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Chronique

Tour de passe-passe

Par Thierry Gandillot

Publié le 22 oct. 2014 à 01:01

Wei Ling Soo est un illusionniste de génie capable de faire se volatiliser un éléphant sur scène. En réalité, sous le masque de ce Mandrake chinois, se dissimule Stanley Crawford, Britannique caustique, arrogant, mauvais coucheur, conscient de sa supériorité et prêt à la clamer urbi et orbi. Un soir qu'il triomphe à Berlin, son plus vieil ami, Howard, magicien comme lui, mais un cran au-dessous, vient lui demander son aide. Il était une fois, lui raconte-t-il, sur la côte d'Azur, une très jolie jeune fille prénommée Sophie, chaperonnée par sa maman Mme Baker. Là s'arrête le conte de fées. Sophie, qui se prétend médium, a mis le grappin sur une richissime famille, les Catledge. Après avoir embobiné la mère, qui s'apprête à signer à Mme Baker un gros chèque en vue de créer une fondation destinée à la recherche sur le spiritisme, elle a marabouté le fils, un grand dadais qui lui chante ses vers de mirliton au soleil couchant en grattant son ukulélé et la harcèle de ses demandes en mariage. Howard a bien essayé de piéger la fille, mais il a échoué; elle est vraiment très forte. Seul Stanley, chasseur de têtes médiumniques expérimenté, pourrait parvenir à démontrer l'imposture. Le problème, c'est qu'il échoue, lui aussi. Stanley-le-sceptique va-t-il finir par croire à la possibilité d'un au-delà empli d'ectoplasmes ? A l'existence de Dieu ? Hé ! réveille-toi Stanley, ou tu es tombé amoureux ? Enfant, Woody Allen adorait faire des numéros de magie, il a même inventé un tour de cartes dont il refilait le secret à ses copains. Sa filmographie témoigne de ce goût pour l'illusion (« Zelig », « La Rose pourpre du Caire », « Minuit à Paris », « Le Sortilège du scorpion de jade »). Autant dire que, dès les premières images de « Magic in the Moonlight », le dépaysement n'est pas au menu. On a la délicieuse impression d'enfiler un confortable brodequin joliment brodé de motifs chinois. Tandis que la musique de jazz très Années Folles ajoute au sentiment de bien-être, on se laisser aller, dans une semi-béatitude, alléché par la perspective de savourer la nouvelle concotion du chef Allen. Elle est savoureuse grâce en particulier au charme d'Emma Stone et à l'élégance de Colin Firth, qui se chamaillent de plus en plus tendrement dans l'ambiance luxueuse et surannée de la côte d'Azur. Quelques scènes malicieuses portées par des dialogues pétillants n'empêchent pas que la potion se révèle parfois un peu lénifiante.

Thierry Gandillot

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