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Le désir de «Trumpisme» des Français

EXCLUSIF + DOCUMENT et VIDEO - Un libéralisme économique assumé, mais une moindre ouverture au monde. Dans le baromètre de la confiance du Cevipof, les Français expriment des aspirations contradictoires qui ont fait le succès de Donald Trump outre-Atlantique.

Par Renaud Honoré

Publié le 18 janv. 2017 à 06:15

Les vents qui ont porté Donald Trump au pouvoir vont-ils souffler en France dans les mois à venir ? (Sciences po) donne à voir le portrait de Français pas imperméables aux idées du nouveau président américain. « Il y a un mouvement, que certains pourront trouver paradoxal, de Français réclamant plus de liberté pour les entreprises, tout en affichant un scepticisme de plus en plus grand face à la globalisation et à l’ouverture, qu’elle soit sociale ou ­culturelle », analyse Pascal Perrineau, responsable du programme « Vie politique » de Sciences po.

Plus de protection

Cette adhésion plus franche à l’économie de marché se lit à travers l’idée que l’Etat doit plus faire ­confiance aux entreprises : 63 % des Français adhèrent à cette affirmation, en hausse de 3 points sur un an et surtout de 20 points par rapport à 2009. Dans le même temps, la demande d’une réglementation plus étroite est en recul à 34 % (43 % en 2009). Autre signe, le souhait d’une réforme en profondeur du système capitaliste recule de 4 points en un an (à 41 %) et ne montre pas d’évolution notable par rapport à 2009.

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Tout cela constitue une conversion tardive, mais loin d’être totale, au libre jeu du marché. Car la réticence ancienne des Français vis-à-vis de la mondialisation va croissante. Ainsi 43 % des Français appellent à plus de protection face au monde d’aujourd’hui (13 points de gagné depuis 2009), quand l’appel à davantage s’ouvrir ne recueille plus que 24 % d’opinions favorables (33 % il y a sept ans). « Les Français accordent leur confiance avant tout aux échelons de responsabilité locale, quand les acteurs de la gouvernance supranationale suscitent de la méfiance », note Pascal Perrineau.

Plusieurs signes de durcissement de la société

Malgré tout, l’appartenance à l’Union européenne est encore vue comme une bonne chose par 42 % des Français (1 point gagné en un an), quand 24 % la voient comme une mauvaise chose. « Cette question suscite un vrai clivage sociologique et générationnel, puisque ce sont avant tout les 65 ans et plus et les personnes les plus éduquées qui adhèrent à l’Europe », précise le polito­logue.

C’est surtout sur le plan ­culturel ou sociétal que l’ouverture au monde suscite le plus de crispations. On peut le voir à travers l’affirmation qu’il y a « trop d’immigrés en France », désormais reprise par 64 % des Français quand ils n’étaient que 49 % à le dire en 2009. « Les vagues d’attentats donnent également une ampleur importante au questionnement sur l’intégration de l’islam, en germe depuis les années 1980 », ajoute Pascal Perrineau. Ainsi, 62 % des Français jugent que l’islam représente une menace pour la République (56 % il y a deux ans) et ils sont même 43 % à affirmer que les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment français.

Durcissement de la société

Pascal Perrineau voit également d’autres signes de durcissement de la société, que ce soit l’attraction croissante pour le rétablissement de la peine de mort (47 % contre 32 % en 2009) ou l’idée exprimée à 68 % que les parents n’ont plus aucune autorité. « On voit là à l’œuvre un phénomène complexe commun à tous les pays européens : la volonté d’accroître les libertés privées – ainsi l’hostilité au mariage homosexuel régresse sans cesse – s’accompagne d’une demande d’un ordre public fort », estime le politologue.

Sur un plan politique, cela se traduit selon lui par l’attente d’une « verticalité » :« Après le président en jogging qui s’agitait et le président normal, les Français veulent une autorité tranquille qui en impose », juge Pascal Perrineau. Le futur chef de l’Etat sera celui qui « saura au mieux gérer cette tension entre fermeture et ouverture au monde, qui met sous tension le clivage traditionnel entre gauche et droite », estime le politologue.

POUR EN SAVOIR PLUS :

DOCUMENT L'intégralité de l'étude

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