Trump lance son offensive contre les clandestins
De nouvelles directives destinées à la police des frontières élargissent le champ des expulsions.
Par Elsa Conesa
Cette fois, ce n’est pas un décret présidentiel mais des recommandations publiées par le ministère de l’Intérieur américain (Department of Homeland Security). Moins d’un mois après la signature du décret très controversé interdisant l’entrée du pays aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays, une série de directives destinées à la police des frontières et aux douaniers, publiées mardi, élargissent considérablement le champ des expulsions de clandestins aux Etats-Unis. Potentiellement, l’ensemble des 11 millions de sans-papiers vivant sur le territoire sont désormais concernés.
Même ceux qui ne sont pas condamnés
Sous l’administration Obama, les expulsions ne concernaient que certaines catégories de clandestins, à savoir ceux ayant été condamnés pour des crimes graves, ainsi que ceux entrés tout récemment sur le territoire (moins de 15 jours). Les nouvelles directives, exposées dans deux textes venant eux-mêmes décliner un décret présidentiel de janvier, définissent sept niveaux de priorité. Les personnes ayant été condamnées pour des délits ou des crimes restent prioritaires.
Toute autorité pour arrêter un clandestin dont un agent a de bonnes raisons de penser qu’il viole les lois d’immigration.
Mais la liste inclut désormais tout ceux qui sont accusés de délits mais n’ont pas été condamnés, et laisse à la libre appréciation des fonctionnaires l’évaluation du danger posé par un sans-papier à l’ordre public ou à la sécurité nationale. « Le personnel du ministère a toute autorité pour arrêter un clandestin dont un agent a de bonnes raisons de penser qu’il viole les lois d’immigration », affirme l’un des deux textes. « A de très rares exceptions, le département n’exemptera aucune catégorie d’étrangers expulsables », poursuit le mémo, qui appelle parallèlement à l’embauche de 15.000 agents supplémentaires des douanes et de l’immigration à la construction du mur à la frontière mexicaine. « Tous ceux qui ont violé les lois d’immigration peuvent faire l’objet de poursuites pouvant allant jusqu’à l’expulsion des Etats-Unis ».
Protection maintenue pour les sans-papiers arrivés enfants
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Les directives maintiennent en revanche la protection accordée par la précédente administration aux sans-papiers arrivés enfants sur le territoire américain - un programme dont ont déjà bénéficié 750.000 enfants, et auquel Donald Trump s’était dit opposé.
Le ministère de l’Intérieur a cherché à minimiser l’impact du texte, mardi, affirmant que les clandestins respectant la loi ne seraient pas inquiétés, et indiquant n’avoir pas les ressources pour expulser tous les sans-papiers. Mais la publication de ces directives a toutes les chances de susciter un nouveau tollé, quelques jours après qu’ un juge a bloqué l’application du décret anti-réfugiés.
Elsa Conesa, bureau de New York.