciner le plus vite possible pour éviter l’émergence des variants ».

Rémi Monti

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