L'Université de Cambridge fait volte-face et résiste à la censure de la Chine
Après s'être pliée aux consignes de Pékin dans un premier temps, l'Université de Cambridge a annoncé, lundi, qu'elle ne céderait pas à la pression du gouvernement chinois visant à censurer ses publications dans le pays. Le quotidien « The Guardian » rapporte qu'après avoir essuyé une désapprobation publique virulente, la maison d'édition de l'université britannique a finalement refusé « l'intimation de la Chine de bloquer l'accès de plus de 300 articles politiquement sensibles publiés dans son journal, " The China Quarterly" ».
Parmi les articles bloqués, des publications couvrant des « sujets épineux » à l'image du massacre de Tiananmen de 1989, la Révolution culturelle ou encore le Tibet. Après les critiques et les appels au boycott pour avoir obtempéré, le revers de l'Université de Cambridge a été salué par de nombreux intellectuels en Chine. En effet, si le Parti communiste pratique un « contrôle draconien de l'information » dans le pays, l'atteinte portée à une institution internationalement reconnue comme Cambridge ne passe pas inaperçue. Les Presses universitaires de l'université sont les plus anciennes du monde.
Cet épisode a cependant causé des « dommages irréversibles » à la réputation de l'Université de Cambridge, estime Andrew Nathan, un professeur de sciences politiques à l'Université de Columbia, dont certains travaux ont été censurés par Pékin. Un précédent qui pourrait entacher le statut de la prestigieuse université aux yeux de la communauté scientifique. « Dans le futur, pourra-t-on encore soumettre au journal de Cambridge un article ou un manuscrit, en étant assuré que la maison d'édition préserve toujours l'intégrité des travaux ? », interroge l'universitaire.
A. G.