Opération survie
Olivier Faure et Christian Jacob ont été reconduits à la tête des groupes PS et LR à l'Assemblée, malgré la déroute de ces deux partis aux législatives.
Par Stéphane Dupont
Comme si de rien n'était. Olivier Faure a été reconduit, jeudi, avec une confortable majorité à la tête des députés socialistes. Comme Christian Jacob, la veille, pour les élus Les Républicains à l'Assemblée. Le groupe PS a pourtant été divisé par dix aux législatives et le groupe LR « canal historique » de moitié. Mais les rescapés de la vague macroniste au Palais-Bourbon ont manifestement préféré la continuité au renouvellement. On peut les comprendre tant le sol se dérobe sous leurs pieds depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Olivier Faure et Christian Jacob apparaissent comme de rares îlots de stabilité dans un paysage politique mouvant. Les deux ex-partis de gouvernement sont décapités. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a jeté l'éponge. Faute d'une relève incontournable, la Rue de Solferino va se doter d'une direction collégiale. Laurent Wauquiez assure, lui, l'intérim à la présidence des Républicains depuis le retrait forcé de François Fillon. Aucun leader ne s'impose pour le moment dans l'un ou l'autre camp. Les couteaux sont tirés, mais la guerre des chefs n'a pas encore vraiment commencé. Les deux formations ne tiendront pas de congrès avant au mieux la fin de l'année. Tout est à rebâtir. Dont un positionnement politique. C'est même l'urgence, tant la victoire de La République En marche, dimanche, et l'irruption concomitante de Marine Le Pen et surtout Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée ont fait bouger les lignes et réduisent l'espace vital du PS comme de LR. Les deux ex-candidats à l'Elysée ont déjà préempté le créneau de l'opposition frontale au gouvernement, le leader de La France insoumise appelant sans barguigner à un « troisième tour » social à la rentrée contre la réforme du Code du travail. Et l'exécutif a tout intérêt à installer au Parlement un face-à-face entre la majorité et les populistes qui évincerait du jeu le « monde d'avant ». Un peu comme pendant l'entre-deux-tours de la présidentielle. Un étau mortifère dont il ne serait pas aisé de sortir. Pendant la campagne des législatives, LR et le PS n'avaient trouvé à dénoncer que les « pleins pouvoirs » donnés à Emmanuel Macron et la hausse de la CSG qui se traduira (via le jeu des baisses de cotisation) par une revalorisation de la feuille de paie de tous les salariés. Un angle d'attaque assez efficace mais un peu court.
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Stéphane Dupont