EPR de Flamanville : des interrogations sur le couvercle de la cuve

La trentaine de membres du Groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GPESPN) est réunie depuis ce lundi matin et pour deux jours à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour débattre de l’« aptitude au service » de la cuve et du couvercle de l’EPR en construction à Flamanville (Manche). Il y a deux ans, l’ASN avait annoncé que l’acier ayant servi à forger les calottes de ces deux pièces présentait une teneur en carbone supérieure aux niveaux attendus. De quoi potentiellement fragiliser la résistance de ces équipements critiques pour la sûreté du réacteur nucléaire, dont la mise en service est prévue en 2019 par EDF, après des années de retards.

Tout l’enjeu, depuis la révélation de cette « anomalie sérieuse, voire très sérieuse » par le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, a été pour Areva et EDF de démontrer la résistance de la cuve et de son couvercle, en dépit des sous-performances de l’acier. A l’issue de six mois d’instruction des calculs réalisés par Areva sur des pièces représentatives de la cuve et du couvercle, l’IRSN et le service de l’ASN spécialisé dans les équipements sous pression ont rédigé un premier rapport technique, qui sert de base de travail aux membres du GPESPN.

Remplacement

Selon l’agence Reuters, qui cite le texte remis aux experts, « le rapporteur considère que l’anomalie ne remet pas en cause l’aptitude au service du fond de la cuve sous réserve que les contrôles du fond de la cuve prévus par EDF soient adaptés de manière à pouvoir détecter l’ensemble des défauts ». EDF estime pouvoir réaliser ces contrôles. En revanche, « le rapporteur considère que l’aptitude au service du couvercle actuel de la cuve du réacteur EPR de Flamanville n’est pas acquise de manière pérenne en l’absence de contrôles en service suffisants (...). » Et le débat se cristallise sur la capacité à contrôler les performances du couvercle. EDF n’exclut donc pas de remplacer cette pièce, d’ici à quelques années, comme pourrait le lui demander l’ASN.

A l’issue des deux jours de débats entre experts (dont des cadres d’EDF et d’Areva, mais aussi de DCNS, de Bureau Veritas, d’Onet Technologies, des métallurgistes, etc.), le GPESPN rendra son avis, avant que le collège de l’ASN ne délibère pour rendre sa décision provisoire. Celle-ci sera ensuite soumise à la consultation du public, avant la remise d’un avis définitif par l’ASN, attendu en septembre.

Condition suspensive

Pour l’électricien, le débat sur le couvercle est beaucoup moins crucial que celui sur la cuve, la priorité d’EDF étant que le démarrage de l’EPR de Flamanville ne soit pas reporté. S’il fallait remplacer d’ici quelques années le couvercle de la cuve, EDF et Areva auraient les moyens de l’organiser. « Entre la commande et la livraison d’un couvercle, il faut entre 3 et 4 ans de travail », estime un spécialiste. Pour Areva, c’est aussi l’enjeu de la validation de la cuve qui est critique à court terme, la Commission européenne en ayant fait une condition suspensive à son feu vert à l’augmentation de capital de 4,5 milliards d’euros engagée par l’Etat français.