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Sécurité : Aéroports de Paris mise sur la reconnaissance faciale

Cette technique est une piste pour identifier les personnes dangereuses, déclare son PDG Augustin de Romanet. Paris-Orly a subi samedi sa sixième attaque depuis 1975.

Par Jean-Michel Gradt

Publié le 20 mars 2017 à 15:21

Après la question s'impose comme une évidence : comment faire pour améliorer encore la sécurité ?

Dans un secteur où le risque zéro est illusoire, la réponse est plus compliquée qu'il n'y paraît. Deuxième aéroport de la capitale, Paris-Orly a en effet subi samedi . Et pourtant Aéroports de Paris (ADP) affecte à l'heure actuelle plus de 7.000 personnes à la sécurité des trois plates-formes qu'il gère : Roissy, Orly et Le Bourget (lire encadré).

Alors que faire ? Pour Augustin de Romanet, le PDG d'ADP, la piste la plus crédible est celle de la reconnaissance faciale. Cette technique, qui établit une connexion entre le visage fiché et les images prises par la caméra, est "à terme probablement une piste vers laquelle on pourrait s'orienter pour identifier les personnes fichées comme dangereuses", a-t-il déclaré lundi sur France Inter.

Concrètement, il s'agirait de "mettre à l'étude la mise en place de caméras dans les zones publiques" pour comparer les visages avec les fichiers d'images d'individus jugés dangereux, a-t-il précisé.

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A Paris-Orly, où sont installées 2.000 caméras, cette technique de reconnaissance existe déjà mais elle ne s'applique qu'au contrôle des passeports, pas à la détection des personnes jugées dangereuses. Or, élargir le contrôle des documents à celui des faciès soulèverait "un problème de libertés publiques qui reste à régler", a-t-il rappelé.

La solution israélienne n'est pas transposable

D'autres solutions figurent bien sur la palette sécuritaire des gestionnaires d'aéroports à travers le monde. Augustin de Romanet s'est ainsi rendu en Israël en octobre dernier - en mars seize personnes avaient perdu la vie dans l'attentat commis à l'aéroport de Bruxelles, trois mois plus tard un attentat suicide à l'aéroport d'Ataturk d'Istanbul faisait 47 victimes - pour examiner les méthodes déployées à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, , considéré comme l'un des plus sûrs de la planète.

Les mesures déjà déployées en France

Depuis janvier 2013, le plan « Vigipirate Alerte Attentat » est en vigueur dans les aéroports et il a été considérablement renforcé depuis. Outre les forces de l’ordre, environ 5.000 agents de sûreté assurent quotidiennement le contrôle des personnels, des passagers et de leurs bagages, et en soute et aux postes dit "d’inspection filtrage" à Roissy, Orly et au Bourget. La gendarmerie des Transports assure la sûreté côté piste. En zone publique, avant les contrôles des bagages à main, des policiers, des entités des Renseignements, et des militaires de l’opération Sentinelle assurent une surveillance. Depuis l'attentat de Bruxelles-Zaventem des mesures supplémentaires ont été prises, et des "profileurs" scrutent notamment la foule pour détecter les personnes aux comportements anormaux. Les forces de l’ordre peuvent procéder à des fouilles aléatoires des sacs et des patrouilles cynophiles circulent avec leurs chiens dressés à détecter des explosifs au milieu d’une foule. Plus de 9.000 caméras filment en permanence à Roissy et à Orly, contre un millier il y a dix ans.

Problème : ce dispositif, basé sur des "check points" placés à 5 ou 6 km de l'aéroport, n'est pas transposable en l'état actuel aux aéroports de la région capitale. "A Ben Gourion, il y a moins de 6 millions de passagers par an, à Charles de Gaulle : 66 millions de passagers par an, Orly : 30 millions. En faisant des tests de check-point, nous avons généré de tels embouteillages que cette affaire n'est pas réalisable", explique-t-il. La difficulté est de trouver l'équilibre entre le renforcement des mesures de sûreté, la fluidité du déplacement des passagers et les contraintes d'horaires à respecter.

Autre technique envisageable : la fouille des personnes à l'entrée de la zone publique librement accessible, comme les parcs de stationnement, les zones d'accueil, les voiries extérieures. De fait, samedi à Orly l'assaillant, Ziyed Ben Belgacem, est arrivé par un parking de l'aéroport où il a été filmé mais pas fouillé.

Alors faut-il oui ou non fouiller chaque personne à l'entrée de la zone publique ? "Ma conviction est plutôt que non," a répondu lundi matin le dirigeant qui a mis en avant l'explication suivante : "Si vous fouillez à l'entrée de zone publique, vous créez de nouvelles files d'attente, vous créez des abcès de fixation qui sont des cibles extraordinaires pour des terroristes potentiels", a-t-il ajouté. "Est-ce qu'il faut créer des cibles à l'extérieur des aéroports ? Pour moi la réponse est non".

Dernière hypothèse, retenue par certains aéroports : contrôler dès l'entrée des terminaux. Mais une fois encore, cette solution est controversée. Le sénateur français Vincent Capo-Canellas a recommandé dans un rapport publié en octobre dernierde "ne pas placer des portiques à l'entrée des aérogares, car ces installations coûteuses et inefficaces généreraient des files d'attente très vulnérables à une attaque terroriste".

JEAN-MICHEL GRADT

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