Carrefour veut concurrencer Netflix et iTunes dans la vidéo
Le distributeur joue la complémentarité entre le numérique et le physique.
La force de frappe en « briques et mortier » du géant de la distribution Carrefour lui permettra-t-elle de réussir là où son rival britannique Tesco a échoué, et sur un segment - la vidéo à la demande à l'unité sans abonnement - réputé en perte de vitesse ? C'est le pari que fait le groupe français en lançant Nolim Films.
Concrètement, Carrefour va enrichir son portail culturel Nolim.fr, sur lequel on peut déjà télécharger environ 160.000 livres numériques, en proposant des films à télécharger pour 4,99 euros, ou à louer pour 1,99 euro l'unité. Le groupe propose un catalogue de 3.000 films et séries télé, et promet de l'étoffer de quelques dizaines de titres chaque jour. Il joue aussi beaucoup sur la simplicité d'usage : les équipes du britannique Saffron Digital, qui ont conçu l'outil, ont fait en sorte que le contenu puisse être téléchargé ou vu en streaming. Et ce sur tous types d'appareils, même si, pour la télé, il faut une prise HDMI - car Nolim Films n'a pas encore d'accords avec des box.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Carrefour introduit en France à grande échelle le standard Ultraviolet des studios américains pour que les DVD ou Blu-ray qu'ils commercialisent contiennent un code permettant de télécharger par le biais de Nolim Films une version numérique du film.
Il est difficile d'obtenir des chiffres sur la progression des téléchargements à l'unité, notamment parce que iTunes, le leader, n'en donne pas. Mais, selon Xerfi, cité par « LSA », le marché se serait retourné en 2013 après des années de croissance.
Pari sur la croissance
Carrefour reste néanmoins persuadé que le marché de la VoD va croître et compenser la mauvaise tenue du marché du DVD physique (en baisse de 14 % en valeur en 2014 selon le baromètre CNC-GfK), sur lequel il est un acteur important. Pour le studio Gaumont, qui accompagne le lancement de Nolim Films, le marché afficherait une croissance de 5 % à 8 %. Carrefour est convaincu que les Français restent attachés à la possession des films, ce que n'offrent pas des services d'abonnement comme Netflix.
Au Royaume-Uni, le service vidéo Blinkbox Movies de Tesco a perdu 25 millions d'euros au cours de l'exercice clos en février 2013 et vient d'être cédé à l'opérateur télécoms TalkTalk. Carrefour précise que la copie digitale des DVD vendus en magasin est un élément essentiel du succès de son projet.
Nicolas Madelaine