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La Banque mondiale prône le « zéro carbone »

•L'objectif de ramener rapidement à zéro les émissions des économies est jugé réaliste.•Conditions sine qua non : taxer le CO 2 et supprimer les aides aux énergies fossiles.

Par Joël Cossardeaux

Publié le 12 mai 2015 à 01:01

Les experts de la Banque mondiale sont formels. Couper le « robinet » des gaz à effet de serre (GES), condition sine qua non pour ne pas dépasser les 2 degrés de réchauffement d'ici à 2100, est techniquement et financièrement possible. « Il n'y a finalement qu'un risque, celui de ne pas aller assez vite », estime Stéphane Hallegatte, coauteur d'un rapport publié ce mardi par l'institution financière.

Signe que le pli est pris vers le « zéro émission » de gaz carbonique, principal pourvoyeur de GES, les nouvelles capacités électriques installées issues des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, hydraulique) ont dépassé, l'an dernier, toutes celles provenant des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) l'an dernier.

Pour la Banque mondiale, il est temps d'accélérer le mouvement et de le compléter par d'autres politiques. Elle suggère ainsi de développer les technologies de capture et de séquestration du carbone, de préserver les forêts qui le plaquent au sol, d'intensifier les économies d'énergie et d'augmenter la consommation d'électricité « propre ». « Il faut investir dans les véhicules électriques et les transports propres, qui permettront de réduire de 20 à 30 % les émissions », explique Stéphane Hallegatte. Moyennant quoi, le cap du « zéro carbone » pourrait être atteint beaucoup plus tôt qu'il n'est prévu, peut-être dès le milieu de ce siècle.

Ce basculement vers des économies décarbonées, qu'il faut hâter, n'empruntera pas trente-six solutions. Pour les experts de la Banque mondiale, le CO2 a forcément un prix que ses émetteurs doivent assumer soit par une taxe, soit en se soumettant aux règles d'un marché des droits à émettre du carbone.

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L'exemple britannique

Ni l'une ni l'autre de ces formules ne sont nouvelles. Le rapport les reprend cependant à son compte avec un net penchant en faveur de la taxe carbone. A cela plusieurs raisons. Cette fiscalité s'applique plus facilement que d'autres, font valoir ses experts, et il est plus difficile de s'y soustraire. Les points de contrôle (essentiellement les raffineries) tout comme les possibilités de frauder sont limités, rendant cet impôt moins cher à lever. « Au Royaume-Uni, l'évasion fiscale représente près de 9 % de l'impôt sur les sociétés et 17 % des impôts sur le revenu, contre 9 % pour les droits d'accises sur le diesel », estime Marianne Fay, économiste en chef de la Banque mondiale pour le changement climatique. Il va sans dire que la totalité des recettes doit aller au financement d'infrastructures « décarbonantes » (interconnexion des réseaux électriques, réseaux de transport urbain, etc.).

Les politiques climatiques, dont le rapport prône la mise en oeuvre rapide, doivent aussi servir le développement et contribuer à l'éradication de la pauvreté. La suppression des subventions aux énergies fossiles en est un des plus sûrs moyens, selon les experts. « Les données de 22 pays en développement montrent que, si on les remplaçait par des transferts financiers universels, cela profiterait aux 60 % les plus pauvres », indique Stéphane Hallegatte.

L'Iran et l'Indonésie ont déjà tiré un trait sur ces aides. Les ressources ainsi libérées ont permis de financer l'extension de la protection sociale de leur population. Au Ghana, la fin de ces subventions correspond à l'instauration de l'école gratuite.

Reste à faire passer la pilule de cette « décarbonation » chez les pays producteurs, les industriels et les salariés dépendant des énergies fossiles. Une des solutions avancées serait de localiser des projets pilotes d'activités propres dans les territoires dits « perdants ». Les analystes de la Banque mondiale se veulent confiants : « Les pays du Golfe ressentent déjà une très forte nécessité de diversifier leur économie. Il n'y a pas besoin de les convaincre. »

Joël Cossardeaux

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