Publicité

Les sept points chauds du débat télévisé entre les candidats à l'Elysée

¤ Les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle s'affrontent ce lundi soir sur TF1, un exercice totalement inédit sous la V e République ¤ Cette première passe d'armes télévisée revêt une grande importance, alors que la campagne n'a pas encore réellement démarré du fait de l'affaire Fillon.

ECH22407006_1.jpg

Par Marie Bellan, Guillaume de Calignon, Isabelle Ficek, Solveig Godeluck, Ingrid Feuerstein

Publié le 20 mars 2017 à 01:01

C'est un exercice inédit en France. Ce lundi, pour la première fois sous la Ve République, cinq candidats à l'élection présidentielle vont débattre avant le premier tour. Voici sept questions sur lesquelles devraient s'affronter Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Benoît Hamon (PS), Emmanuel Macron (En marche), François Fillon (LR) et Marine Le Pen (FN) :

1 Faut-il maintenir l'état d'urgence ?

L'attaque d'une patrouille Sentinelle à l'aéroport d'Orly samedi par Ziyed Ben Belgacem, délinquant multirécidiviste, qui a dit être « là pour mourir par Allah » avant d'être abattu, a relancé le débat sur l'état d'urgence et la sécurité. Les cinq candidats affichent tous fermeté et volonté de recrutement dans la sécurité, mais Marine Le Pen s'est immédiatement emparée du sujet pour fustiger un gouvernement « dépassé, tétanisé » et promettre de « remettre la France en ordre ». François Fillon a dénoncé le « laxisme », lui qui veut mettre en avant son « expérience » face à Emmanuel Macron sur le régalien. Ce dernier a commencé à déminer en prônant la « tolérance zéro » sur la sécurité et en avançant une mesure choc : un service militaire obligatoire d'un mois, qui sera sans aucun doute au coeur du débat.

2 Pour ou contre l'abrogation des 35 heures ?

Publicité

C'est cette question qui va susciter le plus de débat sur le volet emploi. François Fillon, le seul à vouloir supprimer la durée légale, compte laisser aux entreprises la faculté de fixer elles-mêmes le seuil de déclenchement des heures supplémentaire, via « un an ou dix-huit mois » de négociations. Ce n'est qu'au bout de ce délai que serait fixée une durée de référence pour les entreprises non couvertes par un accord. Emmanuel Macron, lui, reste très proche de la philosophie de la loi El Khomri, où le seuil de déclenchement des heures supplémentaires reste à 35 heures, mais la majoration de ces heures peut être négociée dans le cadre d'un accord d'entreprise ou de branche. Il propose en revanche de rétablir dès 2018 l'exonération des cotisations sociales sur ces heures supplémentaires. La différence est nette avec Benoît Hamon, qui veut abroger la loi travail tout en reprenant l'idée du compte personnel d'activité. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prévoient aussi l'abrogation de la loi El Khomri. Ce dernier veut tendre vers 32 heures payées 35.

3 Supprimer ou réformer l'ISF ?

L'impôt sur la fortune, hautement symbolique, divise les candidats. François Fillon prône sa suppression, quand Emmanuel Macron veut le réformer et les autres le maintenir. Côté fiscalité du capital, le candidat d'En marche et celui de la droite se rejoignent sur l'idée d'un prélèvement forfaitaire. Tous deux proposent aussi de baisser le taux de l'IS. Une conception différente de celle de Benoît Hamon, qui défend un IS modulé en fonction du niveau de réinvestissement des bénéfices. Pour les ménages, les projets divergent fortement. François Fillon risque d'être attaqué sur des allégements qui bénéficient essentiellement aux ménages aisés (quotient familial, allocations familiales, défiscalisation des investissements dans les PME) et sur la hausse de la TVA. Emmanuel Macron devra justifier que la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des ménages est bien tenable, sachant qu'elle suscite une levée de boucliers des communes. Quant à Marine Le Pen, elle souhaite relever le barème de l'IR, ce qui bénéficiera aux contribuables aisés.

4 Doit-on sortir de l'euro ?

C'est l'option défendue par Marine Le Pen. Pour la candidate, la France doit retrouver sa souveraineté monétaire et revenir au franc. L'euro aurait entraîné un « appauvrissement » des Français et accéléré la désindustrialisation de l'Hexagone. La solution passerait donc par le retour à une monnaie nationale après négociation avec nos partenaires européens et référendum six mois après sur l'appartenance à l'Union européenne. Mais près des trois quarts des Français restent attachés à la monnaie unique. Surtout, le retour au franc est extrêmement risqué : le prix à payer en termes d'inflation et de taux d'intérêt sera élevé. Jean-Luc Mélenchon, lui, ne milite pas clairement pour une sortie de l'euro. Il dit ne vouloir que renégocier les traités européens. Toutefois, s'il fallait aller à l'extrémité d'une sortie de l'euro, « on irait, mais ce n'est pas ma position », a-t-il avoué sur Europe 1. Ce point « sera tranché par le peuple français », a-t-il promis. Une position finalement très proche de celle du FN.

5 Faut-il plus ou moins de fonctionnaires ?

Vivier d'électeurs ou levier d'économies, les fonctionnaires sont un sujet incontournable pour les candidats. François Fillon a fixé son plan d'économies à 100 milliards sur cinq ans avec l'objectif de 500.000 suppressions d'emplois publics parallèlement au passage aux 39 heures. Ces suppressions ne toucheront pas les personnels soignants des hôpitaux, ni les forces de sécurité, pour lesquelles il envisage des recrutements (5.000). Emmanuel Macron prévoit, lui, 120.000 suppressions de poste (dont 70.000 dans les collectivités), en sanctuarisant les effectifs des hôpitaux. Il envisage aussi de recruter 10.000 policiers et gendarmes. C'est un point commun à tous les candidats. Marine Le Pen veut en recruter 15.000, sans suppression de postes par ailleurs. Pour Benoît Hamon, les forces de sécurité seront dotées de 10.000 postes de plus par an, 40.000 pour les professeurs avec une revalorisation salariale. Jean-Luc Mélenchon, lui, veut titulariser les contractuels, recruter des enseignants et revaloriser les salaires de 6,7 %.

6 Le revenu universel doit-il être mis en place ?

Comme il l'avait fait durant la primaire, Benoît Hamon ne manquera pas de mettre en exergue sa proposition de revenu universel. Devenue une mesure de soutien au pouvoir d'achat et non plus une réponse à la raréfaction du travail, elle permettrait d' « augmenter automatiquement » dès 2018 le revenu de « 19 millions de Français ». Financée par une réorientation des crédits du CICE et du pacte de responsabilité, mais aussi par du déficit, elle coûterait selon lui 35 milliards à l'horizon 2022. Le candidat du PS fait le pari d'une relance keynésienne. Ce qui le distingue, veut-il montrer, de François Fillon et d'Emmanuel Macron. Le candidat de la droite y voit avec la taxe sur les robots « la garantie pour la France de rester au bord de la route du progrès ». Lui prône toutefois une allocation sociale unique, conditionnée, rassemblant les prestations sociales existantes. Emmanuel Macron a moqué une mesure qui « existe déjà [...] : le RSA ». Jean-Luc Mélenchon a aussi raillé « un RSA amélioré », disant préférer mener le combat du plein-emploi.

7 Comment réformer le système de retraite ?

L'âge légal est au coeur des désaccords. Pour Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, le retour à la retraite à 60 ans s'impose. Ce dernier a expliqué qu'il suffirait de donner aux femmes le même salaire qu'aux hommes à travail égal pour financer cette dépense. A l'inverse, François Fillon veut augmenter l'âge légal à 65 ans mais en conservant l'âge de la fin de la décote à 67 ans. Quant à Benoît Hamon, il ne veut pas rouvrir la boîte de Pandore des réformes des retraites. Là où son rival de droite veut supprimer le compte pénibilité, lui veut l'intégrer pour le calcul des cotisations. Emmanuel Macron souhaite mettre en place un système de retraite universel à points, faisant de facto disparaître les régimes spéciaux, comme le promet François Fillon. Il permettrait de donner le même montant de pension pour tout euro cotisé quel que soit le statut de l'assuré.

Les règles du débat

Diffusion : : à partir de 21 heures sur TF1 et LCI.Durée : : au moins 2 heures 30.Thématiques : abordées (dans l'ordre) : société, économie et international. Chacune durera entre 45 et 50 minutes.Ordre de prise de parole : (par tirage au sort) : François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Benoît Hamon.Temps de parole : : 1 minute 30 par candidat pour l'introduction et la conclusion. Pendant le débat, deux minutes pour répondre, possibilité de se faire interpeller par un adversaire à partir de 90 secondes.Public : : 420 personnes, chaque candidat a pu inviter 36 soutiens maximum.

Publicité

Service France

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité