Publicité

Les dirigeants grecs calment le jeu avant leur tournée européenne

Alors qu'il a annoncé depuis Athènes avoir choisi la banque Lazard pour le conseiller sur la dette du pays, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, est attendu à Paris dès samedi. Alexis Tsipras viendra lui mercredi après Chypre et Rome. Un programme de visites européennes qui sera l'occasion pour le nouveau gouvernement de compter ses alliés dans son offensive anti-austérité.

Par Les Echos

Publié le 30 janv. 2015 à 18:46

Le Premier ministre Alexis Tsipras a demand? samedi dans un communiqu? transmis par son bureau "du temps pour respirer", et a assur? "ne pas chercher le conflit" avec les partenaires europ?ens de la Gr?ce, notamment l'Allemagne avec laquelle le dialogue de sourds se poursuit. Comme il l'avait dit pendant sa campagne, il a promis de nouveau de ne prendre aucune d?cision "unilat?rale" concernant le sujet tr?s ?pineux de la dette de son pays.

"Je suis absolument persuad? que nous allons bient?t trouver un accord favorable, ? la fois pour la Gr?ce et pour l'Europe dans son entier", ?crit-il dans un communiqu? clairement destin? ? freiner l'emballement qui mena?ait depuis que son gouvernement issu de la gauche radicale a pris ses fonctions mercredi. Le pr?sident du Parlement europ?en, l'Allemand Martin Schulz, avait qualifi? l'attitude du gouvernement grec d'"irresponsable", dans une interview parue samedi. Quant ? la chanceli?re Angela Merkel, elle a r?p?t? qu'il n'?tait pas question de consentir ? la Gr?ce un "effacement", m?me partiel, de sa dette.

Lazard, conseiller sur la dette

Le m?me jour, le minist?re grec des Finances a annonc? avoir choisi la soci?t? Lazard pour conseiller la Gr?ce sur sa dette, dont elle souhaite effacer une grande partie. Le choix ne tient, visiblement pas du hasard puisque vendredi, interrog? sur la radio fran?aise BFM Business, Matthieu Pigasse, vice-pr?sident de Lazard en Europe, a pr?conis? une r?duction de moiti? de la dette d?tenue par des cr?anciers publics, soit une r?duction d'environ 100 milliards d'euros sur les 320 environ que repr?sente cette dette (ou quelque 175% du PIB grec). "Cette restructuration est absolument n?cessaire. Elle est non seulement n?cessaire mais elle est possible", a estim? Matthieu Pigasse, en jugeant que "la Gr?ce est devenue le laboratoire de ce que peut ?tre l'Europe demain".

Publicité

Lors d'une restructuration de la dette grecque, en 2012, seule la dette priv?e avait ?t? restructur?e et non celle d?tenue par l'UE et le FMI, a-t-il rappel? : "sur les 320 milliards et quelque de dette, 75% est d?tenue par des mains publiques. La restructuration doit porter sur cette dette publique", qui repr?sente donc environ 200 milliards d'euros. "Je pense que si on abattait cette dette de 50%, on r?duirait de 100 milliards ces 200 milliards, on permettrait ? la Gr?ce de retrouver ce qu'on appelle un ratio dette sur PIB acceptable, aux alentours de 100 ? 120% du PIB, contre la situation actuelle de 170%", a-t'il expliqu?.

La banque d'affaires franco-am?ricaine a d?j? conseill? la Gr?ce de 2010 ? 2012 et elle est actuellement le conseil du fonds de restructuration bancaire grec. Son vice-pr?sident a ?galement indiqu? qu'? l'occasion de la premi?re restructuration de dette grecque, la banque Lazard, sp?cialis?e dans ce type d'op?ration, avait gagn? une vingtaine de millions d'euros.

Tourn?e europ?enne du gouvernement

Par ailleurs, pour compter ses alli?s dans son offensive anti-aust?rit?, le gouvernement entame une tourn?e europ?enne. Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, a ainsi avanc? son voyage ? Paris, o? il arrive samedi au lieu de lundi. Il y rencontrera son homologue Michel Sapin dimanche ? 17 heures et les deux hommes feront une ? d?claration commune ? ? la presse ? 18H30. Il ?tait initialement pr?vu qu’il commence par se rendre ? Londres dimanche avant Paris. Le changement de programme de derni?re minute a ?t? d?cid? ? l’initiative du ministre grec.

M. Varoufakis et Alexis Tsipras, Premier ministre grec et chef de file du parti de gauche radicale Syriza, ont annonc? cette tourn?e, au moment o? la Gr?ce entend faire revoir de fond en comble ses rapports avec ses cr?anciers internationaux. Les deux hommes ont pr?vu de se rendre ? Paris donc, d?s samedi pour le ministre des Finances, et mercredi pour le Premier ministre, mais aussi ? Rome, o? ils se trouveront tous les deux mardi. Le programme de visites n’inclut cependant pas l’Allemagne, le pays le plus violemment oppos? ? toute ristourne sur les cr?ances de la Gr?ce. L’Allemagne s’est d’ailleurs rappel?e au bon souvenir d’Ath?nes samedi. La chanceli?re Angela Merkel a d?clar? au quotidien Hamburger Abendblatt qu’il n’y aurait pas ? de nouvel effacement de la dette ?, l’une des promesses embl?matiques du nouveau Premier ministre Alexis Tsipras. Et derri?re elle 76% des Allemands se prononcent contre un tel effacement, selon un sondage paru vendredi.

En finir avec la tro?ka

Bluff, inconscience ou vraie d?termination, le gouvernement grec s’est montr? pr?t vendredi, pour en finir avec la tro?ka, ? renoncer ? sept milliards d’euros attendus de l’UE fin f?vrier, alors que les caisses de l’Etat sont d?j? fragilis?es, ramenant les craintes d’une sortie de la Gr?ce de la zone euro. Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a r?it?r? en effet officiellement devant le patron de la zone euro Jeroen Dijsselbloem des propos tenus par le premier ministre Alexis Tsipras et par lui-m?me depuis quelques jours.

La Gr?ce veut bien avoir ? la plus grande coop?ration avec les institutions ?, comme l’UE, la BCE ou le FMI, mais elle n’a plus ? l’intention de collaborer ? avec ce qu’il a appel? ? une d?l?gation tripartite, anti-europ?enne, construite sur une base branlante ?, la tro?ka. Depuis 2010, ces experts, issus des trois grandes institutions, se rendent r?guli?rement ? Ath?nes pour dicter au gouvernement les r?formes qu’il doit entreprendre, en ?change des 240 milliards d’euros qui lui ont ?t? en grande partie vers?s pour sauver le pays de la faillite.

Cette pr?sence r?guli?re, sous haute surveillance polici?re, ?tait devenue assez intol?rable aux Grecs, premi?res victimes de la crise avec un ch?mage ? plus de 25%, et des salaires divis?s par deux. Ils y voyaient une infantilisation de leur pays. Au point que les deux derni?res r?unions, sous l’ancien gouvernement, se sont d?roul?es ? Paris. Ces experts devaient d?cider fin f?vrier si la Gr?ce avait fait suffisamment de r?formes pour m?riter les sept derniers milliards du plan d’aide de l’UE. Avec les d?clarations de vendredi, cette date-butoir parait caduque, et le gouvernement grec ne donne pas de signe qu’il demandera une extension.

? Les sept milliards, nous n’en voulons pas ?

M. Varoufakis a observ? en effet qu’il n’y aurait pas de logique ? ? critiquer le programme tout en demandant son extension ?. D?j? jeudi, interrog? par le New York TImes, M. Varoufakis avait indiqu? : ? les sept milliards, nous n’en voulons pas, ce que nous voulons c’est repenser tout le programme ?. D?j? la semaine derni?re, encore candidat, le Premier ministre Alexis Tsipras avait dit que la date de f?vrier ? ne signifiait rien et avait juste pour but de cr?er un sentiment d’urgence pour le prochain gouvernement ?.

Au cours de cette conf?rence de presse commune avec M. Varoufakis, M. Dijsselbloem -- qui avait auparavant rencontr? M. Tsipras -- est apparu tr?s crisp?, ne pouvant que rappeler ? qu’ignorer les accords n’est pas le bon chemin ? prendre ?. C’est que les implications de la position grecque peuvent ?tre ?normes : ? Je pense que la probabilit? d’un Grexit (une sortie de la Gr?ce de la zone euro) a pris quelques points de pourcentage ?, observait Alexandre Delaigue, professeur d’?conomie ? Saint-Cyr. ? Une solution o? tout le monde sauve la face s’?loigne ?, estimait-il.

Publicité

? Ces gens ne bluffent pas, mais la Gr?ce ne va pas r?ussir ? arriver jusqu’? fin f?vrier, s’alarmait Theodore Pelagidis, du think tank Brookings, ? Bloomberg. ? La situation va empirer de jour en jour, avec en premi?re ligne les banques du pays ?, a-t-il estim?. Selon le journal Kathimerini en effet, il y a actuellement moins de deux milliards d’euros dans les caisses de l’Etat grec, qui auront disparu fin f?vrier. Et les finances publiques se portent d’autant plus mal que les Grecs ont pour certains arr?t? de payer leurs imp?ts pendant la campagne ?lectorale, en attendant de voir ce qui sortirait des urnes.

? New deal europ?en ?

Ce que cherche la Gr?ce est assez clair : ? un New deal europ?en ?, comme l’a expliqu? mercredi M. Varoufakis. C’est ? dire essayer de trouver une faille dans la zone euro pour essayer de convaincre certains pays de se mettre ensemble contre l’orthodoxie budg?taire d?fendue notamment par l’Allemagne. C’est ainsi que M. Tsipras et lui se rendront d?s la semaine prochaine voir leurs homologues en France et en Italie, vues comme les grands pays qui pourraient ?tre les plus sensibles ? un discours anti-aust?rit?.

L’autre grande revendication de la Gr?ce est la ren?gociation de sa dette. M. Dijsselbloem s’est oppos? vendredi ? la ? conf?rence ? souhait?e par Ath?nes ? ce sujet, et que ne repousse pas la directrice g?n?rale du FMI Christine Lagarde. Il a s?chement fait observer que ? cette conf?rence existe, et que c’est l’Eurogroupe ?. Or le banquier fran?ais Matthieu Pigasse, dirigeant de la banque Lazard qui conseille le fonds de restructuration bancaire grec, a pour sa part estim? , et qu’il fallait ? r?duire de moiti? la dette d?tenue par les institutions publiques en Gr?ce ?, soit ? peu pr?s de 100 milliards d’euros.

Toutes ces annonces ont perturb? la Bourse d’Ath?nes, qui a rechut? ? -1,59% tandis que l’obligation grecque ? 10 ans faisait un bond ? plus de 11,5%, signe de grande d?fiance des march?s.

Source AFP

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

qfkr8v3-O.jpg

La baisse de la natalité est-elle vraiment un problème ?

Publicité