Retraites : le nombre de départs a fortement reculé dans la fonction publique
En euros constants, les nouveaux retraités touchent une pension plus faible qu’en 2000. Néanmoins la dépense globale progresse plus vite que l'inflation.
Par Solveig Godeluck
En 2015, 116.000 fonctionnaires ont touché leur première pension de droit direct, portant le nombre total de retraités des trois fonctions publiques à 3,7 millions, selon un rapport de Bercy annexé au projet de loi de finances pour 2017 . Les deux tiers de cet effectif sont des civils et des militaires issus de la fonction publique d’Etat (2,4 millions de retraités), les autres relevant de la fonction publique territoriale et hospitalière, ou encore du micro-régime des ouvriers des établissements industriels de l’Etat (102.000 pensionnés).
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Le nombre de départs en retraite l’année dernière a été particulièrement faible, souligne ce rapport. Il était de 121.000 en 2014, 124.000 en 2013 et 140.000 en 2012. C’est une conséquence de la réforme de 2010, qui fait reculer progressivement vers 62 ans l’âge de départ minimum pour la plupart des fonctionnaires. Cette réforme a aussi mis fin aux départs anticipés pour les parents de trois enfants. Résultat, depuis quatre ans, les vagues de nouveaux retraités sont moins régulières, et surtout plus creuses. A la marge, la réforme de 2003 contribue aussi à ralentir les arrivées à la retraite : elle a fait passer la durée d’assurance requise pour le taux plein de 150 à 166 trimestres (41,5 ans) en 2015.
61 ans et 3 mois
L’âge moyen de départ s’élève désormais à 61 ans et 3 mois pour un fonctionnaire civil d’Etat, trois mois de plus qu’en 2014. Il grimpe en raison du recul de l’âge légal, mais aussi de la baisse de la proportion de catégories actives dans l’effectif total. Ces fonctionnaires présents sur le terrain (policiers, instituteurs, gardiens de prison...) peuvent liquider leurs droits dès 57 ans, voire 52 ans. D’ailleurs, les fonctionnaires civils d’Etat « sédentaires », c’est-à-dire hors catégories actives, partent en moyenne à la retraite à 62 ans et 3 mois. Presque aussi tard que les salariés du privé (62 ans et 5 mois).
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Quant à la pension moyenne des nouveaux retraités, elle continue à progresser en euros courants, malgré le ralentissement, puis le gel du point d’indice entre 2010 et 2015. Elle s’élève à 2.126 euros pour les fonctionnaires civils d’Etat, contre 2.035 euros en 2010, et 1.765 euros en 2000.
Chute du pouvoir d’achat
L’amélioration découle de revalorisations ou refontes de grilles, ainsi que de carrières plus longues et mieux rémunérées. Toutefois, cette progression apparente du niveau des pensions masque une chute du pouvoir d’achat des fonctionnaires à la retraite. Car en euros constants de 2015, la pension moyenne du nouveau retraité de l’an 2000 était en réalité plus importante qu’aujourd’hui, à 2.208 euros. Même recul chez les fonctionnaires territoriaux. Seuls les ex-agents hospitaliers, tels les infirmiers, sont mieux lotis aujourd’hui qu’il y a quinze ans, avec 116 euros de plus, à 1.498 euros de pension.
Les dépenses de pensions des agents publics progressent néanmoins plus vite en 2015 que celles de la branche vieillesse de la Sécurité sociale (+1,7 % contre +1,6 %), et plus rapidement que l’inflation. L’effort du budget général pour équilibrer le régime de retraite des fonctionnaires d’Etat et celui des ouvriers d’Etat se monte à 40,2 milliards, pour 51,4 milliards d’euros de pensions civiles et militaires versées. Les recettes de cotisations salariales, de contributions des employeurs autres que l’Etat et de transferts progressent et s’établissent à 14,2 milliards d’euros.